Todd Robinson : Les Morts de Riverford

Todd Robinson Todd Robinson, né en 1972, est un écrivain américain. Après divers boulots comme paysagiste, garde du corps, barman et videur (le commun de beaucoup d’écrivain américains, non ?) il crée une revue spécialisée dans la littérature noire et policière aux Etats-Unis. Il vit aujourd’hui dans le Queens à New York avec sa femme, son fils et un chat. Les Morts de Riverford, son troisième roman, vient de paraître.

Riverford petite ville du Massachusetts. Quentin Davoll est assassiné, c’était le fils de l’homme le plus puissant de la région avec cette particularité d’être aussi le plus haï de tous ! L’inspecteur Frank Yamaguchi et le shérif Julius Franco mènent l’enquête quand un autre mort s’ajoute au carnet noir, celle de Duncan Bojarski, un type pas vraiment recommandable…

Grosso modo je reprends le résumé proposé par l’éditeur, le seul possible après la lecture de ce roman. Mais, et là je le précise immédiatement, il ne s’agit pas d’un polar ! Du moins pas dans le sens classique du terme, ce qui m’a terriblement déçu une longue partie de ma lecture jusqu’à ce que je réalise à quel genre de livre j’avais à faire.

Ce qui rapproche le roman du polar est très mince, certes il y a des morts et oui il y a un tandem de flics assez typique : copains d’enfance, Yamaguchi (dit Yama) est d’origine asiatique et Franco est Black, des couleurs pas très courantes dans le coin. C’est tout, car les enquêtes en elles-mêmes sont poussives et d’une lenteur frôlant l’inexistence. Quasiment pas d’enquête, des digressions pittoresques mais à n’en pas finir, un récit éclaté avec de multiples acteurs et intervenants dont on ne saisit pas réellement l’intérêt, après plus de cent pages je commençais à rédiger in petto un billet bien salé et puis…

Et puis j’ai compris où se trouvait l’intérêt de ce livre, quel était son but et son thème. Les pièces du puzzle ont commencé à s’imbriquer les unes dans les autres. Il s’agit d’un bouquin sur une petite ville américaine en pleine décrépitude, « Riverford était progressivement et sans aucun remords en train de se transformer en dépotoir humain. » Et c’est ce dépotoir que décrit l’auteur, la faune effrayante qui le peuple : des fous, des alcoolos, des brutes, des qui ont perdu un être cher au point de hurler la nuit dans les bois. Une ou deux scènes sont d’une grande puissance dramatique et visuelle et comme très souvent on peut le constater en littérature, la grande souffrance d’une bête (ici un chien) peut émouvoir plus que celle d’un homme. Plus le récit avance, plus l’on se prend d’empathie pour ces malheureux plus souvent minables qu’autre chose, plus l’émotion donne de l’épaisseur à ce bouquin qui débutait pourtant mollement. D’autres morts vont s’empiler sans être des crimes, d’ailleurs quand le roman s’achève quasiment tout le monde sera mort !

L’écriture très correcte est teintée d’un humour léger et imagé donnant au récit un ton très personnel. J’avoue j’en ai bavé durant un long début mais finalement le roman est potable.