Un dessin de Blexbolex en bandeau de couverture. (c) Seuil.
L'écrivain s'est glissé avec talent, car il n'est pas facile de sonner juste dans cet exercice, dans la peau de Fabian, qui vit avec ses parents français à Sarcelles. Le gamin est en CE2 (3e primaire belge). Il est imaginatif, fou de poésie, travaille bien à l'école, a des copains, aime le foot aussi. Un gamin comme tant d'autres si ce n'est que ses parents convertis ont décidé de partir en Syrie pour défendre le peuple contre Bachar el-Assad. A Raqqah, Fabien va devenir Farid et découvrir les "musulmans du califat".
Il nous en fait part avec son cœur d'enfant, dans un style proche de l'oralité, écartelé entre son passé et l'avenir qui est décidé pour lui. Par ses parents d'abord, par l'organisation islamiste ensuite. Les illusions parentales s'effacent petit à petit mais c'est trop tard, la famille est coincée là. On suit Fabien-Farid dans ses pérégrinations, l'enfer des entraînements et des camps successifs, aussi dans les quelques grains de bonheur qu'il parvient à cueillir ici et là. Si dérisoires. Quatre ans d'une enfance qui n'avait pas mérité cela et qui nous bouleverse de la première à la dernière ligne. Une fois rencontré, impossible d'oublier Fabian-Farid et ses aspirations.