Banana Sioule – Tome 1: Héléna (Michaël Sanlaville – Editions Glénat)
Héléna est une fille simple, qui n’a pas besoin de grand-chose pour être heureuse. Elle ne rêve pas d’un grand destin: ce qu’elle aime par dessus-tout, c’est s’occuper de la ferme familiale avec son père, couper du bois, prendre soin des animaux, faire des balades avec son chien Faustie. Et puis surtout, elle aime passer du temps avec sa bande d’amis, avec qui elle partage des tas de bons moments, comme dormir sous la tente ou plonger d’une falaise dans la mer. Bref, elle aime les petits plaisirs du quotidien et cette région paisible dans laquelle elle a grandi… Son père, par contre, a d’autres ambitions pour elle. Pour lui, il n’est pas question qu’elle passe sa vie à nettoyer la bouse: elle est trop douée pour ça. Du coup, les tensions s’accumulent entre Héléna et son père. Lui cherche désespérément à la convaincre de se lancer dans des études pour s’ouvrir d’autres perspectives professionnelles que la ferme, alors qu’elle ne veut absolument pas en entendre parler. Deux vraies têtes de mule! Enervée par les disputes incessantes avec son paternel, la jeune fille tente de se calmer en contemplant la mer lorsqu’une balle en cuir vient rouler contre ses jambes. D’un puissant coup de pied, elle renvoie le ballon en plein dans la figure d’un garçon. Intrigués par cette fille aux capacités physiques hors du commun, Marco et ses copains l’invitent alors à faire une partie de sioule avec eux. La sioule est une sorte de rugby sans véritables règles, avec deux équipes qui s’affrontent pour « noyer » la balle dans la « mare » adverse. C’est un sport violent, mais aussi et surtout ultra-populaire et ultra-médiatisé puisque chaque match est suivi par des centaines de millions de téléspectateurs. Emballée par ce jeu pour lequel elle semble avoir un réel talent, Héléna décide de s’entraîner pour passer le concours d’entrée à l’École Supérieure de Sioule, sans le dire à son père. Et si son avenir se trouvait là plutôt qu’à la ferme?
On ne le sait pas forcément, mais la sioule existe réellement. Il s’agit d’un sport médiéval qui est en quelque sorte l’ancêtre du football et du rugby et qui reste pratiqué aujourd’hui, notamment chez les scouts. D’ailleurs, certains l’appellent le « scoutball ». Dans « Banana Sioule », Michaël Sanlaville imagine que ce n’est pas le foot mais la sioule qui s’est imposée comme le sport le plus populaire de la planète. Mais pas question pour autant de coller à une quelconque réalité. Pour lui, cette discipline très spectaculaire, dans laquelle tous les coups sont permis, représente avant tout un magnifique terrain de jeu pour imaginer une histoire pleine de dynamisme et clairement influencée par le manga. Sanlaville, qui est l’un des trois créateurs de la série « Lastman », est un enfant du Club Dorothée. Dans son dessin et sa mise en scène, on sent toute l’influence de Dragon Ball, des Chevaliers du Zodiaque, mais aussi d’Olive et Tom, des dessins animés japonais qui ont « imprégné son jeune cerveau », comme il le dit lui-même. Mais en même temps, « Banana Sioule » n’est pas complètement un manga. Comme il l’avait déjà fait avec ses compères Bastien Vivès et Balak dans « Lastman », Michaël Sanlaville reprend une partie des codes japonais, notamment dans le format et dans l’utilisation du noir et blanc, mais par contre il respecte le sens de lecture européen et il imprègne son récit « de sa vie de petit Français moyen ». Car au-delà des parties endiablées de sioule, cette BD est aussi et avant tout une belle histoire d’amitié. « J’ai mis en scène mes amis d’enfance, ceux que je connais depuis l’école primaire, qui sont et seront toujours là pour moi », explique l’auteur. Au final, cela donne une bande dessinée joyeuse et sans prise de tête, qui devrait séduire les adolescents. Les garçons bien sûr, mais aussi les filles, car Michaël Sanlaville a choisi de donner le premier rôle à une jeune femme forte et déterminée. « C’est bien de donner la part belle à une femme dans un genre qui s’adresse plutôt aux garçons », sourit-il.