Me revoilà avec Agnès Desarthe, une autrice dont j'apprécie l'univers, l'écriture, sa façon de m'accrocher. Je n'attendais rien de L'éternel fiancé à part des va et vient entre deux héros, comme deux boules de flipper qui ne cessent de se rencontrer, de se croiser, de se toucher mais qui ne restent pas ensemble. J'ai été servie ! Mais comme d'habitude avec Agnès Desarthe, le récit l'emporte et me surprend. Parce que parler de lui, revient en fait à parler de soi !
Dans L'éternel fiancé, Agnès Desarthe retrace la vie d'une héroïne, élément du milieu d'une sororité à trois têtes. Plusieurs étapes vont être éclairées par ses rencontres avec Étienne, celui qui s'est déclaré à quatre ans et qui a un peu oublié son serment d'union avec le temps. Tandis qu'elle vit dans la nostalgie de cet instant enfantin en se le remémorant sans cesse au point d'attendre un déclic à chaque rencontre, Étienne prend son envol, choisit la folie et la passion, brûle un peu ses ailes. On retrouve un peu la cristallisation stendhalienne.
L'éternel fiancé parle de contrastes et de choix de vie : celui de l'inattendu et de l'imprévu, celui plus plan-plan et plus raisonnable. L'éternel fiancé décrit les liens familiaux, une mère qui choisit de tout plaquer pour sortir de l'ordinaire et revivre, une superbe relation entre une fille et son arrière-grand mère.
J'ai trouvé dans cette histoire un couple aussi passionné et déchirant que celui dépeint dans En attendant Bojangles d'Olivier Bourdeault, un héros très charismatique dont on voit le déploiement de la mue puis la résilience. J'ai aimé aussi l'héroïne, sa façon presque en retrait de raconter tout ce qu'elle vit, une sorte de retenue, de suivre un chemin tout tracé tout en évoluant et en posant des challenges. J'ai trouvé l'écriture d'Agnès Desarthe confortable, sans superflu ; j'ai aimé les anecdotes, les rencontres toujours scotchantes, les dialogues, les liens entre les différents protagonistes empreints de paix. J'ai par contre trouvé la fin complètement ratée de chez ratée. J'ai senti peut-être à tort que l'autrice n'arrivait pas à trouver une sortie possible et donc a envisagé un truc plus qu'improbable. Alors elle a introduit la fin de vie d'un chef d'orchestre, histoire de mettre du lien avec l'épisode "orchestre" de l'adolescence des deux héros. Et là, je n'y ai pas cru du tout, mais vraiment pas.
L'éternel fiancé est une histoire sympa qui se lit bien, avec des scènes fortes et de jolis moments, malgré une fin décousue et peu crédible.
Éditions de l'Olivier
autres avis : Antigone,
De la même autrice : Ce qui est arrivé aux Kempinski - Dans la nuit brune - La chance de leur vie -