Trente-cinq bougies sur le gâteau, mais... (c) Le Lombard.
Santé! (c) Le Lombard.
Dépossédé de son smartphone noyé dans un jet de champagne et, du coup, des numéros encodés dans son répertoire, le héros en manque de communication va appeler de son téléphone fixe le seul numéro dont il se rappelle, celui de sa maison d'enfance... Chose incroyable, une voix lui répond, celle d'un gamin de dix ans, qui porte le même prénom que lui, Samuel. Encore plus étrange, les deux portent aussi le même nom de famille.
Samuel d'aujourd'hui va rapidement se rendre compte qu'il parle avec lui-même enfant. Les deux vont vite aimer ces conversations secrètes et vont se confier l'un à l'autre. Car le premier a parfois oublié des événements de sa vie d'enfant et c'est son interlocuteur qui les lui rappelle. Il y a d'autres faits, plus graves, qu'il a bien gardés en mémoire et dont il peut avertir son interlocuteur. Pour prévenir un accident, pour consoler un terrible chagrin.
L'auteur crée une agréable ambiance un peu fantastique avec ces vingt-cinq années écoulées qui empêchent le Samuel d'aujourd'hui d'utiliser son smartphone ou de parler de console Nintendo ou de Facebook au Samuel d'hier mais lui permettent d'intervenir un peu sur la vie du gamin. Le gamin qu'il était, plein d'énergie, de désirs et de projets qui l'interroge inlassablement sur l'homme qu'il est devenu aujourd'hui. L'homme? L'endormi. Le déprimé. Le désabusé chez qui brillent toutefois encore l'une ou l'autre braise, un chat noir visiteur chez lui, une nouvelle employée dans sa boîte. Ce petit bout d'homme, ce lui hier, va le réveiller, le piquer pour qu'il se donne notamment les moyens de vivre la belle histoire d'amour qui se présente à lui.
Très construit, l'album se partage entre la bande dessinée classique avec les cases en gaufrier pour l'histoire actuelle de Samuel et d'autres séquences proches du roman graphique, sur doubles pages, lors des échanges téléphoniques entre l'homme et l'enfant qu'il était. On se laisse embarquer dans cette histoire de vie, portée par des rêves d'enfance retrouvés et l'idée que tout n'est jamais complètement joué dans un destin. Très expressifs, les dessins de Grégory Panaccione ne s'encombrent pas de dialogues inutiles. Ils se différencient agréablement selon qu'ils traitent de réalité ou de fantastique. Pour les ados et les adultes.