Résumé
Les histoires que vous allez lire ici remontent à une époque où un dessinateur de BD n’était pas obligé de poster ses créations sur cinq plate-formes différentes pour montrer son travail en ligne. A l’origine publiées sur un blog à la fin des années 2000, les histoires d’Ultimex et de Steve, le faire-valoir prodige, rassemblées dans ce recueil, figurent parmi les aventures les plus trash et du plus mauvais goût de toute la saga. C’était un temps où il était encore de bon ton de se revendiquer apolitique et où s’en prendre à ce que l’on appelait le « politiquement correct » semblait assez culotté. On estimait que la voix de la provocation devait se faire entendre dans la société d’alors.
Trouvant le temps un peu long sur les bancs de la fac d’arts plastiques où j’étudiais à cette époque, je dessinais avec un grand enthousiasme les strips de mon odieux personnage en redoublant d’humour noir à chaque nouvelle histoire. Si l’on m’interrogeait à ce moment là au sujet du ton problématique de mes BD, je balayais la question d’un revers de main en expliquant que les agissements de mes (anti)héros ne reflétaient en aucun cas des opinions personnelles et que ceux-ci, relevant de la fiction pure, ne pouvaient pas m’être imputés. C’est un cliché, mais je sentais aussi que mes personnages m’échappaient et vivaient une vie propre. Il n’y a qu’à voir les kilomètres de cases que je concevais alors sans effort à cette période, comme si Ultimex et Steve étaient les véritables maîtres à bord. Cependant, les années passant, échangeant régulièrement avec mes lecteurs en dédicace, je commençais à voir poindre l’ombre d’un malaise. Parmi mes lecteurs, certains semblaient voir dans en Ultimex une figure à laquelle se référer : un modèle de patriarche fort, riche, puissant, extrême dans son attitude. Je voyais bien quel exutoire pouvaient représenter mes BD. Je les dessinais d’ailleurs notamment pour me défouler. Mais comment mes lecteurs (qui étaient forcément des gens très bien puisqu’ils appréciaient mon travail) pouvaient prendre ce fou d’Ultimex comme modèle ? Le malaise opère quand on banalise l’abject ou quand on le glorifie. Et pendant tout ce temps Ultimex et Steve bafouaient la morale sans réelle remise en question, jusqu’au dénouement d’Ultimex en Enfer et l’arrêt de la série. Bref, je ne referais plus ces histoires ainsi mais c’est aussi tout l’intérêt de leur existence. Les pages qui suivent sont brut de décoffrage, on peut leur reconnaître une rare violence et une vraie intensité. J’aurais sûrement été très amusé d’apprendre que je me choquerais moi même en parcourant certaines d’entre elles que je n’avais pas lues depuis plus de dix ans. En travaillant sur cette intégrale avec du recul, j’ai réalisé que quelques-unes reposaient uniquement sur de la méchanceté et non sur de l’humour. J’y ai vu un échec de ma part en tant qu’auteur et cela explique que certains épisodes aient disparu de cette réédition. Mais les fanatiques d’Ultimex ne seront pas en reste car ce livre se retrouve enrichi d’une flopée de dessins inédits et agrémenté de la réédition du très difficilement trouvable « 11 Cocktails », un ouvrage tiré à seulement 150 exemplaires à l’occasion des 11 ans du personnage.
Sur ce, j’espère que les trésors de stupidité déployés dans les pages qui suivent sauront encore vous surprendre et vous amuser des années après. Merci d’avoir soutenu la série pendant tout ce temps, quant aux petits nouveaux qui débarquent : « Accrochez vos ceintures ! ». A tous, je vous souhaite une excellente lecture !
Notre avis
Tout est dit dans le résumé de cette album compilé. Alors notre avis se résumera à vous parler de l’auteur … Gad s’est fait connaître sur la toile en 2008 grâce à son personnage Ultimex ainsi qu’en participant aux « 24 h de la bande dessinée ». Il s’est rapidement fait repérer par les éditions Lapin qui publient en 2008 son premier ouvrage, Ultimex et Steve, le faire-valoir prodige. L’année suivante, ce sont les éditions Vraoum qui sortent Ultimex, le mauvais œil. La série phare de l’auteur a atteint 218 épisodes à ce jour.
En deux mots
Une anthologie incontournable de l’American Psycho à la française revue et corrigée.
Jean-Claude Attali
Lien vers la page des Editions Lapin de «Ultimate Ultimex »