Dai Sijie : Les Caves du Potala

Par Lebouquineur @LBouquineur

 Dai Sijie est un cinéaste et romancier chinois né en 1954. Pendant la révolution culturelle (de 1966 à 1976), ses parents, médecins dits « bourgeois réactionnaires », sont mis en prison et lui-même est envoyé en 1971, pour trois ans, dans un camp de rééducation. A la mort de Mao, en 1976, il entre à l'université de Pékin pour y prendre des cours sur l'histoire de l'art chinois. Il reçoit sur concours une bourse pour partir à l'étranger et il choisit d’aller étudier en France à l'Institut des hautes études cinématographiques, pays où finalement il s’installera définitivement en 1984. Les Caves du Potala (2020) vient d’être réédité en poche.

En 1968, dans le palais du Potala au Tibet, pays annexé par la Chine. Le palais, résidence du Dalaï-lama est occupé par de jeunes Gardes Rouges sous la conduite de leur chef, surnommé Le Loup, dix-huit ans seulement mais fanatique et brutal au possible. Bstan Pa leur prisonnier est un vieil homme qui fut peintre officiel du Dalaï-lama et ses tortionnaires veulent lui faire avouer un prétendu « crime » commis par le chef spirituel…

Heureusement que le roman est court car je suis très déçu par cette lecture.

Le bouquin présente deux angles d’intérêt au départ. Une grande partie du texte à un aspect documentaire, l’écrivain nous donne une description fouillée du Potala, nous ouvre à la culture Tibétaine, son histoire et ses liens avec la Chine, sa religion, son bouddhisme local etc. Cette partie est très bien, pour ceux qui découvriront par ce livre ce pays. Sauf que moi, par mes lectures assez nombreuses sur ce fascinant pays, je n’ai pas appris grand-chose, si ce n’est me remémorer des points oubliés.

Reste l’intrigue, bien trop faible et « gentille ». Là encore, mon âge et mes lectures m’en ont déjà beaucoup appris sur la RevoCul dans la Chine Pop, le maoïsme et ses Gardes Rouges, leurs exactions et crimes ignobles racontés par des survivants ou témoins. Ici, Le Loup paraît un bien petit méchant. On frôle l’intrigue tartignole et même le style n’a rien de particulièrement notable.

In extremis, le roman prend une tournure plus profonde quand il oppose par une jolie métaphore le pouvoir de l’esprit à la force brutale et barbare. Mais c’est trop tard et bien trop peu. J’attendais de ce livre une émotion esthétique ou/et spirituelle, que nenni. Tant pis !