Le Journal d’Anne Franck

Anne Frank est née le 12 juin 1929 à Francfort, d'une famille juive, qui a émigré aux Pays-Bas en 1933. Dans ce journal, écrit de juin 1942 à août 1944, elle y fait le récit de la vie quotidienne qu'elle mène clandestinement avec sa famille dans " l'Annexe ", un immeuble d'Amsterdam, avant d'être arrêtée sur dénonciation et déportée au camps de concentration de Bergen-Belsen. Anne y meurt du typhus en 1945, à quelques jours de la libération des camps.

J'aimerais que de là où elle se trouve aujourd'hui, cette petite Anne puisse se rendre compte que son journal intime a fait le tour de la planète et a été lu par des milliers d'inconnus. Et surtout qu'elle n'ait pas à rougir de s'y être livrée à cœur ouvert, car écrit-elle (p.68) " Qui d'autre lira jamais ces lettres, si ce n'est moi-même?" . Pouvait-on imaginer plus funeste destin que celui de cette pétillante petite fille que l'on découvre à travers les pages de ce carnet, devenu un témoignage majeur de la Shoah ? Dans sa préface, l'écrivain Henry Petiot, dit Daniel-Rops parle " d'une manière de chef d'œuvre" , je trouve l'expression belle et juste, elle illustre le fait qu'à l'âge de quinze ans, Anne Franck avait déjà accompli avec ce journal une partie des grandes et belles choses qui lui étaient promises.

Pour s'exprimer, elle n'a que son stylo et ce carnet offert pour ses treize ans, qu'elle baptise Kitty, comme la meilleure amie dont elle rêve. Elle y relate la vie quotidienne, vécue dans la promiscuité de l'annexe, pièce voisine au bureau de son père, où se sont réfugiés là sa famille et quelques amis pour échapper aux milices nazies. Anne couche aussi sur le papier ses plus intimes pensées: sa colère, ses sentiments de jeune fille passionnée, ses espoirs et ses doutes. Quelle leçon de vie! Jamais elle ne perd espoir même dans la peur, même si elle n'en peut plus d'être incomprise, sans parvenir à trouver sa place au milieu de ces adultes qui la dénigrent. On la devine extrêmement intelligente, hypersensible (oui, à notre époque on l'aurait assurément qualifiée de HPI), promise à un bel avenir, si et seulement si... Elle a une maturité étonnante, on la voit évoluer durant ces deux années, dans ses réflexions, parfois très profondes et émouvantes. Comment vivre, ou plutôt survivre, dans la crainte des alertes, des bombardements, confiné dans un environnement précaire, où il faut s'adapter aux restrictions, résister à l'enfermement et à l'envie de liberté!? A treize ans! Comment, en tant que lecteur, ne pas être bouleversé par ce destin ! Alors qu'elle entend à la radio les récits horribles de la guerre, certaines de ses connaissances sont déportés dans les camps, Anne continue à rédiger son journal malgré la terreur qui s'installe peu à peu. Après plusieurs bonnes nouvelles, la famille reprend espoir et s'imagine qu'ils seront un jour libérés et auront les moyens de reprendre après la guerre une vie normale. Il s'en est fallu de très peu...

Je referme ce journal avec beaucoup d'émotion devant ce destin brisé par tant de haine et ce gâchis incompréhensible de tant de vies humaines, mais j'ai aussi l'impression d'avoir reçu comme un cadeau le témoignage de cette enfant: c'est une véritable leçon de vie que je ne suis pas prête d'oublier. J'ignore la raison pour laquelle je ne l'avais pas encore lu, il y a des choses que l'on ne s'explique pas. Mieux vaut tard que jamais, mais il a tout de même fallu que ma fille ait à le lire en troisième pour que je lui chipe et m'y intéresse enfin. Je l'ai apprécié beaucoup plus qu'elle, heureusement ou malheureusement, je ne sais que dire. Elle y a trouvé trop de longueurs et de répétitions, ce que je peux tout à fait comprendre, mais je pense qu'il faut voir au delà de ça et saisir d'une part l'impact historique d'un tel témoignage et d'autre part le message de paix qu'il véhicule. Je le conseille bien évidemment à la lecture pour ne jamais oublier.