Famille - Lydie Salvayre (entre ** et ***)

En ce moment, je fais dans la courtitude des écrits. Plus cela va, moins cela va (je parle du nombre de pages et de l'ambiance globale de l'histoire). Famille s'installe dans le dark social : c'est pas gai du tout, c'est super réaliste, c'est même tellement réaliste qu'on se dit que cela peut exister (que cela a peut-être déjà eu lieu). En tout cas, Famille représente encore une prouesse de Lydie Salvayre d'appuyer là où cela fait mal, d'incarner des personnages à la Zola versus les frères Dardenne.

Famille - Lydie Salvayre (entre ** et ***)

Dans ce court livre (moins de quarante pages), on déroule le tissu familial maltraitant (maltraitant par faute de soins, maltraitant car la violence verbale y est constante) d'un jeune homme de vingt-quatre ans diagnostiqué schizophrène. Chacun des parents est dans le déni complet de la gravité de la situation : le père, ouvrier, reproche à son fils de glander toute la journée ; la mère obnubilée par les chassés-croisés amoureux du héros de sa série préférée et par le rythme des repas se fait un plaisir de dresser le fils contre son père, entretenant constamment avec son rejeton une relation de chantage affectif. Résultat : on voit l'état psychique du jeune se dégrader en même temps que l'ambiance familiale. 

La forme épouse le discours : Lydie Salvayre dynamise son récit avec le phrasé écorché, le parler vrai de ses créatures. Elle y raconte la misère affective, la difficulté sociétale à accompagner et à suivre les personnes  psychotiques et les conséquences dramatiques que cela génère chez ces personnes, leur environnement et plus globalement pour tout le monde. Le trait est forcé, les personnages parentaux un brin caricaturaux et excessifs, le ton est foncièrement inquiétant mais juste.

Éditions Tristram