La fille qu'on appelle - Tanguy Viel ****

Par Philisine Cave

La fille qu'on appelle est dans la lignée des écrits de Tanguy Viel et respecte scrupuleusement la même mise en œuvre que dans Article 353 du Code pénal : celle d'un face-à-face avec une autorité - policière pour La fille qu'on appelle, judiciaire pour Article 353 du Code pénal. Dans les deux cas, la fin tombe comme un couperet, implacable avec un terme plus ou moins heureux, plus ou moins terrassant.


 

J'ai débuté cette histoire sans conviction, sans attente non plus. J'aime bien l'univers de Tanguy Viel, je sais que certaines de ses œuvres m'accrochent plus d'autres. Je me suis juste questionnée sur le côté vers lequel allait pencher La fille qu'on appelle. Si le début m'a paru longuet -il a fallu m'adapter au style de l'auteur (un phrasé long, à la limite de l'asphyxie verbale, aux nombreuses digressions (mais je rassure tout le monde, elles sont plus digestes et plus allégées que les jaenadiennes)) et à la présentation des protagonistes (et c'est bien normal que Tanguy Viel prenne le temps qu'il faut pour installer tout ce beau monde - enfin, façon de parler-), j'ai parcouru d'une traite la suite. 

Vous dire que j'ai été super à l'aise à lire ce bouquin où on sent la tension monter de cran en cran (on ne sait pas où cela finit, mais on sait qu'on y va tout droit et que cela risque de ne pas être joli-joli), où ce qui est narré me paraît tellement proche de ce qui peut se dérouler en réalité -je n'ai pas arrêté de mettre en parallèle cette histoire avec les affaires Bill Clinton et Gérald Darmanin, complètement à tort sûrement mais mon cerveau fait des associations redoutables d'idées que je n'arrive pas toujours à contrôler). 

Mais pourtant, je vous recommande cette lecture pour plusieurs raisons : c'est super bien écrit (Tanguy Viel s'installe discrétos dans mon panthéon des auteurs à suivre de près : il a un style à lui qui ne perd jamais son horizon, même si celui-ci est assez bouché), le tout est très cohérent, la fin est logique et implacable (et totalement déprimante), c'est court (autour de 174 pages qui valent le pesant de cacahouètes). Les thèmes abordés sont hyper actuels : l'emprise, le pouvoir des cons, la prostitution, le déclassement social.

Comment cela commence ? Une jeune femme - Laura- débarque au commissariat pour témoigner. Elle est la fille du chauffeur du maire, chauffeur qui est une ancienne gloire de boxe et poursuit sa passion à ces heures perdues. Et elle a sollicité l'appui du maire pour se loger en ville. Cela tombe bien : l'édile a une adresse toute trouvée : celle du casino, tenu par l'ancien impresario de son père et accessoirement son meilleur ennemi.

Quant au titre, rien à ajouter : il est parfait !

Well done !

Les éditions de Minuit

autres avis : ma Zaz, Gambadou, Alex, Bernhard

Du même auteur : Insoupçonnable  -  Paris-Brest  - 
Article 353 du Code pénal (non chroniqué)