Ceux du Nord Ouest – Zadie Smith
Gallimard (2014)
Traduction de l’anglais par Emmanuelle et Philippe Aronson
Ils sont quatre, ils s'appellent Leah, Keisha, Nathan et Felix. Ils ont vécu leur enfance dans la même banlieue du nord-ouest de Londres, ils ont fréquenté les mêmes classes, certains ont été amoureux, ami(e)s. Ils se voient toujours ou se sont perdus de vue. Leah et Nathan vivent toujours dans le quartier de leur enfance, Felix et Keisha se sont installés ailleurs, dans des zones plus privilégiées, pour tenter d'échapper à leur milieu d'origine, à leur famille. Keisha, devenue avocate, a même changé de prénom.
Après ma première rencontre littéraire avec Zadie Smith par l’intermédiaire de son recueil de nouvelles, Grand Union, Ceux du Nord Ouest m’a donné l’occasion de lire un de ses romans. Après tous les éloges que j’avais pu lire ici et là sur Zadie Smith, je m’attendais à être emballée par sa prose et son talent et revenir de façon favorable sur l’impression mitigée que m’avait laissée la lecture de ses nouvelles.
Dans un premier temps, ça n’a pas été le cas. J’ai même été tentée d’abandonner ma lecture dans les cinquante premières pages. Heureusement, les chapitres 9 et 10 ont amené un sursaut d’intérêt, lorsque l’auteure détaille de deux façons son trajet de Yates Lane, Londres, NW8 à Bartlett Avenue, Londres, NW6. D’abord, en recopiant simplement le contenu de Google Maps ou de tout autre logiciel d’itinéraire, puis ensuite en décrivant ce que découvrirait n’importe quel piéton qui emprunterait ce trajet, les magasins, les passants, les véhicules, le style des habitations. C’est vrai, c’est original et c’est ce que je retiendrais de ce livre : la grande variété des styles d’écriture, ce que j’avais déjà noté dans le recueil de nouvelles. Mais le style n’est pas tout pour moi, j’attends aussi de l’auteur qu’il ait de l’empathie pour ses personnages et je ne l’ai pas ressenti suffisamment à mon goût.
Est-ce que je tenterais un autre roman de Zadie Smith ? Oui, certainement, car je n’aime pas rester sur l’impression d’être passée à côté de quelque chose, et c’est bien ce que je perçois lorsque je lis tous ces billets élogieux à propos de ses œuvres.
Par exemple, chez Clara, Cathulu, Brize ou sur le site des Échos.
Un extrait :
158. Complot
Natalie Blake et Leah Hanwell étaient persuadées que les gens voulaient les pousser à faire des enfants. Famille, inconnus dans la rue, personnalités à la télévision, tout le monde. En vérité, le complot allait plus loin que ce que Hanwell imaginait. Blake était agent double. Elle n’avait aucunement l’intention de se ridiculiser en refusant d’accomplir de que l’on attendait d’elle. Pour Natalie, il s’agissait juste de choisir le bon moment.