Le pacte (Gwenn-aël)

 

Le pacte (Gwenn-aël)

Auteur : Gwenn-aël

Éditions : Evidence

Parution le : 21 janvier 2022

254 pages

Thème : Thriller

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon


J'ai aimé :)

 Résumé 

« Forêt-Noire. Allemagne. Perdu au cœur des bois, le village de Berka sombre dans l’oubli depuis la fermeture de ses thermes. La rumeur d’un être maléfique rôdant dans le massif a conduit les curistes à abandonner le site.

Disparitions de randonneurs, cadavres mutilés… Que se passe-t-il réellement dans ce lieu autrefois si prisé ?
Il faudra remonter le cours du temps pour comprendre les origines d’un drame qui s’est noué quelques siècles plus tôt, là-bas, dans ce petit village si paisible pourtant.
Mais attention, bien mal avisé qui se fiera aux apparences. »

  Un autre livre de l'auteur ? C'est avec : Wendigo
 

 Ma chronique 

  Je remercie Jennifer ainsi que la maison d'éditions Evidence pour cette nouvelle lecture.
Ayant déjà lu un de ses livres auparavant, Wendigo que j'ai beaucoup aimé, c'est tout naturellement que lorsque j'ai vu cette nouveauté paraître, je me devais de le lire. Il n'est pas aussi prenant que le précédent, mais il a de bonnes qualités, je dirais juste quelques manques, mais j'en parlerais plus tard. Des thermes doivent ouvrir sur un ancien site que le "village" d'à côté a pu racheter à moindre cout. Bien que des travaux soient à faire, ils voient tous d'un bon œil cette future ouverture qui permettra au village de reprendre des couleurs en laissant des visiteurs parcourir leurs terres et surtout dépenser de l'argent, bien entendu. Sauf que les travaux ne se passent pas comme ils le voudraient tous, un puits est découvert sous des lattes d'un bureau, une longue descente à l'un des gars du chantier et une découverte macabre : le corps d'une jeune fille momifiée arrête toutes tentatives de reconstruction de ces futures thermes, qui auraient pu sauver les villageois et ce dans tous les sens du terme. 40 ans plus tard, après bien des corps retrouvés dans cette forêt, Helena Schmidt, journaliste pour un vrai magazine de science et enceinte de sept mois débarque afin de prouver au monde entier, ou tout du moins à l'Allemagne qu'il n'y a pas de monstre caché dans cette forêt, pas de danger autre que la nature en elle-même, car les vampires, zombies, et autres créatures du malin n'existent pas, pas vrai ?     Un récit qui passe par l'horrifique par moment avec des scènes bien macabres, bien sanglantes et bien entendu un monstre caché sous les fougères qui n'attend qu'une chose : dévorer tout sur son passage. Les jours passent, les mois, les années, mais l'auteur nous fait revenir par moment dans le passé lointain d'une comtesse et de sa fille, cette dernière ayant disparue étrangement. Cette jeune fille retrouvée sous les lattes d'un plancher au fin fond d'un puits. Est-ce que la mère était au courant ? Est-ce arrivée avant sa mort, ou après ? L'Histoire nous raconte ce qu'elle veut, avec les souvenirs, les écrits des plus proches parents, les convictions de chacun et le maire du village qui semble avoir bien des secrets, comme tous à Berka. Un nom de village qui pourrait aller à n'importe quel autre village d'Allemagne ou d'ailleurs, sauf que lui ne semble pas avoir bougé depuis des années. Un peu comme en Bretagne où les anciens villages n'ont pas évolué comme les grandes villes, pas de connexion, pas de réseau, entouré de forêt sombre où des légendes n'ont eu de cesse de grossir et par-dessus tout des routes complètement délabrées pour y parvenir. Un véritable parcours du combattant pour obtenir un article de premier choix, surtout lorsque le temps s'y met. Un bon froid, ou une bonne pluie peu importe, les éléments climatique s'amusent avec ceux qui veulent un peu de frisson ou une vérité qui fera bien plus peur que n'importe quelle histoire racontée autour d'un feu de camp.     Les 666 mis entre chaque gros paragraphe nous donne déjà des indications : le Mal, le Diable a quelque chose à voir avec tout cela, mais quoi ? Bien entendu je ne vous raconte rien sur lui ou le fléau qu'il a mis sur la route de ces hommes et femmes qui veulent des frissons et ils sont garantis ! Non, mais ces jolis 666 ne cessent d'intriguer du début à la fin et c'est vers cette fin que tout se dévoile sur lui. Des éléments étaient courus d'avance, rien que pour Axel, par contre la créature du fin fond des bois et pas dans la cabane du bucheron restait un mystère car qui aurait pu croire que c'était bien cela ? Le mystère s'est épaissi, des zones d'ombres plus grande que celle d'une forêt qui entoure le village renfermé sur lui-même. Et cela depuis si longtemps que s'en est effarant ! Une forêt où les peurs les plus profondes sont ancrées par des oui-dires, des massacres par des animaux (merci les pumas), des randonneurs perdus à jamais... Et si tout cela n'était que l’œuvre d'un psychopathe qui vit dans les bois ? Il existe tellement de personnes mal dans leur peau qu'un rien peut les faire basculer. C'est ce que pense Helena en ayant la preuve de certaines falsifications. Et si ce n'était pas une personne, mais un groupe ? Et si la folie était en train de l'entraîner dans un puits sans fond ?    

Un petit cours d'histoire au passage me rappelant un certain comte qui avait les mêmes prédilections, les mêmes envies, la même passion pour un fait sur l'Humanité. Le pouvoir, la façon de mener d'une main de maître ses troupes, ses villageois, son peuple à faire des choses pour qu'il les soutiennent. Ces personnages du passé ont une forte emprise sur eux, même maintenant. Les histoires racontées, les légendes perdurent, les bruits aussi. Les murs sont empreints du passé sombre que chaque lieu a pu renfermer. chaque récit, chaque mot gravé par le sang ou sur un papier, chaque lettre laissée dans un document est un rappel d'un fait historique dont la population a désirée garder au plus profond de soi, par peur, par envie, par mépris ou tout simplement parce que la vie de leur ancêtre a été modifié sans qu'il ne le sache véritablement. L'ambiance du passé n'a jamais vraiment été dissoute, cette atmosphère glauque, poisseuse, avec les regards froids sur les étrangers, les portes ouvertes, les attaques par surprise, tout est encore présent dans l'esprit de chacun d'entre eux et pour cause ! Les frayeurs sont toujours dans leur veine, leur sang coulant inexorablement vers ce qui a bloqué leur destin.

    Chaque scène comporte une dose de suspense, un mal-être qui ne lâche pas le lecteur. Nous savons qu'il va se passer quelque chose et un conseil, ne vous amusez pas à aimer un personnage, cela ne sert à rien avec cet auteur qui les maltraite et les décime plus vite que son ombre. Certains vont rester en vie bien entendu et d'autres ne feront qu'un rapide passage dans ces lieux. Helena, le maire, le légiste, Axel et son père, Leni, la comtesse Catherine, son frère Heinrich inquisiteur légèrement fou sur les bords, Frantz le meilleur ami d'Axel... Chacun d'entre eux va vivre une aventure ou en a vécu une hors du commun. Ce qui m'a dérangé ce n'est pas le récit en lui-même, mais plutôt les manques que j'ai pu ressentir sur certains points. Le changement de style d'écriture ne me pose pas de problème, puisque cela par sur le fait que nous retournons dans le passé de l'un ou l'autre des personnages, c'est plutôt le fait qu'il faut chercher pour savoir quand les événements se passent. Les années ont passé et il faut vraiment tomber sur le détail qui nous dira que cela fait 40 ans par exemple qu'une dépouille a été trouvé. Le fait aussi qu'il y a pas mal d'extrait de certains historiens, qui est vraiment une aubaine de les avoir, sauf qu'ils sont intégrés dans le texte sans vraie séparation ou préparation. Nous suivons un personnage, nous changeons de chapitre et tiens un texte qui fait froncer les sourcils, nous lisons que c'est un historien ou un blog qui a écrit et nous revenons ailleurs. Je dois avouer que cela m'a perdu par moment. Ce sont vraiment les points qui m'ont dérangé dans cette histoire.
  Les personnages cachent bien leur jeu pour la plupart et si certains faits et rebondissements se voient comme le nez au milieu de la figure, donc sont vraiment plus subtils. Le monstre tapi dans les bois n'est peut-être pas le plus dangereux, même si l'auteur nous en donne de belles descriptions, nous pourrions presque sentir son odeur fétide. Pas certaines qu'il reste beaucoup de pumas dans cette forêt. La manière dont les événements s'enchaînent est rapide. L'écriture est toujours aussi sympa avec peut-être un peu plus de descriptions par endroit aurait été pas mal. Je n'ai pas ressenti le grand frisson, comme je l'ai indiqué tout en haut de mon avis, Wendigo était plus fort, mais pour les débutants il va vous faire peur et probablement vous dire qu'il ne faut pas aller voyager par-là ! La fin reste dans la logique de tout ce qui a été disséminé tout le long du récit, pas de grosse surprise à ce sujet, juste un retour des choses qui ne pouvait pas se faire autrement et j'ai aimé cette façon de faire. Cette fin qui est un début, un renouveau, un véritable partage et une lueur d'espoir. Le Mal a beau avoir des moyens immenses, il n'est rien comparé à la foi que chaque personnage peut avoir en lui et surtout face à son reflet.  
En conclusion, un récit qui a une bonne matière pour donner le frisson aux lecteurs les plus peureux et une envie plus particulière de visiter ses lieux pour les plus courageux. Suivre les personnages a été intéressant autant dans leur capacité à comprendre ce qui les entoure qu'à la façon dont ils vont réussir à s'en sortir, enfin ça, c'est pour les survivants bien entendu ! Allez, qui va avoir le courage de mettre un pied en pleine forêt noire ?  

 Extrait choisi :  

« Le constat s’était imposé de lui-même. Ces meurtres – car elle n’avait plus aucun doute sur ce terme –, étaient l’œuvre d’une seule personne. Le mode opératoire témoignait de l’acte d’une personne isolée.
Les habitants cautionnaient les actes monstrueux d’un individu. L’un des leurs…
Il ne s’agissait ni d’accidents ni d’attaques d’animaux sauvages, encore moins d’un esprit malfaisant, mais d’un homme, un simple être humain.
Ils protégeaient un tueur en série, un malade… qui reproduisait le meurtre de Bettina sur ses victimes. Quelles raisons obscures poussaient cet individu à commettre des actes aussi insensés que cruels ?
Helena se souvint de la réaction du maire quand elle lui avait demandé s’ils avaient réellement récupéré les restes de la comtesse. Un frisson la transperça de part en part. Elle ne pouvait ignorer la nervosité qui avait animé l’homme, comme si, soudain, le sujet le mettait mal à l’aise. Son estomac se retourna. Le sol se dérobait sous ses pieds. La jeune femme dut s’asseoir quelques instants sur le perron de la mairie, laissant le malaise se dissiper tandis que son cerveau poursuivait inlassablement son périple dans les méandres de l’esprit humain, dévoilant des déductions... »

Le pacte (Gwenn-aël)


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