Olive Kitteridge, Elizabeth Strout

Olive Kitteridge, Elizabeth Strout, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon, Editions écriture, 2010 et 2012 pour la version poche

« Le printemps était magnifique, c’en était injurieux. »

13 chapitres comme 13 nouvelles. Le fil conducteur est la petite ville imaginaire de Crosby, dans le Maine. J’aurais pu dire que c’était le personnage d’Olive. Oui aussi, mais pas que. D’une part, parce qu’elle n’est pas présente dans tous les chapitres et quand elle l’est, elle l’est parfois à la périphérie, mais aussi parce que chaque chapitre est une histoire à part entière, une tranche de vie d’un couple, d’une personne seule, d’une rencontre… Ce sont tous des anti-héros ou des héros ordinaires, des personnes comme vous et moi, sans aucune particularité, des personnes simples.

L’auteure s’attache à décrire leurs relations, leurs émotions, leur difficulté à communiquer, à être.

Ce roman pourrait s’appeler « contes de la vie ordinaire », sa construction est originale, son écriture est vive, alerte et précise. Fine et subtile.

Et puis, il y a Olive ! Un personnage qui parait d’abord monstrueux, antipathique à souhait, détestable mais qui révèle ses failles à chaque tableau. Un être d’une grande complexité comme chacun d’entre nous. Et si parfois, elle nous glace et nous terrorise, parfois elle nous touche, à quelques phrases d’intervalle, elle nous bouleverse, et on a envie de lui dire « mais casse ta carapace, laisse-toi aller ! »

C’est tout sauf un roman binaire, il n’y a pas les bonnes personnes et les mauvaises personnes, il y a les gens avec leurs qualités et leurs défauts, avec ce qu’ils essaient de faire de leur vie, avec leurs faiblesses et leurs peurs qui les rendent stupides, méchants, ou tout simplement maladroits. C’est vraiment très finement vu !

Et j’en reprendrais bien une dose avec la suite Olive, enfin.

« Oh ! Toutes ces choses que les jeunes ignorent… Ils ignoraient que les corps flasques, vieillissants, fripés, connaissent le désir tout autant que les jeunes corps fermes, et que l’amour ne peut pas être traité à la légère, comme une vulgaire tartelette présentée parmi d’autres sur un plateau de desserts qui repasse sans cesse. Non, si l’amour était à portée de la main, il fallait s’en saisir ou y renoncer. »

Et je participe ainsi à l’Objectif PAL d’Antigone.

Olive Kitteridge, Elizabeth Strout