Ce livre a foutu en l’air toutes mes convictions acquises lors de précédentes lectures : oui il est possible de se passionner pour une histoire dont on connaît déjà l’issue, oui on peut être happé par une écriture simple et un récit au présent, oui on peut faire d’un fait divers le plus passionnant des romans.
Patricia Delahaie n’en est qu’à son coup d’essai mais c’est un coup de maître ! Véritable raconteuse d’histoire, elle s’avère aussi douée pour nous tenir en haleine que Jacques Expert dans le même registre. En s’emparant d’un fait divers quelconque puis en y ajoutant des scènes et des dialogues sortis tout droit de son imagination, elle a réussi à la fois à lui donner une tonalité véridique et un rythme propre aux fictions les plus addictives. De la première page à la dernière ligne c’est un pur régal.
Pourtant ce qui fait le sel de ce roman est une histoire vieille comme le monde : prenez une femme irrésistible aux faux airs de Marilyn Monroe, collez-lui un mari militaire aussi absent qu’étonnamment encombrant et mettez sur son chemin le bon vieux médecin de campagne gentil mais un peu lourdaud. Inutile de vous raconter la suite, vous la devinez forcément et pourtant je vous garantis que vous ne verrez pas passer le temps et que vous tournerez les pages de La Faussaire avec frénésie, curieux de découvrir la suite tout en la connaissant déjà. C’est tellement bien fait que ça en est surprenant ! A commencer par l’usage du présent pour raconter cette histoire. Ça n’a l’air de rien dit comme ça mais ça donne du dynamisme au récit et met le lecteur en position de témoin et de spectateur des scènes qu’il visualise et imprime dans son cerveau. On a le sentiment de vivre l’histoire précisément au moment où elle se déroule, difficile de faire plus accrocheur comme technique. Je crois que vous l’aurez compris, j’ai été bluffée par ce roman. J’ai pris autant de plaisir à lire Patricia Delahaie que j’en ai eu à lire Prête à tout et De si bons amis de Joyce Maynard, c’est dire…
A mes yeux, c’est lui qui faisait le mal et pas moi ! Depuis, j’ai beaucoup lu et je sais que toute guerre est précédée d’un conditionnement.
On commence par vous dire qu’un homme (votre ennemi) menace votre famille, votre pays, vos biens. Puis on vous raconte qu’il ne pense et ne ressent pas les choses comme vous : est-il même humain ? Enfin, si vous ne le tuez pas, c’est lui qui vous tuera. La fameuse logique du : c’est lui ou moi. C’est ainsi que l’on part faire la guerre, la fleur au fusil, que l’on extermine un peuple, que l’on massacre son voisin. Bien conditionné, l’homme ordinaire est capable du pire.
L’ESSENTIEL
La Faussaire
Patricia DELAHAIE
Editions Belfond
Sorti le 03/02/2022 en GF
368 pages
Genre : suspense
Personnages : Camille, Marc et Céleste Ellis et le docteur Paul Ménard
Plaisir de lecture :
Recommandation : oui
Lectures complémentaires : Prête à tout et De si bons amis de Joyce Ménard, les romans de Jacques Expert (Hortense, Ce soir j’irai tuer l’assassin de mon fils, Deux gouttes d’eau, Sauvez-moi, etc.), Ceci n’est pas mon corps d’Enguerrand Guépy, Soleils de sang de Christophe Ferré
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Elle était sa vie, son amour, sa Marylin. Il a exaucé tous ses vœux. Même le pire.
Avec ce premier roman enlevé et tragique inspiré d’une histoire vraie, Patricia Delahaie explore la » banlieue » du crime, ces zones d’ombre et de lumière qui conduisent un homme plutôt meilleur que les autres à revêtir, petit à petit, un costume d’assassin taillé à sa mesure.
La cinquantaine, père et mari aimant, Paul Ménard est un médecin dévoué, rassurant, autour de qui gravitent les habitants d’une bourgade beauceronne. Jusqu’à ce jour de printemps 1997 où son regard croise celui d’une femme éblouissante. Camille.
Peu après, la belle se rend au cabinet médical. Les visites se répètent, Paul succombe. Dîner aux chandelles, timbales de saumon. Camille sait vivre, Camille sait aimer.
Mais Camille est mariée. Un militaire toujours en mission. Un homme dur, indifférent, souvent violent. Paul veut la sauver. Il n’en dort plus, divorce, délaisse ses patients, enrage de sa lâcheté.
13 juillet 1998. La France est championne du monde. Et le docteur Paul Ménard prend une décision irréversible…
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 raisons de lire La Faussaire
- Vous allez vivre ce fait divers de l’intérieur
- Vous ne verrez pas le temps passer
- Vous allez pouvoir vous mettre en position de juge et de témoin
3 raisons de ne pas lire La Faussaire
- Si vous n’êtes pas un adepte de Faites entrer l’accusé
- Si vous ne parvenez pas à dépasser l’idée que c’est trop gros pour être vrai (et pourtant ça l’est en partie)
- Je sèche comme souvent avec les romans que j’ai profondément aimés
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