Ne m'oublie pas est une très jolie histoire, un moment doux et attendrissant comme il m'arrive peu d'en lire en ce moment. Tout se tient : le scénario, les images dont les thèmes colorés posent des anecdotes, les personnages qui sont ni excessifs, ni surnaturels (juste des humains de notre quotidien), les thèmes traités. Ne m'oublie pas aborde avec délicatesse la maladie d'Alzheimer en nous offrant une jolie escapade entre une grand-mère rock'n roll et sa petite-fille Clémence au look androgyne.
J'ai passé un beau moment avec ce duo tonitruant qui au cours de son escapade va faire des rencontres plus ou moins heureuses, procéder à des paris insensés, berner et se faire berner, virer borderline. Mine de rien, Alix Garin décrit les temps d'oubli, les moments où le retour à l'enfance et à la dépendance s'opère. Elle explore les liens familiaux et intergénérationnels, requestionne le rôle de la mère, celui du statut des femmes célibattantes, la sexualité.
Le discours est précis, doux à l'image de l'avancée dans la réflexion intime de Clémence (une jeune femme en recherche de beaucoup de choses : ce qu'elle est, ce qu'elle est devenue). J'ai aussi beaucoup apprécié le scénario qui alterne les moments épiques et les échanges de Clémence avec des autorités.
Les dialogues sont impeccables, les scénettes sont bien posées et suffisamment diverses pour donner un rythme à la narration. Les couleurs choisies relèvent davantage du pastel et donnent ce côté délicat et doux à l'histoire racontée. Le dessin esquisse les formes et les courbes et n'entre pas dans la précision des traits (du visage, en particulier). J'ai aimé les choix de l'autrice : je trouve que le tout est très équilibré, judicieux et renvoie une certaine poésie. Il y a aussi de l'humour et comme je l'ai déjà signalé une infinie tendresse.
En tout cas Ne m'oublie pas est un très bel hommage aux personnes malades d'Alzheimer et à leurs accompagnants (familiaux et soignants).
Un roman graphique à lire et à partager.
Editions Le Lombard
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