Bel abîme, Yamen Manai, éditions Elyzad, septembre 2021, 110 pages
Un adolescent s’adresse à un avocat, à un médecin, il explique son geste ou plutôt ses gestes… Non, d’ailleurs, il n’explique pas, il dénonce, il crache ses mots. Quels gestes ? Qui est Bella, la seule qui lui voue un amour inconditionnel et qu’il aime de toute sa chair ? Lisez ce livre pour le découvrir. Je ne dirai rien de plus.
Ce roman est un cri, de douleur, de souffrance, de révolte.
« Je n’ai pas tiré ces balles au nom d’Allah mais au nom de Bella. Les islamistes, je ne peux pas les encadrer, ce sont des enculés comme les autres. Ils disent que les chiens sont impurs et que les femmes doivent rester à la maison à s’occuper des mioches. Mais moi je sais que les chiens sont purs et que sans le travail de ma mère, on aurait crevé la dalle. »
Les mots percutent, ravagent, lacèrent. Cet adolescent ne supporte pas l’injustice, et il jette sa rage à la face du monde. La Tunisie n’est pas épargnée, c’est une critique ouverte, terrible et sans concession.
Ce court texte est une merveille. Je l’ai reçu en plein cœur, une nuit d’insomnie et il m’a tenue éveillée, impossible de me rendormir après un tel flot d’images puissantes, une telle fureur, une telle fougue… J’ai porté ce livre en moi pendant plusieurs jours.
De cet auteur j’ai lu L’amas ardent et La sérénade d’Ibrahim Santos. Yamen Manai est incroyable, il se renouvelle à chaque roman, pas un ne ressemble à l’autre.