Etreintes infernales, tome 1 : amour déchu (Sacha Laguillon)

 

Etreintes infernales, tome 1 : amour déchu (Sacha Laguillon)

Auteur : Sacha Laguillon

Éditions : Evidence

Parution le : 04 février 2022

183 pages

Thème : Romance paranormale MM

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

Fait partie de la série

Etreintes infernales

J'ai aimé :)

 Résumé 

« Romain habite dans un village très catholique. Depuis l’adolescence, il dissimule son homosexualité avec l’aide de sa meilleure amie, mais Orion, élève turbulent qui se moque de la religion, découvre son secret et menace de le révéler.
Romain devient obsédé par ce jeune homme qui l’énerve autant qu’il l’attire. En le suivant, il s’aperçoit que les yeux d’Orion changent de couleur et qu’il se passe des choses inexplicables autour de lui. Que cache-t-il ? Et pourquoi semble-t-il attiré par le chaos ?
»    

 Ma chronique 

  Je remercie Jennifer ainsi que la maison d'éditions Evidence pour cette nouvelle lecture.
Je ne connaissais pas la plume de l'auteur et je suis ravie d'avoir pu le faire avec ce premier tome. Romain vit avec ses parents et sa petite sœur Célia qui ne cesse de voler pour attirer l'attention de leurs parents en plein divorce, dans un village qui est fermé à tout sauf l'église. La religion est primordiale pour ce village qui est comme qui dirait dirigée par la mère de Marie, la fausse petite amie de Romain, tenant d'une main de fer la seule école (du primaire au bac). Un village dans toute sa splendeur qui ne veut pas de médiocrité et encore moins de déviances sexuelles. Seule la normalité doit être un homme une femme point final et encore avec un écart d'âge très court. Pas le droit de penser, de dire, de faire ce qui n'est pas dans l'esprit de ces bien-pensants. Pourtant c'est toujours dans ces mentalités que les fantasmes sont bien plus nourris qu'ailleurs : la peur de ne pas être dans les clous, celle d'être montré du doigt, poussé au suicide pour des envies différentes des "lois". Être obligé de vivre une vie qui n'est pas la leur la plupart des adolescents sont coincés dans un corps qui ne leur appartient pas, avec la seule intention c'est de pouvoir vivre leur vie une fois le bac en poche loin de trifouillis-les-oies, hum pardon, loin de Saint-Antoine-Sous-Bois.     La vie de ces adolescents est difficile, mais ils arrivent à ne pas se faire attraper, à part un ou deux qui n'ont pas eut cette chance, Romain et Marie ont trouvé une solution de facilité : faire croire qu'ils sont ensemble pour pouvoir souffler de longs instants. Romain sait qu'il est gay et Marie n'est plus vierge. Deux personnages qui seraient montrés du doigts sans aucun soucis par les commères et mégères du village si elles le savaient. Ils se cachent pour boire et fumer, enfin surtout Marie qui aime s'amuser avec son corps et fumer des joints pour se relaxer et oublier leurs conditions de vie. Aimés de leurs parents, ils n'ont pas confiance en eux, il suffirait d'un mot de travers pour se retrouver acculés près à être lapidés si c'était encore en cours. Il ne manque plus que l'inquisiteur dans les parages. Dire qu'il existe encore des villages de ce type, restant dans le moyen-âge sur des principes moraux, n'ayant pas le moins du monde évolué et dont la plupart des villageois seraient heureux de dénoncer son voisin si ceux-là même n'avaient pas quelques secrets inavouables. Je parle en connaissance de cause sur ces villages, ou hameaux dorénavant qui vivent quasiment en autarcie et voient d'un mauvais œil un étranger. Vive la Bretagne, même si pour le coup, nous sommes proches de Châteauroux dans cette histoire.     L'école privée est bien représentée avec ses nombreuses classes du CP à la terminale, l'obligation du port de l'uniforme qui existe toujours (mon fils est dans un tel établissement, mais bien plus ouvert d'esprit que celui-ci !), mais met tout le monde au même niveau. Pas de marques, pas de démarquages, tous les élèves sont identiques afin d'oublier les conditions de vie de chacun et ce n'est pas plus mal. À sa tête une directrice qui ne laisse rien passer sauf si l'élève fait partie des meilleurs tableaux. Une discipline de fer pour avoir les meilleurs élèves, si ce n'était les voies déplorables de la vie privée de chacun, se serait une école quasi parfaite, ce qui est loin d'être le cas, malheureusement. Être le ou la meilleur(e) ne signifie pas avoir la science infuse, juste l'envie d'être mis sur un piédestal afin d'acquérir de la liberté. Marie est bien au courant, sa mère étant la directrice, elle se doit d'être la meilleure et son secret reste bien caché grâce à Romain. Jusqu'à ce que Orion, un élève de première vient les titiller et surtout indiquer à Romain qu'il sait. Il ne restait que quelques mois pour Romain et Marie avant le bac et la liberté tant convoitée. Ces quelques mois risquent de devenir bien trop longs à leur gout à cause de cette épée de Damoclès juste au-dessus de leur cou.     La question durant une partie de ce récit est de savoir comment Orion sait que Romain est Gay, que leur couple est faux avec Marie et pourquoi vient-il le chercher continuellement. Le regard qu'il lui lance n'est pas anodin, pas sexuel non plus, il y a un mélange de lentilles de contact de couleur agrémentés d'une pointe d'envie rougeâtre ? L'étrange arrive dans leurs vies par le biais de Orion et de sa famille, mais aussi d'autres personnages qui arrivent dans ce village pour y vivre. LES ennuis ? Romain ne pensait pas qu'il aurait pu en avoir dans ce pacifique village tant chéri (hum pardon, ironique) Chacun a des secrets et compte sur le silence de l'autre pour continuer certaines perversions. Jusqu'à ce que cela soit découvert, par un parent, la police ou tout simplement Joséphine, la secrétaire de la police qui est très douée pour lancer des ragots à tout va. Brave femme va, elle doit vraiment s'ennuyer chez elle pour appeler aussi souvent et inventer des histoires quand elle n'a pas la vérité, enfin même si elle l'a par ailleurs. C'est LA concierge du village, vous désirez savoir quelque chose, allez la voir, prenez des notes, elle est douée pour bavasser sans même se rendre compte que les intéressés sont juste à côté. Elle mérite la médaille du savoir-vivre en toutes circonstances. Elle arrive malgré tout à se sentir gênée prise en flagrant délit, c'est qu'il y a peut-être quelque chose à retirer de tout cela, ou pas.     Autour de Romain, sa petite sœur Célia de 15 ans est perdue depuis que son père a trompé leur mère avec un personnage dont nous n'aurions pas pensé et au final en ayant la totalité de ce qu'ils sont, c'est presque logique tout cela. Orion est un sachant qui il est vraiment. Il déteste ce qu'il est, mais ne peut pas faire autrement et lorsque Romain l'entend de sa bouche, c'est... particulier. J'en viens aux petits bémols qui ne gâchent pas le récit, c'est juste ce que j'aurai avoir en plus. Le fait que Romain se pose plus de questions en connaissant la vérité sur Orion. Ce dernier lui avoue suite à une approche et c'est OK. Euh, comment dire que Romain aurait pu penser à de la magie, illusion d'optique, effet des joints de sa fausse copine, car même s'il ne les fume pas il est à côté, je ne sais pas comment le dire, mais il accepte trop vite à mon gout cet état de fait. Tout comme l'histoire, je m'attendais à ce que cela ne soit pas si rapide. Les événements s'enchainent beaucoup trop vite, en même temps vu le nombre de pages, moins de 200, j'aurai dû m'en douter. Il m'a manqué plus de temps entre eux, plus de détails sur ce pourquoi Romain devient ainsi à la fin. C'est vraiment le fait que tout va trop vite qui m'a dérangé aussi bien dans les approches que la façon dont arrive les combats, car il y en a. Plus de détails, de descriptions n'aurait pas fait de mal à ce récit, bien au contraire. Comme je l'ai indiqué, cela ne gâche pas ce premier tome, ce sont juste des manques qui me sont apparus une fois le livre terminé bien trop vite et puis ce n'est qu'un premier tome, le second sera peut-être plus long, qui sait ?     Ce que j'ai aimé ? C'est bien plus nombreux. Les descriptions de tout ce qui entoure l'église avec ce qu'il ne faut pas faire, les mentalités des personnages qui sont ancrées dans le passé en montrant du doigt, nous en sommes presque à un retour en arrière, ne manque plus que le bucher, mais les suicides sont tout de même courant. L'amitié entre Romain et Marie, l'amour fraternel entre Romain et sa sœur Célia, l'approche plus que branlante d'Orion, ce sont des éléments qui font à la fois plaisir à voir et tout aussi drôle. Les explications sur les cours de catéchismes et ce qui va avec, la bible, les saintes écritures qui sont remises en question afin de garder un certain équilibre. Tout n'est qu'une question d'équilibre, nous l'entendons assez souvent et le lisons également : le Bien et le Mal ne peuvent exister que si l'autre est présent. Il ne peut pas y avoir de mauvaises actions sans une part de générosité par la suite. Chaque livre qu'il soit pour amuser ou pour apprendre peut-être vu de différentes manières, il suffit que ceux qui les lisent ne l’interprètent pas de la même façon pour que les sens soient différents. Et les scènes de combats... Je dois admettre que j'ai bien ri lorsque je suis tombée sur ce passage : "Il le lui planta dans le cœur à plusieurs reprises pour s’assurer qu’elle était bien morte." Je dois dire que j'ai explosée de rire juste avec cette phrase, cela m'a fait penser aux films d'horreurs où la victime au lieu de passer par-dessus son bourreau, vérifie bien qu'il est mort en lui redonnant quelques coups. Merci pour cet humour qui passe par des phrases de ce type et bien d'autres d'ailleurs tout le long du livre.     Il y a une part d'érotisme dans le livre malgré tout, je ne m'attendais pas à cela et si la première scène me paraissait parfaite pour expliquer pas mal de choses sur les personnages concernés, la seconde m'a paru de trop. Après il n'y en a que deux, donc cela n'est qu'un détail insignifiant. Nous avons tous nos démons intérieurs, notre part de secrets plus ou moins avouables, des fantasmes, des envies. Par moment cela semble difficile de les garder pour soi et à d'autres cela est simple de les camoufler si loin qu'on les oublie. Il suffit parfois d'une personne, ou d'un groupe de personnes pour désinhiber tout cela et l'auteur le décrit très bien dans cette fameuse soirée. Bien entendu, le paranormal s'applique à cet instant, mais en y regardant de plus près, les actes et la façon de regarder, d'appuyer tel ou tel mot, tel ou tel regard, le déclic se fait sans avoir besoin de poussière de fées. Le titre, ainsi que la couverture qui est sublime par ailleurs devrait déjà donner la puce à l'oreille. Je n'en dirais donc pas plus sur les personnages qui se dévoilent rapidement.     En conclusion, un petit livre qui démarre vite sur le fantastique et donne une autre vision de ce que nous avons déjà pu découvrir dans d'autres histoires. C'est une manière de voir les choses que j'ai apprécié, car il y a toujours deux facettes d'une même couverture. Le village aurait dû être radié de la carte, mais cela ne fait pas de mal de voir comment les autres vivent pour encore plus apprécier la notre. Nous nous retrouvons presque au temps de l'inquisition et cela fait froid dans le dos, tout cela parce que des gens bien intentionnés (ah ah ah) on décidé qu'il fallait vivre selon ce qu'ils veulent et non selon les désirs de chacun. Je ne suis pas prête d'aller faire un tour de ce côté de la France, mdr, par contre j'irai bien à Lyon, il parait que c'est la meilleure ville de France pour y vivre, à suivre donc !
 

 Extrait choisi :  

« C’était la première fois qu’Orion paraissait déstabilisé. Il se reprit cependant rapidement et passa une main dans ses longs cheveux noirs pour se donner une contenance.
— Je me promenais. Et toi ? Tu profites bien du spectacle ?
— Tu ne comprends rien, gronda Orion.
— Tu avais vraiment l’air de prendre ton pied, en tout cas.
Romain ignorait pourquoi cela l’énervait autant, alors que lui aussi avait observé sans réagir, mais il avait besoin de se défouler sur Orion. Ce dernier parut blessé et recula encore d’un pas. La colère de Romain reflua aussitôt.
— Tu ignores tout de moi, tu ne connais pas mes raisons, alors je t’interdis de me juger.
— C’est toi qui lui as dit ?
Il désigna du menton le père, l’arcade sourcilière en sang, qui donnait des coups de pied dans les tibias du professeur, dont le nez saignait abondamment. Ils se battaient comme des lycéens, sauf qu’il n’y avait personne pour s’interposer entre eux et les menacer de journées d’exclusion. Et Romain, même s’il détestait l’admettre, prenait un certain plaisir à voir le père venger les viols de sa fille par une personne qui aurait dû la protéger d’une relation abusive.
— Il fallait bien faire quelque chose. »

Etreintes infernales, tome 1 : amour déchu (Sacha Laguillon)


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