Célestopol 1922 d’Emmanuel Chastellière

Célestopol 1922 d’Emmanuel Chastellière Publié aux éditions HSN, 2021, 414 pages. 1922. Une année à la découverte des mirages et des merveilles de la cité sélène, Célestopol.
Une année dans les pas de ses habitants, simples visiteurs parfois célèbres comme Marie Curie ou Howard Carter, humbles ouvriers, voleur volubile, automates au cœur de cuivre ou héritier rebelle de l'empire russe. Car Célestopol, c'est un bout de l'âme slave, arrachée à la Terre, entre les mains d'un duc au destin défiant le temps.
Célestopol 1922 est un recueil de nouvelles très original. Emmanuel Chastellière a su mêler la science-fiction à la poésie la plus belle. Chaque histoire se déguste avec un plaisir non dissimulé. Célestopol c'est cette belle cité, bâtie sous un dôme, sur la lune, là où le sélénium éclaire de ses reflets mystérieux les rues pavées. On pourrait bien être en Russie au début du XXème siècle. Il y a un côté désuet qui m'a plu, mêlé au steampunk, et le tout marche formidablement bien. Et si l'Homme avait enfin colonisé la lune? C'est de cette hypothèse que part l'auteur pour nous offrir chacune de ses nouvelles dans un écrin. Dans certaines nouvelles, le lecteur prend plaisir à retrouver des personnages, un peu comme un fil rouge, à l'image du duo exotique Wojtek et Arnrun. J'ai adoré ces deux mercenaires à la langue bien pendue pour l'un, à la démarche patibulaire pour l'autre! On y croise aussi des personnages célèbres: Marie Curie, Howard Carter (La malédiction du Pharaon reste une de mes nouvelles préférées). Emmanuel Chastellière à coup d'Uchronie fait de ses nouvelles une réinvention totale de l'Histoire. Chaque nouvelle aborde des thèmes intéressants et intrigants: la condition féminine, la lutte des classes à travers des personnages issus de toutes les conditions sociales, l'impossible pardon ou encore la corruption des élites. Et puis il y a le style de l'auteur, unique en son genre, qui distille un sentiment d'âme russe. J'ai aimé cette atmosphère à la fois très moderne et surannée. C'est difficile à expliquer comme sensation. L'ambiance de ces nouvelles est souvent mélancolique et sombre mais il s'en dégage aussi une sensation de magie, de merveilleux comme on pourrait le retrouver dans certains contes russes justement. Célestopol 1922 est un recueil aux nouvelles parfaitement maîtrisées, à la plume poétique et envoûtante. Une vraie réussite.