Si je devais qualifier le roman graphique Anaïs Nin, sur la mer des mensonges, un mot me vient de suite : Sulfureux ! Sulfureux parce qu'il respecte à la ligne les fantasmes et le quotidien de l'écrivaine ponctués par ses rencontres masculines, ses temps d'écriture de journaux intimes et de relecture de l'œuvre d'Henry Miller -écrivain sans le sou avant le succès-. Anaïs Nin a un esprit torturé et on se rend compte que cela ne roule pas complètement dans sa tête, par ses cauchemars et ses doutes nombreux et par ses choix de partenaires : on peut dire qu'à elle seule, elle dépasse tous les tabous.
J'ai ouvert ce livre en repérant le graphisme et les couleurs sublimes de Léonie Bischoff qui raconte Anaïs Nin avec grâce, sans complaisance, mais sans distance non plus. L'autrice m'a fait découvrir une humaine captivante et séduisante, qui a eu l'art d'attirer l'intérêt d'autrui sans malveillance. Elle narre l'époque titi-parisienne arty, le multiculturalisme, une forme de tolérance à tout type de plaisir, au dépassement de la fidélité sans jugement, mais bien entendu dans un milieu socialement très éclairé et peu cadré.
J'ai passé un bon moment avec cette femme sincère (ayant un environnement à mille lieues du sien), m'étonnant de ne pas être choquée par tant d'érotisme (que je trouve charmant par ailleurs): bon, il y a quand même un épisode très complexe à digérer que je vous laisse découvrir, et qui m'a mise à l'aise. Et ce n'est pas la plume de Léonie Bischoff qui est responsable mais plus un épisode de vie de Miss Nin. Une question de morale, assurément !
Éditions Castermann
Emprunté à la bibliothèque.