Auteur : François Panier
Éditions : Juno Publishing
Paru le : 09 décembre 2021
194 pages
Thème : MM(Fantastique)
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Ma note : 15/20
Résumé
« Victor s’était fait une raison. Sa vie serait banale. Son quotidien était sans relief. Il avait un travail qu’il détestait, une famille dysfonctionnelle, un lit qui resterait froid parce que, en dehors d’un coup d’un soir, il ne trouverait jamais un amant pour le réchauffer toutes les nuits.Mais à l’approche de Noël, il rencontre un vieil homme qui avait besoin de son aide, même s’il ne l’avait pas demandée. Lors d’échange presque surnaturel et l’homme aura cette question tellement simple et tellement complexe tout à la fois. Et si vous pouviez réaliser trois vœux ?
Ensuite… Un terrible accident. Et un réveil, à l’hôpital, avec un mystérieux tatouage dans le dos. Avoir frôlé la mort force Victor à reprendre son destin en main et l’oblige à cerner ce qu’il veut vraiment, pour réussir sa vie.
Et le tatouage ? Tels les chocolats d’un calendrier de l’avent, une plume de celui-ci, disparaît chaque jour… Pour Noël, il n’en restera plus.
François Panier nous entraîne dans un conte aux limites du fantastique. Il nous glissera dans la peau d’un garçon sensible qui a raté un, ou plusieurs virages de sa vie, et qui cherche désespérément à trouver sa voie. Le miracle de Noël se mettra-t-il en marche pour lui ? »
Ma chronique
Je remercie Maïwenn ainsi que la maison d'éditions Juno Publishing pour cette lecture.
Le titre m'a plu de suite (étant moi-même tatouée, j'ai du mal à résister à ses histoires où il y en a. Après il y a de tout bien entendu, mais pour le coup, la pointe fantastique du récit a été un plus. D'où le fait que j'ai mis le mot fantastique entre parenthèses, car il s'agit plutôt de paranormal léger. Victor à 25 ans, vit seul, adorerait avoir un homme pour réchauffer son lit autre que les coups d'un soir et que sa famille accepte qui il est : à savoir homosexuel. Mais cela fait des années que Victor ne croit plus au Père Noël et un jour, alors qu'il fait quelques courses, il décide d'apporter son aide à un sdf. Des vêtements de pluie, de quoi se protéger du froid, de la nourriture, Victor ne lésine pas et propose même à cet homme assez âgé de rester à ses côtés le temps d'un repas. Si cela étonne grandement le vieil homme, il accepte volontiers. Alors que ce dernier va pour se changer et être un peu plus au sec, l’échafaudage sous lequel ils sont tous les deux s'écroulent et Victor se réveille à l’hôpital, le dos entièrement tatoué... L'aventure démarre rapidement et pour un homme qui a du mal à trouver le grand amour, il va se découvrir irrésistible auprès d'un certain nombre d'hommes tous différents.
J'ai adoré le côté paranormal, fantastique, peu importe le mot (à moins que cela ne soit la fameuse magie de noël) qui est à la fois léger et nous laisse de nombreuses questions sans réponses. Le tatouage qui arrive comme un cheveu sur la soupe, les plumes qui sont apparues, qui disparaissent et le final qui nous laisse perplexe sans que cela ne soit mauvais. Cela prête à sourire et c'est vraiment bien amené. C'est le genre de questionnement que n'importe qui peut avoir vis-à-vis de sa sexualité, de sa famille, de ses amis. Prendre du recul est nécessaire pour avoir une vue d'ensemble et c'est ce que l'auteur nous propose de rester objectif et de tenter de comprendre pourquoi les autres ont du mal à accepter telle ou telle situation. Ce n'est pas facile, car nous en voyons que ce que nous montrons, mais faire un pas en avant permet également de réussir à apporter une touche de sérénité, un peu comme ces plumes que Victor découvre chaque jour. Une chance de plus ou de moins, une chance ratée, ou au contraire une prise de conscience ? Toujours est-il que ce côté de paranormal est ce petit plus qui nous transporte dans les pensées de Victor et nous le comprenons à chacune de ses actions. Victor est un personnage attachant qui est capable de détourner le regard de ce qui le dérange et au contraire de s'investir, comme ce qu'il fait pour ce sdf qu'il a déjà vu, lui semble-t-il sans l'aider. Cette vision de se dire que n'importe qui peut se retrouver dans la rue est véridique. Victor se met beaucoup de barrières, ce qui ne lui permet pas de voir réellement ce qui se passe autour de lui. Il est touchant lorsque les trois vœux qu'il aimerait, si un génie sortait de la lampe devant lui serait d'abord pour les autres, pour se concentrer au final sur lui parce qu'on le lui impose. Être heureux est ce qui revient, d'une manière ou d'une autre il ne l'est pas. Entre les parents qui n'ont pas accepté son homosexualité, entendant depuis des années par son père que c'est une maladie et sa mère qui use de ce mot à toutes les sauces pour montrer qu'elle est ouverte d'esprit, des frères qui ne cessent de se moquer de lui... La famille est ce qu'elle est, et la façon dont ils se comportent tous n'est pas sain pour ce Victor qui s'est énormément fermé vis-à-vis d'eux tous. c'est aussi touchant de le voir chercher son amour dans l'autre, sans vouloir dépasser ses frontières de peur de perdre des amis. Et puis il y a tous les autres personnages qui vivotent autour de lui. Les médecins, infirmiers, chauffeur de taxi, collègue de travail, les souvenirs afflux et nous comprenons ce qu'il a pu vivre depuis qu'il a été surpris dans une position inadéquat. Le père reste fidèle a ce qu'il pense, même s'il a des mots durs, il ne se montre pas comme un autre, tandis que sa mère, j'avoue ne pas pouvoir la voir en peinture. Elle est toujours derrière lui, a le critiquer, médire ses choix vestimentaires ou la nourriture et par-dessus tout ses fréquentations, même s'ils ne sont que des amis. Elle a toujours "homosexuel" par ci ou par là dans la bouche, comme si c'était une excuse, une manière de montrer qu'elle accepte sans accepter. Couper les ponts seraient une bonne idée, mais je ne suis pas Victor et je suis bien plus radicale que lui. Lucas est un collègue de travail, un véritable ami, enfin il pourrait l'être si Victor le laissait approcher. C'est quoi l'amitié pour notre malade ? Il a peur de quelque chose, de perdre ce qu'il n'a pas encore construit et l'on sent bien que Lucas aimerait plus, pouvoir être présent pour l'aider. Lucas semble être un solitaire qui ne demande rien d'autre que d'aider. Le tatouage a sa propre histoire, son propre vécu au sein du récit. Il vit en Victor, ou plutôt sur le dos de Victor. Le résumé nous indique déjà qu'il va perdre une plume après l'autre. Est-ce la signification des fameux vœux ? Et si tout n'était qu'un rêve ? Et si l'esprit de Victor ne le laissait se prendre au jeu ? Pourtant l'hôpital est bien réel et les personnages qui y travaillent et tout ce qu'il y a autour également. Alors oui cette pointe de fantastique apparait étrangement, mais Noël approche, alors pourquoi pas un peu de magie dans la vie de Victor ? Et qui est ce sdf au final ? Un vieil homme qui se terre sous un échafaudage ou bien tout autre chose ? C'est "amusant" de le voir apparaître par endroit, un peu comme un ange gardien, même si l'accident semble être provoqué par sa présence, ou pas. D'ailleurs, la fin ne laisse pas la place à l'imagination et nous montre la voie de Victor, celle qu'il a choisi pour la suite de sa vie. En conclusion, c'est une courte histoire nous ouvre les yeux sur nos propres situations, sur ce que nous désirons faire quand nous serons grands. Nous nous laissons prendre au jeu de ces plumes qui sont imprégnées sur le dos de Victor et vivent leur vie en disparaissant et devenant autre chose. L'amour n'est pas simple, il y a tellement de façon d'aimer que nous nous perdons facilement. Et si nos choix n'étaient pas les bons, que ferions-nous ? Quels seraient vos trois vœux si on vous en donnait la possibilité ?Extrait choisi :
« Chaque plume avait une histoire. Similaire et différente à la fois.
L’ouvrier bourru Roberto, le charmant Allemand Ignace qui avait vingt ans de plus que lui, Bruno et sa tête de chat persan, plus poilu qu’un ours, le jeune Ben, qui n’était pas plus jeune que lui, mais qui semblait à peine sorti des jupes de sa mère.
Onze hommes, plus différents les uns que les autres et qui avaient un point commun extraordinaire. Lui. Pas qu’il soit extraordinaire, mais qu’en onze jours, il les ait tous rencontrés et que peut-être une chose aurait été possible avec chacun d’entre eux.
Les plumes étaient toutes tombées. Sauf une.
Sa dernière chance.
Et il savait pourquoi, inconsciemment, il avait réuni ces hommes au même endroit.
La douzième plume…
Sa dernière chance.
Ce soir, l’un des onze la gagnerait ? Il l’espérait. »