The last detective : les comics arrivent chez drakoo

Par Universcomics @Josemaniette

 Drakoo inaugure une collection comics avec un album qui nous provient directement du Chili; il s'agit de The last détective qui est écrit par Claudio Alvarez et dessiné par Geraldo Borges. Si vous ne connaissez rien à l'histoire, il suffit simplement de lire les trois ou quatre premières planches. On a rarement vu un démarrage aussi concis, clair, et en même temps naturel. Je ne plaisante pas, essayez donc d'installer tous les éléments nécessaires à la compréhension d'un récit en aussi peu de place, sans être lourd, didactique, sans ennuyer le lecteur. Et bien, c'est exactement ce qui se passe ici. Nous faisons connaissance avec les principaux personnages, à savoir pour commencer la commissaire de police de la capitale de l'État de New Amazonia. Nous apprenons qu'une nouvelle version d'une drogue de synthèse est en train de faire des ravages, permettant à tous ceux qui l'absorbent de vivre leurs rêves durant cinq jours, avant de mourir dans d'atroces souffrances. L'histoire se déplace ensuite sur Joe Santos, une ancienne légende de la police qui fut aussi le coéquipier de la sœur de la commissaire, et qui a dû s'exiler dans la jungle, après l'échec cuisant de sa dernière mission. Voilà, vous savez déjà tout. Bien sûr, l'exil de Santos ne va pas durer très longtemps (enfin, pour être exact, cela fait 20 ans qu'il se terre dans son coin), il va de suite reprendre du service, puisque les victimes de cette drogue malfaisante commencent à s'accumuler et à provoquer des réactions dangereuses. L'ancien flic est hors de forme, il n'est plus capable de tirer correctement, une partie de son corps a été emportée par une explosion, lors de son ultime fiasco, et depuis il vit en solitaire avec un lapin. Mais si sa présence est absolument nécessaire, c'est parce que son ennemi d'autrefois semble être l'homme qui tire les ficelles de la nouvelle crise, un certain Black Joao, qui donne du fil à retordre aux forces de l'ordre. 

Pour un coup d'essai, ma foi, c'est assez réussi. Nous avions quelques craintes, devant la relative minceur de l'ouvrage, mais en fait, la pagination mesurée se révèle un atout. Aucun temps mort, pas de disgression stérile, et pour autant, l'ensemble ne souffre pas non plus d'une superficialité coupable, qui reviendrait à bâcler la trame pour arriver à une conclusion en toute hâte. Non, les personnages principaux restent bien campés, et ce Santos qui effectue un nouveau baroud après vingt ans sur la touche, on finit par s'y attacher. Seul bémol, à vouloir chicaner, un vilain à peine esquissé, si on compare au potentiel de départ. On retrouve dans The last Detective des préoccupations, une manière de peser les enjeux, qui trahissent les origines du récit, ce qui nous sort agréablement des sempiternelles histoires aux Etats-Unis. On y évoque la guerre aux stupéfiants, bien sûr, mais aussi la manière dont certains "natifs" sont considérés, ou encore la lente et inexorable modernisation d'un monde qui y perd son âme, dans le même temps. Borges accomplit un travail remarquable au dessin. Tout est soigné, tout est clairement maîtrisé, le storytelling est diablement bien ficelé, on a sous les yeux la prestation d'un artiste qui est à placer largement au niveau du meilleur de la production Marvel ou Dc. La bande dessinée est complétée par des pages extraites de la "gazette locale", de faux articles de journaux qui crédibilisent le background économique, social, politique, et explique comment les événements narrés sont présentés à la population, afin de ne pas semer le trouble et de présenter une version "publiable" expurgée. Une belle découverte, qui a vraiment tout pour elle.