Auteur : Naomi Novik
Éditions : J'ai Lu
Paru le : 26 septembre 2018
265 pages
Thème : Fantasy
disponible sur le site de l'éditeur
et sur Amazon
Je suis mitigée
Résumé
« Depuis toujours, le village de Dvernik est protégé des assauts du Bois - une forêt maléfique douée d'une volonté propre - par le «Dragon», un puissant magicien. Celui-ci, en échange de ses services, prélève un lourd tribut : à chaque génération, la plus jolie jeune femme de la communauté disparaît dans sa tour. Cette année, c'est Kasia qui sera choisie. Forcément, c'est la plus belle, la plus populaire. Personne n'en doute, et encore moins Agnieszka, qui n'a jamais voulu de cet honneur. Mais les choses ne vont pourtant pas se passer comme prévu, et Agnieszka va découvrir un monde au-delà de l'entendement... » Ma chronique
Bonjour à tous, encore un livre de ma HAL et cela fait du bien de la liquider, même provisoirement. Je ne connaissais pas du tout l'auteur et comme c'est un poche, c'est plus facile pour moi de le trainer au boulot. Dvernik est un village qui vit aux abords d'un Bois, un de ceux qui sont dans les contes de fées. Imaginez-vous qu'une tour se situe derrière qui est sensée protéger les habitants, par un puissant dragon ? Un mélange de la Belle aux bois dormants et la belle et la bête que nous pouvons retrouver facilement entre les lignes. Entre le bois et la bibliothèque, nous ne pouvons pas nous tromper. Tous les dix ans, le seigneur et maître des lieux, ce fameux puissant Dragon descend de sa tour pour récupérer l'une des filles de l'un des villages, afin de l'instruire en quelque sorte. Impossible pour elle de sortir avant ces 10 années et par la suite, aucune d'elle n'est restée dans son village natal. L'envie d'aventure se faisant ressentir après avoir été une "servante" durant tout ce temps. Nul ne sait réellement ce qui se passe durant ces mois et c'est toujours la même chose : il arrive, regarde les demoiselles mises en pâtures devant lui, en choisit une et hop, ils disparaissent dans la tour. Jusqu'à ce jour où tout le village est sur que se sera Kasia, si belle, douce, prête à faire son devoir, de s'occuper d'une maison... Mais le choix se porte sur Agnieszka sans que cela ne soit prédit. L'aventure est au final pour cette jeune femme qui n'était pas du tout préparé à ce qui va lui arriver.
L'intrigue est intéressante, car même si nous ne savons pas ce que les autres jeunes filles ont fait durant leur "captivité" nous suivons Agnieszka dans sa nouvelle vie et si certains points sont vraiment sympa à découvrir, une partie l'est moins. La relation avec le dragon est simple, il fait cela parce qu'il est obligé, point final, il ne se lie avec personne est un personnage taciturne qui est tout puissant, enfin il le croit, car il a besoin des autres pour réussir certains sorts (ce qui m'a paru louche pour un homme si âgé, si bien conservé, si imbu de lui-même et pourtant une toute petite chose comme notre demoiselle lui sera d'un grand secours, mouais, on va dire qu'il fallait cela pour le montrer plus... humain ?) Le dragon, un surnom qui lui va comme un gant au vu de son caractère, il est capable de vous faire devenir tout petit et vous faire payer l'air que vous respirer au passage, car c'est le même que le sien. Ce que j'ai trouvé dommage, c'est le fait que nous n'avons que la version de Agnieszka et vu comment cela fonctionne entre eux. Je parle des échanges de mots, des portes qui claquent, du fait qu'il la met en boite avec un pessimisme à toute épreuve et un ennui mortel, j'aurai adoré être dans sa tête, au moins pour quelques passages. Nous sentons le personnage froid qui ne veut pas faire le moindre effort, qui considère les autres comme des moins que rien et par dessus tout, rien ne l'atteint, jusqu'à elle. Mais attention, cela ne se voit absolument pas, il est toujours aussi désagréable, n'aime pas l'approcher et les fois où il est obligé de lui tenir la main pour un sortilège, il y a un mal-être parfaitement ressenti. C'est un personnage que j'aurai aimé découvrir de l'intérieur et non par le regard des autres, surtout de la demoiselle en détresse. Dommage pour le coup.Agnieszka est le personnage principal, mais je n'ai pas accroché avec pour pas mal de raisons : le fait qu'elle pleure sans cesse, qu'elle ne se bat pas, qu'elle devient si puissante en peu de temps (surtout avec la façon dont elle suit ses cours et que franchement je l'aurai imaginé vraiment pas douée pour un penny. La tradition fait qu'ils savent tous qu'un tribu, un enfant va être donné à un monstre, un magicien qui ne le mérite pas. Les contes, les histoires racontées par des bardes ou troubadours font de lui un être à part. Elle est simple, aime la vie en pleine nature, n'a pas peur du bois (pourtant elle devrait) et mange les fruits qui proviennent de leurs arbres (alors qu'elle ne devrait pas). C'est un personnage qui aurait pu être un peu plus, je ne sais pas comment dire, mais différent. Elle a cette capacité à énerver tout le monde, à réussir des tours sans que le dragon ne comprenne comment, alors qu'elle n'a pas un sou de jugeote. Beaucoup de contradictions en elle qui m'ont souvent fait lever les yeux et arrêter ma lecture à deux reprises. Comme je suis dans ce qui m'a dérangé, j'en viens à certains passages qui sont longs, mais longs... Tout ce qui se passe dans le château, loin de la tour, avec la façon dont la jeune femme est montré du doigt sans qu'elle ne le sache parce que différente, si c'était pour appuyer sur ce fait, nous le savons déjà qu'elle ne sera jamais la princesse d'une cour ! C'est une bonne partie qui m'a fait soupirer. J'aurai pu ne pas continuer ma lecture, mais et je l'écris bien gros MAIS, l'intrigue avec ce bois qui dévore tout sur son passage est très intéressant et je voulais savoir comment cela allait se terminer. J'en viens sur ce que j'ai aimé. Il s'agit d'un fantasy médiéval, avec des royaumes, des villages, des paysans, et ce bois maléfique qui s'amuse' à grappiller des gens et du terrain un peu plus chaque jour. Nous sommes loin de la forêt enchantée qui fait chanter les petits oiseaux et où nous ne risquons pas de tomber sur le prince charmant sur un cheval blanc. Même si nous en avons des chevaliers qui vont se battre, mais pas forcément pour les raisons dont nous aurions pu imaginer.Le dragon est protecteur, il n'est pas celui qui va vouloir gober tout sur son passage, il veille sur le Bois qui a une vie propre. Durant toute ma lecture, je me suis demandé ce qu'il y avait vraiment derrière ces arbre, cette forêt, ces bois qui font si peur. Les sentiments ne sont pas juste des mots ici, ils sont au cœur même de ce qui découle d'entre ses arbres. La sève chaude, les monstres qui habitent sous les feuillages, ces pieds immenses, tout cela à un prix, une histoire, un début et hypothétiquement une probable fin. Qu'elle soit heureuse ou non, le point final marque un tournant pour tous les habitants, aussi bien des villages que des contrées autour. J'ai adoré ce qui fait que le Bois existe, le pourquoi, les explications, les ressentis, il n'y a rien à jeter de ce côté. Souvent nous entendons que la peur est mauvaise conseillère et ici nous pouvons le constater. Je n'en dirais pas plus, mais rappelez-vous, une histoire bien racontée qui fait peur aux enfants les rends soit plus méfiants, soit plus téméraires. Il n'y a pas que le bois que j'ai adoré, Kasia est le personnage que j'ai préféré sur tous, qui est au même niveau que cette reine bois. Toutes deux ont vécu, ont su, connaissent une part de vérité. Kasia est celle qui aurait dû être choisi et ce qui va lui tourner autour après cette fausse ou vraie joie, nous l'apprenons différemment, mais tout est compréhensible. Comment vivre en sachant que l'on a pas été choisi même si c'était pour disparaitre de la vie de sa famille durant si longtemps ? Un futur qui ne devait pas exister est bien là. Des ressentiments, un besoin, des émotions qui l'entraine et aurait pu la mettre à mal. Elle évolue à son rythme tout en étant toujours présente pour Agnieszka à sa manière. Sa vie est devenue autre, ce Bois qui fait si peur ne sera pas qu'un souvenir pour elle. Tout comme ce bois qui vit en chacun des villageois et va même au delà (et nous en sommes pas sur la terre des lions!) Bref, j'ai beaucoup aimé la suivre auprès de notre héroïne. Les deux ont un lien d'amitié très fort, allant plus loin et terriblement solide pour faire front. J'ai beaucoup aimé le dragon qui montre toute sa splendeur de ne m'approchez pas, qu'est-ce que j'ai pu en rire. Le bois si vivant dont il faut prendre le temps de comprendre et de voir son histoire. Et puis il y a ces guerres, des petites comme des grandes, ces combats qui apportent de l'énergie dans le livre. Il est certain que le gros passage noir était vraiment ce qui se passe dans le château, mais avant et après, nous avons des scènes de combats à faire froid dans le dos. Regardez autour de vous, dans une forêt de petits insectes sont là, vous passant dessus. Et bien là, certains sont plus grand que vous et menacent de vous dévorer, ou emporter dans leur tanière. Quand aux deux batailles finales, il vaut mieux ne pas s'attacher à certains personnages pour ne pas partir en vrille. Et puis des enfants sur le terrain, parce qu'ils n'ont pas le choix... Certaines décisions sont prises un peu n'importe comment. Il ne s'agit pas de trahison dans ce texte, mais de pouvoir et le Bois A LE POUVOIR sur certains d'entre eux. Cœur, foie, poumons, comme dirait Venom, tout est bon pour être entraîné par l'appel du bois et ce qui s'y cache. La magie fait partie intégrante du Bois certes, mais aussi de certains personnages. Une magie ancienne, rare qui appelle le soutien du peuple ou au contraire pourrait les faire bruler sur un bucher. La compréhension, le fait de réussir à se cacher, les magies liantes, les phénomènes d'illusions ou au contraire la magie offensive contre la défensive... Toutes ces formules, ces potions vont avec les personnages et nous les ressentons soit bienveillantes, soit non. La fin parait étrange, les mois passent après cette bataille finale, voire des années et le sort de Agnieszka n'est pas en suspend, elle a choisi sa vie, sa façon de faire, de se montrer. Si cela semblait avoir débuté tel un conte de fée avec le résumé, la fin n'en a pas du tout les derniers mots, mais plutôt une promesse de l'avenir. Je n'en ai pas vraiment parlé, mais la romance est quasi inexistante ce qui ne me dérange pas. Ce qui l'est par contre, c'est la façon dont il la traite, comme une servante et qu'elle le cherche souvent, un peu malsain à mes yeux.
En conclusion, je suis mitigée sur ma lecture, l'intrigue est très intéressante, mais n'ayant qu'un seul point de vue, c'est ennuyeux surtout à certains moments (je pense à la toute dernière bataille donnée en plein cœur du Bois). Le personnage principal de Agnieszka m'a plus fait soupirer qu'autre chose, par chance celui de Kasia est bien meilleure à mes yeux. Je pense que je m'attendais à quelque chose de plus "léger", dans le sens où je lis de la fantasy régulièrement et là j'ai plus eu l'impression de plonger dans une dark fantasy sans y être véritablement (et j'en avais déjà lu que j'avais adoré). Ce titre est un peu entre les deux et pas assez, ou trop, je ne saurais vraiment le dire. Le Bois et ce qui va autour est très intéressant, malheureusement cela a été amené assez bizarrement et je n'ai pas réussi à entrer totalement dans l'histoire. À vous de décider de ce que vous ferez si vous tombez dessus.
Extrait choisi :
« — Je cherche Sarkan.
Ballo examina, surpris, les rayonnages que j'avais tripotés : m'attendais-je à trouver le Dragon coincé entre les pages d'un livre ? Cependant, ma réponse spontanée me fit l'effet d'une révélation, et je me rendis compte que c'était bel et bien ce que j'espérais. J'avais besoin de lui. Je voulais qu'il m'observe par en dessous en levant la tête de sa pile de livres et qu'il me décoche une remarque assassine concernant le désordre que j'avais provoqué. Je voulais savoir ce qu'il faisait, si le Bois avait contre-attaqué. Je voulais qu'il m'explique comment je pourrais vaincre le roi de libérer Kasia.
— J'aimerais lui parler, précisai-je, le voir. Je savais déjà qu'aucun sort dans le livre de Jaga ne le permettait, et le Dragon ne m'avait jamais rien montré de pareil. Mon père, comment procéderiez-vous si vous voulez entrer en communication avec une personne à l'autre bout du royaume ?
Mais Ballo secouait déjà la tête...»