Texte datant de 1988, Les Faits est une autobiographie de l’auteur, courant des années 1940 à 1968, mais qui va au-delà des faits justement. Roth a terminé d’écrire son autobiographie mais avant de la donner à son éditeur pour publication, il envoie son manuscrit à Zuckerman pour avoir son avis. D’emblée la mise en abime séduit puisque Zuckerman est l’un des fameux héros de fiction (alias de l’écrivain) auquel Philip Roth a consacré plusieurs de ses romans !
L’idée, proposer deux parties, l’autobiographie en elle-même : l’enfance de l’écrivain dans le New Jersey et sa passion pour le baseball, son père vieillissant, l’université puis professeur chargé de cours, ses petites amies ou ses femmes qui se succèdent voire qui se chevauchent (sic !) parfois, sa vocation et ses débuts d’écrivain, les polémiques crées par ses écrits (Portnoy qui le désignerait comme antisémite !), être Juif et la question d’identité. Tous ces faits sont connus car ils ont été le sujet de maints de ses romans dans des versions plus ou moins développées et Philip Roth explique comment des évènements de sa vie personnelle ont donné matière à des scènes de ses livres.
Puis vient la seconde partie, plus courte certes, mais tellement plus délectable. Zuckerman répond à Roth et ça devient grandiose. Il démonte les propos de l’auteur, comparant le dit dans l’autobiographie avec ce qu’il en était dans les romans où tel ou tel fait était reproduit. La mise en opposition entre la fiction et la réalité (du moins celle énoncée par Roth donc non garantie objective) est étourdissante. Et Zuckerman en déduit : « Ce qui montre bien l’enjeu du livre, savoir si tu es un chic type ou pas. »
Nous étions partis sur une autobiographie, nous sommes en présence d’un ouvrage sur le travail d’écriture, la part du réel (déformée ou non) utilisée pour écrire un roman, la responsabilité de l’auteur vis-à-vis de ses personnages etc. Passionnant.