Éditions du Chêne, 2020 (105 pages)
Ma note : 16/20
Quatrième de couverture …
Magicienne volant sur un balai ? Hérétique condamnée au bûcher ? Femme fatale détournant les hommes du droit chemin ? Empoisonneuse maîtrisant l’art des poisons ? Oui, mais pas que… La sorcière, honnie au Moyen Âge, est devenue une icône féministe incarnant pouvoir et indépendance.
Mon avis …
De temps en temps, j’aime m’évader en feuilletant un beau-livre. Cet automne, place à une thématique de saison : les sorcières. Je ne connaissais pas du tout la collection Ça, c’est de l’art. Nous découvrons ici, à travers l’art, comment les sorcières ont été perçues au fil des siècles. Certains détails croustillants nous sont révélés au compte-gouttes : saviez-vous que le chapeau noir et pointu de la sorcière n’est apparu qu’au XVIIe siècle ? Ou encore que le bouc est devenu la représentation du diable dès le Moyen Âge ? J’ai passé un bon moment en compagnie de ce livre. Les illustrations en grand format, sublimes, sont une vraie plus-value.
Je ne le savais pas, mais le mythe de la sorcière a véritablement traversé les continents. De Circé aux sorcières de Salem, en passant par Baba Yaga ou encore la Boullo, la figure de la sorcière fascine, intrigue ou terrifie. J’ai été surprise de découvrir son existence dans la culture japonaise (même s’il faudra pour cela attendre la deuxième moitié du XXe siècle). Du côté de l’Afrique, le commerce d’esclaves était en marche dès le XVIe siècle en pleine chasse aux sorcières. Face à la découverte de ce continent et à des pratiques africaines inconnues, un parallèle avec la sorcellerie était alors de mise… Cet ouvrage nous offre donc un vrai tour du monde !
Côté mouvements artistiques, je m’y connais assez peu. J’aime beaucoup l’impressionnisme et les toiles de Monet, mais mes connaissances s’arrêtent malheureusement là ou sont encore peu approfondies. Cet ouvrage nous montre bien qu’en plus de traverser les pays, la figure de la sorcière a réussi à traverser les siècles. Nous la retrouvons sur des gravures et des enluminures dès le XVe siècle, mais aussi chez Goya, certains peintres préraphaélites ou encore Paul Klee. Plutôt étonnant non ?
En quarante notices, ce beau-livre se concentre donc sur l’essentiel tout en nous offrant des illustrations grand format. Il est très accessible, et je ne peux que vous le conseiller. Nous y retrouvons ainsi toutes les sorcières tel que notre imaginaire collectif a voulu la façonner : la sorcière mystérieuse et magicienne (Circé) ; la sorcière pourchassée et rabaissée ; mais aussi la sorcière qui reste associée à la sexualité et à des mœurs débridées. Un livre que je suis maintenant contente de conserver dans ma bibliothèque.
Ci-dessous, de gauche à droite : Les trois sorcières de Macbeth (Daniel Gardner, 1775) ; La vitrioleuse (Eugène Samuel Grasset, 1894) ; La sorcière au peigne (Paul Klee, 1922).