L'ivresse des livres - Jean Jauniaux

Publié le 15 novembre 2021 par Nathalie Vanhauwaert

 L'ivresse des livres  -  Jean Jauniaux






















Zellige Collection "Vents du Nord"Parution : août 2020Pages : 168Isbn : 9782914773942Prix : 16.50 €
Présentation de l'éditeur

Dans cet ouvrage, le lecteur vivra le coup de foudre entre une libraire et un client, qui vont passer la nuit à se lire mutuellement des extraits de livres. Il entendra une juge condamner de jeunes néonazis à lire des romans plutôt que de les envoyer en prison. Il suivra une jeune SDF réfugiée dans un abri entre deux aiguillages de la gare du Midi à Bruxelles et qui passe ses journées à dévorer les œuvres complètes du Che. Il apprendra qu’au xxiie siècle, où règnent lunettes virtuelles et implants de puces, un vieillard atteint de démence sénile a découvert un effet inespéré de la lecture des romans sur la plasticité du cerveau. Il verra comment, dans un pays à la liberté bafouée, où sont enfermés les esprits libres et brûlés les livres, un écrivain bagnard sauvera la littérature.
Les douze histoires qui jalonnent L’ivresse des Livres mêlent réalité et imaginaire comme aime à le faire Jean Jauniaux. On y retrouve ce «mélange de gravité et d’ironie douce» qu’évoquait à son propos le prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave Le Clézio.
“Un recueil qui célèbre la lecture,
les libraires, les bibliothécaires...
et les livres !”
L'auteur

Photo : Christian Lambiotte
Jean Jauniaux est né en 1954 à Haine-Saint-Paul (Hainaut, Belgique). Il a a passé son enfance à Ecaussinnes d’Enghien, village situé au cœur d’une région en déclin économique. Après des humanités gréco-latines à l’Athénée Royal de Mons, il a effectué des études de traduction et d’interprétariat à l’Ecole d’Interprètes Internationaux de l’Université de Mons. Il a choisi d’y étudier les langues russe (« pour lire « Crime et châtiment » en version originale)et espagnole (il a consacré son mémoire de fin d’études aux adaptations de « Don Quichotte », un ouvrage de plus de 300 pages d’analyse et un répertoire de plus de 700 adaptations dans tous les genres : théâtre, radio, roman, opéra, musique etc). Il a ensuite effectué à l’Institut National des Arts du Spectacle, une licence en réalisation Film-Radio-Télévision, se spécialisant dans le documentaire de création et ce qui s’appelait à l’époque le « cinéma vérité ». Il a consacré son mémoire de fin d’études au cinéaste Jean-Jacques Péché et à ses émissions « Faits-Divers ». Il a été réalisateur d’émissions de télévision à la télévision belge (dans le service « histoire » notamment) et responsable de programmes européens de soutien à l’audiovisuel et à la culture.
Il écrit des nouvelles, romans et scénarios de bande dessinée et de films documentaires. Il se consacre au journalisme culturel, à l’animation d’une revue littéraire et de rencontres littéraires. Il organise des ateliers d’écriture de nouvelles et de formation à l’interview radio. Il a publié trois recueils de nouvelles et un roman.
En juin 2009, le Secrétaire Perpétuel de l’Académie de langue et littérature de Belgique, Jacques De Decker lui demande de devenir le rédacteur en chef de la revue littéraire « MARGINALES », revue créée par le poète et romancier Albert Ayguesparse en 1945.
« Entre les lignes » : De septembre 2006 à septembre 2011, il crée et anime l’émission généraliste « Entre les lignes », une heure consacrée à l’actualité à travers le livre, la littérature, les essais, les rencontres avec des écrivains, des essayistes, des acteurs du monde culturel et de la société. L’émission a été diffusée tous les dimanche de 9h00 à 10h00 sur deux radios de proximité en Communauté Française de Belgique.
Depuis janvier 2009, il anime avec son complice Edmond Morrel un blog « web-radio » consacrée au livre et composée d’interviews exclusives d’écrivains, d’essayistes et d’auteurs de bandes dessinées, de metteurs en scène, de scénaristes, d’acteurs du monde culturel. A ce jour, plus de 800 rencontres sont en ligne à l’adresse www.espace-livres.be avec des interlocuteurs aussi variés que Michel Serres, Jean d’Ormesson, Tahar Ben Jelloun, Ken Follett, Gisèle Halimi, Albert Jacquart, Eric Orsenna, Stefan Hessel, Jacques De Decker, Amin Maalouf, Anne Nivat, Chékéba Hachémi, Gérard Chaliand, Matthieu Ricard etc.
Source : Ker éditions
Mon avisCe sont douze histoires célébrant le livre, la lecture, le pouvoir des mots que nous propose Jean Jauniaux dans son dernier recueil de nouvelles "L"ivresse des livres" que l'on pourrait traduire par l'ivresse délivre, on parle bien entendu de l'ivresse littéraire.
On y rencontre deux amoureux des mots dans une librairie lisant à voix haute des passages de classiques oubliés. J'aime cela l'oralité de la lecture, entendre la puissance des mots, leur musicalité pour être emporté au plus profond des textes.  
"Que justice soit faite" nous démontre que sans la lecture nous perdons la capacité de créer, de nous réfugier dans l'imaginaire, on prend conscience de l'importance pour un enfant, un ado de lire très tôt pour pouvoir se projeter dans le monde.  La lecture une façon de se reconstruire, à prescrire de gré ou de force ?
J'ai beaucoup aimé "Nagra" bien que cette nouvelle me fasse peur, je ne peux imaginer une seule seconde de ne plus pouvoir lire pour cause de cécité, ce serait je pense pour moi la pire des choses.
"Peine perdue" ou le pouvoir de l'évasion par les mots, en prison l'importance pour notre protagoniste d'une heure de lecture.  Pas n'importe quelle lecture, celle d'un auteur important pour notre pays, "Albert Ayguesparse" et "Simon la bonté".
Ce pouvoir des mots est aussi mis en avant dans "Medina". 
"Un jour viendra" m'a également beaucoup touchée, lorsque dans les tranchées un soldat écrit à son ancienne enseignante et se souvient d'un texte magnifique pacifique de Victor Hugo.  Magnifique.
Jean Jauniaux imagine également à plusieurs reprises un monde où le livre a disparu, les libraires sont amenés à disparaître suite à un régime totalitaire, sans mots, plus de liberté mais pour survivre au péril de sa vie un homme va petit à petit recréer un livre, l'objet bani indispensable en substituant des feuillets du précieux objet voué à la destruction.
Le livre ne serait-il pas aussi un remède pour notre mémoire, une manière de rester en éveil, de conserver la plasticité de notre cerveau, de le stimuler ?   Le livre nous apporte bonheur, imaginaire, empathie et compréhension de l'autre.  C'est le sujet de "Aloïs"  que j'ai beaucoup aimé.
L'auteur s'amuse et se promène dans le recueil sous son prénom ou de son double Edmond Morrel, pseudo qu'il utilise pour nous parler dans la vraie vie de littérature.  Il y laisse un peu de lui même, parfois nostalgique, triste ou en apportant des touches d'humour.  Il nous fait passer par de belles émotions lorsqu'il nous parle de son père et de son enfance.
Un très bon recueil qui suscite vraiment de belles réflexions sur le monde du livre.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
Et elle lut.  Je l'écoutais hypnotisé par sa voix et la grâce de ce qu'elle lisait, sans effet, sans jouer le texte comme l'aurait fait un acteur pédant.  Sa lecture à plat faisait résonner l'ampleur du texte.  
Le roman et la lecture excitent notre capacité à inventer, à nous représenter en dehors de nous-mêmes, à nous projeter dans un avenir idéal, à envisager la complexité de la nature humaine et à nous sentir moins seuls. L'apprentissage de l'Histoire nous donne à considérer que le monde réel peut produire aussi bien le Mal que le Bien, et à nous inscrire dans le monde réel, le monde social, le monde de l'autre.
Surtout n'essaie pas de jouer le texte.  La littérature est un organisme vivant, il ne faut pas artificiellement l'hypertrophier par des effets de théâtre...
Un roman, c'est un espace où l'on ne juge pas.
Le texte, même prononcé à voix basse, suffisait à faire trembler les murs de la ville bien davantage que les bombardements qui l'avaient détruite quand Soufiane était enfant.
Plus tard, les livres n'avaient plus eu d'images à partager avec le vieil homme.  Mais la voix du lecteur, la force des phrases, l'habilité de l'agencement des chapitres rendaient l'illustration inutile. 
Songeons à tout ce que la nature nous a offert à profusion tandis que nous la détruisions.
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