Le Dernier des maîtres qui vient d’être réédité, est un recueil de onze nouvelles écrites entre 1952 et 1967. Nouvelles qui ont pour titre : La révolte des jouets, Le dernier des maîtres, Les assiégés, L’homme sacrifié, Foster vous êtes mort !, Machination, Le retour du refoulé, Les défenseurs, Planète pour hôtes de passage, Les rampeurs et Match retour.
Pour ne pas être trop long, je ne vais m’attacher qu’à trois textes.
Machination, qui est un pastiche des polars d’autrefois, avec un crime et un assassin qui n’a pas pu sortir de la pièce, des indices pointant vers un supposé suspect et un privé qui mène l’enquête en parallèle de la police ; sauf que nous sommes dans le futur avec robots etc.
Dans le Retour du refoulé, nous sommes au cœur de l’univers de Dick et sa question centrale, la réalité est-elle réelle ? Le genre de sujet qui secoue les boyaux de la tête du lecteur ! Dans ce texte il est question d’un homme persuadé d’avoir tué sa femme, pourtant vivante, avec implantation de faux souvenirs dans les esprits, bref, le Dick à son meilleur.
Avec Les défenseurs, autre angoisse de l’écrivain, le conflit nucléaire anéantissant le monde, une menace, épée de Damoclès qui empoisonnait nos esprits même en Europe dans les années 50 et 60, conséquence de la guerre froide entre Etats-Unis et URSS. Ici, la guerre a eu lieu il y a plusieurs années, les Américains vivent sous terre depuis que la surface a été ravagée et que la contamination radioactive ne permet qu’aux robots de poursuivre le conflit. Jusqu’à ce qu’un homme ne s’interroge sur la véracité des comptes-rendus des combats faits par les robots et décide de remonter à la surface pour voir de ses yeux ce qui s’y passe ! Un vibrant plaidoyer pour la paix.
Un excellent recueil de nouvelles de Philip K. Dick, toujours très bon dans ce genre car devant faire court, il ne peut s’égarer dans des délires qui parfois pénalisent certains de ses romans. Monde anéanti par la guerre nucléaire, Terre désertée des hommes, mutants et robots, toute la panoplie de la S.F. d’alors qui par certains côtés peut faire sourire aujourd’hui (encore que si on remplace le nucléaire par le réchauffement climatique, ce soit moins marrant…) mais qui dans les années où Dick écrivait, correspondait à une véritable inquiétude mondiale.