Originaire des Cévennes Michaël Martin vit en Auvergne où il enseigne l’Histoire-Géographie. Je n’en sais pas plus sur cet écrivain qui a eu la gentillesse de m’envoyer son bouquin. La Femme du dessus est son premier roman.
Le sujet du roman est très court : Franz, traducteur de son métier, vit seul. Quant Mila, prof de français, emménage dans l’appartement au-dessus de chez lui, il en tombe raide amoureux sur le champ. Les galères pour l’approcher intimement vont commencer pour ce brave garçon pas très entreprenant… mais à l’imagination fertile.
Honnêtement ce n’est pas le genre de pitch qui me donne envie de lire un roman, loin de là, et l’auteur a bien fait de m’envoyer son livre directement sans me demander mon avis ! D’ailleurs je ne suis pas certain non plus que ce soit le sujet qui soit la priorité de l’écrivain. Et malgré cette entame de billet tristounette, j’ai bien aimé lire ce roman qui se termine sur une habile pirouette.
Ce qui est le plus notable c’est l’écriture. Le style est particulièrement chiadé, fait de giclées de mots et d’images imprévues, de références ou de phrases parfois absconses (« Elle tachycardait mes quatre heures des miettes dispersées de ses petits beurre »), d’excès de lyrisme aussi. La scansion des phrases leur confère un rythme particulier auxquelles de fausses rimes donnent des airs d’alexandrins (« Je me suis assis sur le bord de ma vie qui reprenait bien avant minuit sa nature de salsifis »). Néologismes, mots rares (rusticle, phiale…), effets de style, jouent des coudes pour en mettre plein les mirettes au lecteur. Aujourd’hui ce feu d’artifices m’a séduit.
La grande question restant en suspens est multiple : j’ai aimé ce style, néanmoins plein des défauts d’un premier livre (pourquoi cet emploi exagéré de majuscules pour des noms communs ?) car trop ostentatoires mais qui de nos jours y sera aussi sensible que moi ? J’ai aimé ce roman aujourd’hui, en eut-il été de même si je l’avais lu hier ou demain ? Un prochain roman de Michaël Martin écrit de la même encre tiendra-t-il la route ? En plein doute, je range l’ouvrage dans ma bibliothèque et j’attends le suivant avec impatience et curiosité.