Délivre-nous du mal de Chrystel Duchamp

Par Lettres&caractères

Après un thriller psychologique magistral sur fond de huis-clos familial diabolique, Chrystel Duchamp revient avec un polar plus conventionnel qui séduira certainement les amateurs du genre.

Délivre-nous du mal de Chrystel Duchamp (éditions l’Archipel)

Comme à mon habitude, lorsque j’ai affaire à un auteur que j’ai déjà lu et apprécié, je me suis lancée dans ce nouveau roman sans rien savoir de son contenu, refusant de lire la 4e de couverture pour éviter d’être spoilée. Je ne sais pas pourquoi mais il ne m’était pas du tout venu à l’esprit que l’auteure puisse nous offrir autre chose qu’un nouveau thriller psychologique. Je n’ai compris ma méprise qu’après m’être délectée du triple prologue absolument parfait. J’étais rentrée dans le roman totalement en confiance, confortée dans mon idée par ce prologue de haut niveau avant de me casser vertigineusement le nez sur un polar tout ce qu’il y a de plus fidèle au genre. Si j’avais lu cette fameuse 4e de couverture, il est certain que j’aurais passé mon tour pour ce roman parce que je ne suis plus en capacité d’apprécier une enquête policière, aussi rondement menée soit-elle et celle-ci, malgré toutes les qualités qui la caractérisent ne fait pas exception. J’ai réussi à tenir jusqu’au bout mais ce fut long et laborieux pour moi qui suis totalement hermétique aux déboires des enquêteurs, à leurs fausses pistes et à leurs intuitions. Je ne lis de la littérature noire que pour cerner les personnalités des tueurs et des victimes et frémir de leur folie ou de leur peur, or je ne parviens pas à ressentir la moindre émotion à travers le regard d’un enquêteur. C’est ainsi.

Heureusement, le roman prend un nouveau virage sur la fin, ce qui a à nouveau piqué ma curiosité même si dans le même temps j’ai été un peu surprise par la manière dont tout ceci était amené.

Je reconnais à l’auteure une vraie recherche d’originalité tant dans la construction de son récit que dans l’histoire en elle-même et le mobile qui se cache derrière ces meurtres en série et je pense sincèrement que les amateurs de polars ne peuvent que se régaler.

« Je brûle, maman. Pourquoi suis-je en feu ? Pourquoi le village est-il en feu ? Pourquoi les pompiers n’utilisent pas leurs lances pour éteindre ce brasier ? Pourquoi me laissent-ils me consumer ? Bientôt, mes os, mes muscles, mes tissus ne formeront plus qu’un tas de cendres. Il sera trop tard. Je brûle, maman. »

Il y a néanmoins un écueil de taille dans ce roman et pour le coup, mon goût très modéré pour le polar n’y est pour rien. Certains monologues sonnent complètement faux, je pense notamment à cette adolescente qui s’exprime d’une manière totalement déroutante pour son âge et son vécu traumatisant ou encore à cet enfant en train de brûler et qui prend le soin de châtier son langage. Totalement improbable ! Je m’étonne que personne, parmi les bêta lecteurs ou l’éditeur, n’ait fait remarquer ce point à l’auteure avant la parution de ce livre.

En dehors de cela, le reste n’est qu’affaire de goût, à vous donc de trancher : polar or not polar ?



L’ESSENTIEL

Couverture de Délivre-nous du mal de Chrystel Duchamp

Délivre-nous du mal
Chrystel DUCHAMP
Editions L’Archipel
Sorti le 20/01/2022 en GF 
297 pages 


Genre : polar
Personnages : l’enquêteur Thomas Missot, les soeurs Esther et Anaïs
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Le sang des Belasko de la même auteure, L’empathie et Fermer les yeux d’Antoine Renand

RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR

Le nouveau suspense de Chrystel Duchamp, autrice de L’Art du meurtre et de Le Sang des Belasko.

Février 2018. Anaïs sollicite l’aide de son ami Thomas Missot, commandant à la PJ de Lyon. Pour elle, pas de doute, sa soeur Esther a été enlevée. Pourquoi aurait-elle, sinon, laissé derrière elle ses clés de voiture, ses papiers et son téléphone portable ?
Les mois passent et, tandis que l’enquête s’enlise, d’autres jeunes femmes se volatilisent. Jusqu’à ce qu’un corps soit retrouvé pendu dans une usine désaffectée, le crâne rasé, la langue sectionnée. Puis un deuxième…

Thomas sait désormais qu’un tueur en série sévit dans la région. Mais il ignore encore que ces cadavres ne sont que la partie immergée du plan machiavélique d’un individu avide de vengeance…


TOUJOURS PAS CONVAINCU ?

3 raisons de lire Délivre-nous du mal

  1. La construction en trois parties est très originale
  2. Vous serez surpris par le dénouement
  3. Vous serez médusé par le prologue

3 raisons de ne pas lire Délivre-nous du mal

  1. Entre le prologue et le dénouement c’est un roman policier tout à fait classique
  2. Comme évoqué plus haut, certains dialogues sonnent vraiment faux
  3. La dernière partie arrive un peu comme « un cheveu sur la soupe » comme si l’auteure n’avait pas su comment l’amener

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