Éditions Mazarine, 2018 (325 pages)
Ma note : 17/20Quatrième de couverture ...
1968. Jean a six ans quand il est confié du jour au lendemain à sa grand-mère. Pour l'été. Pour toujours. Il n'a pas prévu ça. Elle non plus.
Mémé Lucette n'est pas commode, mais dissimule un cœur tendre. Jean, véritable moulin à paroles, est un tourbillon de fraîcheur pour celle qui vivait auparavant une existence paisible, rythmée par ses visites au cimetière et sa passion pour le tricot.
Chacun à une étape différente sur le chemin de la vie - elle a tout vu, il s'étonne de tout -, Lucette et Jean vont s'apprivoiser en attendant le retour de la mère du petit garçon.
Ensemble, dans une société en plein bouleversement, ils découvrent que ce sont les bonheurs simples qui font le sel de la vie.
La première phrase
" Jean est un rêveur : il a toujours le nez en l'air, perdu dans ses pensées. "
Mon avis ...
Été 1968. Jean a six ans lorsqu'il se retrouve confié aux bons soins de sa grand-mère : mémé Lucette. Marie, sa mère, s'installe à Paris. Elle espère y trouver un travail, un logement et, c'est promis, elle reviendra très rapidement le chercher.
Les semaines défilent et toujours personne à l'horizon. Juste avant la rentrée des classes, une carte postale adressée à mémé Lucette demande à ce que Jean soit inscrit à l'école de Granville. Il se pourrait bien que ce qui ne devait durer qu'un temps se transforme en l'idée d'un toujours.
J'ai ressenti un petit coup de cœur pour ce roman, plutôt triste oui, mais à la fois frais, au ton léger, rempli d'espoir et de bonnes ondes. J'ai adoré ! Si ma lecture de Nos adorables belles-filles (lu il y a plusieurs années déjà) n'avait pas fait date dans ma mémoire, nul doute que je relirai celui-ci un jour tant j'ai été séduite.
Jean est un petit garçon extrêmement attachant. Il forme un duo plutôt improbable avec mémé Lucette, une vieille dame au caractère bien trempé et qui ne s'en laisse pas compter. Lucette est une grand-mère quelque peu bourrue, mais affectueuse. Elle ne roule pas sur l'or, mais va tout faire pour protéger son petit-fils, en lui offrant la stabilité que ne lui apporte pas Marie. C'est décidé, Jean l'accompagnera partout : au cimetière, au potager, à l'église, aux courses... Après des débuts difficiles, Jean va trouver ses marques, se faire des amis, et apporter beaucoup d'amour à sa grand-mère.
Nous suivons nos personnages sur plusieurs années, de 1968 à 1974. J'ai littéralement adoré me retrouver transportée dans ces années-là. Musiques de l'époque, films à l'affiche, mode et décoration, tout est fait pour que le tout sonne juste. Et c'est plutôt réussi.
Les thématiques abordées ne sont pas des plus joyeuses : la séparation, l'abandon, la pauvreté... Pourtant, il plane une certaine légèreté (à commencer par les titres des chapitres, qui s'inspirent pour la plupart d'expressions populaires : Pas folle la guêpe ; Et ta sœur, elle bat le beurre ?). Mémé Lucette est une femme forte, qui ne se laisse pas abattre, et fait tout pour dédramatiser la situation (même si elle ne cautionne pas du tout les choix de sa fille). Là aussi, le ton est donné. J'ai eu beaucoup de peine pour ce petit bonhomme mis de côté par sa mère. Et en même temps, j'ai moi aussi eu envie qu'il se batte, qu'il trouve ses repères et ses petits bonheurs pour apprendre à vivre sans sa maman.
C'est donc l'amour qui domine dans ce roman. L'amour d'une grand-mère pour son petit-fils (et inversement). Celui d'une tante pour son neveu (j'ai d'ailleurs beaucoup aimé le personnage de Françoise). Mais aussi peut-être l'amour de l'auteure pour la période de l'enfance. J'ai souri aux remarques innocentes et souvent à côté de la plaque de Jean et de sa petite voisine, Anita. Comme tous les enfants, ils cherchent à comprendre le monde qui les entoure (avec plus ou moins de succès). C'est ici totalement crédible et bien amené.
Vous l'aurez compris, j'ai littéralement dévoré ce roman qui a su me toucher en plein cœur. C'est aussi un écrit qui fait du bien au moral, alors on en redemande non ?
Extraits ...
" - On ne choisit pas les surprises de la vie, mon petit. On fait avec, et souvent, c'est pour le meilleur.
- C'est ça la foi, Mémé ?
- Non, ça, c'est la vie. "
" - Et toi, ça s'est bien passé ?
- Bof : certains se sont moqués de moi, mais je n'ai rien compris. Tu sais ce que c'est, toi, une péripatéticienne ?
- C'est comme "péripate", ça. C'est une sorte de mille-pattes.
- Tu es sûr ? Ils parlaient de ma mère : ça ne peut pas être ça ! Attends, faisons comme les professeurs, et cherchons les racines. On entend clairement...
- "Pâté" et "icienne", commente Jean.
- Comme "magicienne du pâté", continue la fillette. "