Auteur : Denis Labbé 390 pages Thème : Romance fantastique
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note :
Lorsque le passé et le présent s'entrechoquent, le monde est menacé. Reprenant conscience des siècles après son arrivée à Bavay-la-Romaine, le démon Orcus tente de récupérer sa place dans une société qui lui est étrangère. Pour retrouver sa gloire d'antan et sa douce Flavia, il compte sur l'écrivain Louis Peirotes. Ravivant son culte à travers le roman de Louis, il dispose désormais de l'énergie nécessaire à ses desseins.
Quelle terreur va-t-il provoquer chez ceux qui s'opposeront à lui au Ier siècle et de nos jours ? "
Je remercie Babelio pour m'avoir choisi afin de découvrir ce livre, ainsi que la maison d'éditions L'Alsacienne Indépendante pour cet envoi.Rien que deux choses me murmuraient que je devais le lire : la couverture qui est magnifique et cache énormément de choses et le nom de l'auteur dont j'ai déjà lu pas mal de livres. Alors non je n'ai pas tout lu, mais je n'ai jamais été déçue par l'un de ses textes. La couverture sublime apporte de nombreux éléments que nous retrouvons durant cette lecture, entre un passé et un présent qui a un lien. Si au début c'est légèrement destabilisant de ne pas savoir à quelle époque nous sommes, il suffit de deux ou trois chapitres pour comprendre que l'auteur s'amuse avec nous et nous entraîne dans un passé où les croyances étaient bien plus fortes que maintenant... Quoi que, ce présent nous emmène dans les coulisses d'une maison où quelque chose rampe au sol. Ces petits grains de poussière qui semblent être pris de vie, prêts à prendre celle d'un autre, afin de s'en nourrir ? Voila de quoi nous mettre en appétit ou plutôt nous faire devenir fou. Que se passe-t-il réellement ?
Les époques changent apportant des détails qu'il faut bien suivre. Pour cette lecture, il faut prendre son temps déjà pour déguster les mots, mais surtout pour bien suivre chacun des personnages, car même si tous ne sont pas là du début à la fin, ils ont une signification particulière qu'il faut découvrir. Un simple coup de pouce, un passage de l'un à l'autre, c'est un peu comme ce passeur qui passe d'une époque à l'autre. Les Dieux anciens ont une part importante dans la vie de ceux qui les vénèrent comme il se doit. Si l'un d'entre eux arrive à se faufiler, en quelque sorte, le présent semble ne pas avoir totalement oublié ce passé où les croyances étaient plus fortes, plus terrifiantes aussi. Des hommes et des femmes qui pensaient être dans le bon droit usant de leur pouvoir comme bon le semble. Et puis des vestiges, des archéologues qui découvrent... Non, ça je n'en dirais pas plus ! La peur est ce qui va mener les Hommes à leur propre mort, d'ailleurs le premier suicide du livre (dès les premières pages) en font une arme fatale. Cette scène est si détaillée que nous ne pouvons que nous demander réellement ce qu'il en est, jusqu'à ce que nous comprenions à ce dont nous venons d'assister. Et puis la maison qui a du mal à se vendre durant des années, jusqu'à l'arrivée de ce couple...
Will et Marie, qui voient d'un bon œil cette maison, malgré ce qui s'est produit, malgré l'humidité, la poussière et tout un tas de petits travaux a effectuer. Un coup de froid ? Surement une fenêtre ouverte, ou un mur mal façonné, à moins que ce qui rampe insidieusement ne commence à se réveiller. IL a besoin d'essence pour "revenir", pour être plus fort et oui, encore un qui veut du pouvoir, mais c'est ainsi que fonctionne le monde, pas vrai ? Et quoi de mieux que de faire peur, non d'amener la terreur dans les foyers et de s'en nourrir. Cela me fait trop penser à Ça et son retour qui va faire pleurer les femmes et faire fuir les autres. L'imagination de l'Homme d'une manière générale a du mal à concevoir qu'il peut y avoir autre chose que ce qui ne se touche pas, ne se voit pas, mais dans le noir, un soupçon de brise, un petit vent frais et les rêves deviennent vite des cauchemars. Cette même frayeur qui nous fait demander jusqu'où va aller l'auteur pour faire peur au lecteur qui se croit à l'abri chez lui. C'est là tout le stress de regarder derrière soi et de se dire et pourquoi pas? Et si les murs avaient des yeux et non des oreilles ?
Nous naviguons d'une époque à une autre, d'un lieu à un autre avant d'avoir véritablement de "l'action". La manière de procéder est géniale, nous avons le temps de découvrir les personnages, tel Gil l'Archéologue, Louis qui ne sait plus comment avancer dans son roman, Marie sa mère qui est déjà excitée à l'idée de transformer la demeure maudite du quartier en quelque chose de plus harmonieux (bon courage !), Flavia cet enfant devenue femme qui a déjà connu les horreurs des pillages et enlèvement pour être vendue comme esclave se retrouvant dans un village où les bannis se retrouvent. Aaaah et Spurinna qui voit les choses en grand pour son propre culte, qui a des idées particulières envers certains de ses "membres". Le destin des uns s'emmêlent à ceux des autres par la plume ou le maillet. Des découvertes, des idées, une place devenue importante dans le fait de relater ou de transmettre le passé, des informations, des disparitions. Un certain nombre de protagonistes qui vont et viennent au gré de l'auteur que nous apprenons lentement, mais surement à connaître et puis à un instant nous comprenons ce qui les lie, plus fort que cette masse informe qui rampe, plus loin qu'un culte ou une découverte importante qui pourrait s'amuser encore un peu plus avec ces pauvres humains.
Je me suis attachée à Flavia, avec ce qu'elle a vécu, ce qu'elle vit, ce qu'elle désire. Une femme qui a déjà connu l'enfer et qui va malgré tout continuer et se méfier, à plus d'un titre d'un autre personnage qui donne des frissons de dégout. Quant à Louis, je le plaindrais presque, car même s'il ne sait pas ce qu'il se produit, il est intelligent. Il ne faut pas oublier ce cher Orcus qui semble attendre toujours le bon moment, que ce soit hier comme demain. Il y a beaucoup de recherches et/ou de connaissances dans de nombreux domaines que nous ne pouvons nier qui parcourent le texte : Dieux anciens, archéologie, écriture bien entendu, rénovations de maisons et bien entendu capacité de nous faire croire que chaque maison recèle un sombre passé. Et puis cette frontière qui se joue d'une page, d'une ligne, et qui nous entraîne dans l'un ou l'autre. Qui est réel, qui ne l'est pas ? Le plus rageant ? La façon dont nous passons d'un monde à un autre, de suivre un personnage et de continuer avec l'autre en nous demandant ce qui va se passer. L'auteur arrive à faire monter le stress rapidement.
En conclusion, c'est un livre que j'ai pris plaisir à lire lentement, afin de mieux l'apprécier et c'est quelque chose que je recommande : ne pas se précipiter, autrement vous risquer de louper quelque chose (comme j'ai eu le cas et je suis revenue en arrière et là j'ai compris que je devais y aller doucement) Les descriptions donnent des instants de doute sur notre propre réalité. Les Dieux et les hommes ne font pas bon ménage, mais ceux qui gagneront ne sont peut-être pas ceux que nous imaginons. Il ne faut pas oublier la couverture magnifique (non je ne l'ai pas dis ainsi xD) et les personnages qui ne seront pas tous indemne. Chaque mythe a sa propre histoire et l'Obscur Passeur pourrait bien en devenir un !
" - Qu'est-ce que tu dis ? demanda Alice.s à l'époque.
- Qu'est-ce qui différencie le monde réel du monde imaginaire ? Rien, finalement. Tout est affaire de création. Un Dieu est un Créateur. Un écrivain est également un créateur. Ses personnages sont aussi réels pour nous que nous le sommes pour eux. Regarde ce qui se passe dans
- Et qu'est-ce qui est si différent ? Don Quichotte de Cervantes ou dans l'Empire des esprits de Clifford D. Simak. Qu'est-ce que la réalité après tout ?
- Tu ne vas pas recommencer avec des devoirs de philo, intervint Gil.
- Quand on était au lycée, c'était plutôt toi qui étais friand de ce genre de questions.
- Peut-être, mais les choses ont changé. Nous n'avons plus seize ans. Nous sommes des adultes, et nous savons que le monde ne ressemble pas à ce que nous imaginion "