Maryse Wolinski.
Triste nouvelle que le décès, ce jeudi 9 décembre, de la romancière et journaliste Maryse Wolinski, veuve du dessinateur Georges Wolinski tué dans l'attentat contre "Charlie Hebdo", le 7 janvier 2015. Chantre de l'amour, elle avait 78 ans et souffrait d'un cancer qui s'était aggravé après la mort de son mari. A son décès, ils étaient alors mariés depuis 43 ans - elle l'avait rencontré en 1968 au festival de Cannes. Ils avaient une fille, Elsa, mais Maryse Wolinski avait aussi élevé les deux filles que Georges Wolinski avait eues de son premier mariage.Née à Alger le 3 mai 1943, originaire du Lot-et-Garonne, Maryse Bachère de son nom de famille avait fait des études de journalisme et a commencé sa carrière dans la presse écrite, "Sud Ouest" à Bordeaux d'abord, "Le Journal du dimanche", "Elle" et "Le Monde-Dimanche" ensuite. Elle se tourne ensuite vers la littérature et n'arrêtera plus. "C'est en 1988 qu'elle s'impose comme romancière à part entière, avec "Au diable Vauvert", son premier roman paru chez Flammarion", indique le Seuil, son éditeur, dans un communiqué. "L'intimité et le secret, la vie de famille, l'amour (ou le désamour) dans le couple, autant de thèmes qui formeront la matière de ses romans ultérieurs."
D'autres succès suivront, "Le Maître d'amour" (Flammarion, 1992), "Lettre ouverte aux hommes qui n'ont rien compris aux femmes" (Albin Michel, 1993), "La Femme qui aimait les hommes" (Albin Michel, 1998), "Chambre à part" (Albin Michel, 2002).
Après la mort de son mari, Maryse Wolinski lui a consacré quatre livres, poignants.
- "Georges, si tu savais" (Seuil, 2015, lire ici), écrit dans la foulée de l'attentat
- "Chérie, je vais à Charlie" (Seuil, 2016), dont le titre reprend les derniers mots que le dessinateur a lancés à sa femme le matin du 7 janvier
- "Le goût de la belle vie" (Seuil, 2018), le récit des quarante-sept années passées aux côtés de Wolinski
- "Au risque de la vie" (Seuil, 2020), où .Maryse Wolinski raconte, au moment où devait s'ouvrir le procès aux assises de l'attentat perpétré contre Charlie Hebdo, sans concession, sa traversée chaotique des cinq dernières années, la douleur de l'absence, l'impossibilité de la résilience et l'irruption de la maladie qui la condamne à un sursis perpétuel.
Le Seuil a aussi réédité en 2016, en contrepoint de "Chérie, je vais à Charlie", "Ça, c'est moi quand j'étais jeune (lettre ouverte à ma femme)", de Georges Wolinski, initialement paru en 1978 chez Albin Michel. Un livre qui montre que derrière le phallocrate provocateur se cache un homme sensible, à l'écoute des autres, et des femmes en particulier, comme le dit bien Maryse Wolinski dans la préface qu'elle a écrite à l'occasion de cette nouvelle édition.
Assurément, là où ils sont, Georges pourra à nouveau semer partout les post-it qu'il écrivait à l'attention de Maryse. A la BBC, Maryse Wolinski expliquait que leur "ingrédient secret était l'humour" et évoquait un "mariage passionné". "Nous nous sommes vraiment aimés jusqu'à la fin", ajoutait-elle. "Les jours où nous ne nous voyions pas, il me laissait des Post-it. Ils disaient "J’ai fait ceci ou cela aujourd'hui", ou "J'embrasse ton adorable sourire". Elle expliquait aussi qu'elle avait affiché ces petites notes partout dans son appartement. "La dernière chose que je vois avant de me coucher dit "Bonne nuit ma chérie". La vue de ces mots qu'il m'a laissés m'aide à faire face", disait encore la veuve de Georges Wolinski.
Georges et Maryse Wolinski. (c) SIPA.