555 - Hélène Gestern
Arléa (2022)
Une femme et quatre hommes nous racontent une histoire en 13 séquences.À la fin de chaque séquence, un sixième narrateur fait entendre sa voix, en quelques phrases il observe le cheminement de l'intrigue, il commente. Quelle part tient-il dans le jeu ?
Tour à tour, prennent la parole GrégoireCoblence, un ébéniste, Giancarlo Albizon son associé luthier, Manig Terzian, une claveciniste réputée, Rodolphe Luzin-Farge un musicologue spécialiste de Scarlatti et Joris De Jonghe,un collectionneur richissime et inconsolé depuis la mort de sa femme.
En restaurant un étui de violoncelle pour un client de Gian, Grégoire découvre, dissimulée dans la doublure, une partition ancienne pour clavecin. Grâce aux relations de Gian, les deux hommes rencontrent Marig Terzian qui accepte de jouer le morceau de musique, qui présente de nombreuses similitudes avec l'œuvre de Scarlatti, lui dont sont connues 555 sonates. Pourrait-il s'agir d'une 556ème, inédite ? Marig contacte Rodolphe Luzin-Farge, le musicologue. Celui-ci, auteur d'une biographie un peu oubliée de Scarlatti, souhaite depuis longtemps la faire rééditer mais son éditeur ne veut le faire que si des éléments nouveaux le justifient. Toujours à l'affût de pièces rares, Joris De Jonghe est informé des frémissements que suscite le mystère autour de la partition. Quelques jours plus tard, malheureusement, un cambriolage dans l'atelier de Gian fait disparaître deux instruments et la fameuse partition.
Surprenant, le remue-ménage que provoquent ces feuillets trouvés par hasard ! Il faut dire que plusieurs des personnages de l'intrigue ont un intérêt à lui remettre la main dessus. Giancarlo pourrait la revendre afin de solder ses dettes de jeu, Rodolphe aurait enfin une raison acceptable aux yeux de son éditeur pour republier son livre et affirmer sa supériorité face à un jeune concurrent italien. Manig y trouverait matière à un nouveau disque pour marquer la fin de sa carrière et donner le départ à celle de sa jeune nièce, pianiste de talent. Joris aimerait ajouter une pièce de valeur à sa collection. Quant à Grégoire, l'évocation de Scarlatti ne peut que le ramener à ce qui le mine, le départ sans explication de sa femme.
Quand j'ai choisi ce roman dans la liste de l'opération Masse critique de Babelio, j'étais certaine que je passerais un bon moment de lecture car Hélène Gestern est une valeur sûre. J'ai dévoré ce livre comme si c'était une enquête policière, avide d'en savoir plus sur cette partition et de découvrir son origine.
Comme souvent chez Hélène Gestern, il est question de recherche dans les archives, c'est le musicologue qui s'y colle et de larges parts de la vie de Scarletti sont évoquées, ce qui m'a permis d'apprendre beaucoup de choses sur ce musicien que je ne connaissais pas vraiment. Et puis, on découvre le petit monde du marché de la musique classique, ses enjeux et ses conflits de pouvoir, c'est caustique et divertissant !
Hélène Gestern ne se prive pas de nous entrainer sur de fausses pistes que l'on suit avec plaisir, jusqu'à l'explication finale, à la fois simple et pleine d'aigreur et de noirceur.
Un gros pavé de 460 pages que j'ai lu en quelques jours car la structure du roman que j'ai expliquée ci-dessus fait que l'on a toujours envie de passer au chapitre suivant et qu'il est difficile de le poser.
Merci à Babelio et aux éditions Arléa de m'avoir offert ce livre.
D'autres avis sur ce livre chez Jostein, chez À sauts et à gambades et sur Babelio.