S’adapter, Clara Dupont-Monod, Stock, 2021, 176 pages
Billet dangereux, qui risque d’en choquer certains ou certaines, j’ai longuement hésité à l’écrire et puis je me suis dit qu’après tout, il ne pouvait pas y avoir consensus sur un livre, il fallait bien quelques voix discordantes…
Tout le monde connait l’histoire, un enfant handicapé nait dans une famille, l’aîné et la cadette sont déjà là, ce sont eux qui auront la parole, mais pas vraiment puisque les narratrices sont censées être les pierres de la cour, celles qui ont tout vu, tout senti, tout vécu depuis des millénaires. Ces pierres se sont donc attachées à livrer la manière dont le reste de la fratrie a vécu ce handicap lourd.
Point de vue original, mais pas probant. Les pierres se rappelaient à nous par moment, mais globalement, on oubliait que le récit venait d’elles… Un artifice plutôt raté de mon point de vue.
Mais bon, ce n’est pas là que ça a vrillé.
D’abord j’ai tiqué sur les premières phrases, que j’ai trouvées maladroites et pas très appropriées pour commencer ce récit. Et puis, surtout, je n’ai jamais ressenti l’once d’une émotion, rien de rien, je suis restée très extérieure au récit, je regardais les personnages évoluer, de loin. On pourrait prétendre que je n’ai pas de cœur, que je suis insensible. Que nenni ! Je suis capable de verser des larmes sur une phrase. Ici, non. L’écriture ne m’a pas du tout touchée. Des phrases, courtes, mises bout à bout, pour décrire la nature (et même là, je suis restée de marbre), pour dire les événements, répétitifs, sans aspérité, sans rugosité, tout est lisse, doux, mais sans la beauté et le choc des mots.
Et puis, des clichés, du déjà vu, déjà lu, du terne sans être sombre, du doux sans être lumineux, pas poétique et pas bouleversant.
Je crois que j’en attendais trop, on m’en avait tant dit, que j’avais mis la barre très haute, et je me suis cassée le nez sur des mots sans saveur. L’ensemble manque de subtilité, de suggestion, de profondeur, c’est souvent trop appuyé, ça frise le cliché, c’est parsemé de poncifs. Et la dernière partie a fini de m’achever, c’était trop…
Il y a bien quelques phrases qui échappent au carnage, qui se détachent et que j’ai appréciées, vraiment jusqu’à les relire, mais elles ne sont pas assez nombreuses à mon gré.
J’ai offert ce roman à une amie, avant de l’avoir lu, elle l’a beaucoup aimé. Si je l’avais lu avant, je ne lui aurais jamais offert, ça aurait été dommage…
Je suis désolée de ne pas partager l’avis quasi général, peut-être n’aurais-je pas dû le lire après un roman qui m’avait bouleversée… Et puis, je ne fais aucun mal à ce livre, puisqu’il a reçu plein de prix et qu’il est porté aux nues par la majorité des critiques.
En revanche, grâce à la lecture de ce livre, je participe au challenge Lire autour du handicap, organisé par Eva, Patrice et Ingannmic.