Nu avec Picasso d'Enki Bilal

Par La Chronique Des Passions

Quelle est cette main inconnue et surpuissante qui attrape Enki Bilal au beau milieu de la nuit et le projette sur un lit de camp ?
Quel est ce lieu mystérieux et hanté dans lequel il a atterri ?
Qui sont ces créatures, minotaure, cheval ou humains déformés, que l'artiste rencontre en essayant de trouver son chemin dans ce labyrinthe sombre et inquiétant ?
Que lui veulent-elles ? Et dans quel état sortira-t-il de cette incroyable nuit ?
Dans une déambulation hallucinée, Enki Bilal croise tant les personnages de Picasso, ses muses, ses modèles, que le grand maître lui-même et Goya, son idole. Son errance dans les couloirs du Musée Picasso prend la forme d'une rêverie éveillée qui nous fait toucher du doigt l'œuvre du peintre espagnol d'une façon sensorielle et envoûtante, pour aboutir en épiphanie à la présentation de Guernica, la grande toile du maître.

J'ai sélectionné ce livre dans le cadre de la masse critique babelio. J'ai été aux anges d'avoir la chance de pouvoir consulter et chroniquer ce livre mais j'avoue avoir été un peu déçue.

Pas tant sur le contenu. C'est juste génial de pouvoir avoir Enki Bilal qui rentre dans le musée Picasso et qui crée, réinterprète.

J'adore Enki Bilal, c'est un artiste qu'on ne présente plus et qui a largement fait ses preuves. C'est donc jouissif d'avoir ce livre qui fait se rencontrer les deux hommes.

C'est justement là où le bât blesse. Pour une rencontre de cette envergure, je trouve que le format papier n'est pas à la hauteur.

Il s'agit d'un livre assez quelconque dans son aspect. Je ne parle pas d'un aspect minimaliste. Non. Il est vide, creux. Il aurait mérité d'être réfléchi comme un cahier, un croquis...je ne sais pas mais pas ce format si.. banal. L'adjectif, vous le comprenez dessert la matière qu'il doit au contraire valoriser.

De la même manière les dessins et les textes de Bilal ne se répondent pas assez. Le texte est écrit en petit et même si les dessins de Bilal sont des dessins de Bilal , ils auraient mérité d'être mieux mis en valeur.

Le livre est court et pourtant il ne donne pas envie de le feuilleter d'une traite. En fait, je trouve le concept de base est génial mais il doit être à la hauteur des artistes qu'il sert.

J'aurais aimé trouver un mariage heureux entre les œuvres de Picasso, les dessins et le texte de Bilal. C'est comme boire un vin millésimé dans un gobelet en plastique . - Tu sais que tu bois un bon vin mais tu as beau faire, tu vois le gobelet en plastique. -

Bref, un livre qui intègre un concept génial mais mal servi dans la forme éditoriale.

Le dehors, pour chaque artiste, étant son époque, son environnement, familial, social, culturel, politique, géopolitique, l'air qu'il respire aussi et surtout...
A l'opposé, en opposition même, il y a le dedans. Là, nous entrons dans le domaine insaisissable, glissant, fuyant, de la création. Le dedans de l'artiste digère le dehors, le façonne et le recrache.