Semia de Audrey Gloaguen, 2022, 543 pages. À la veille de Noël, le suicide collectif dans un centre commercial d'individus apparemment étrangers les uns aux autres, voilà de quoi attirer les médias charognards. Justement, la jeune journaliste Manhattan Caplan cherche à tout prix un scoop pour sauver son boulot et conserver la garde de son fils. De la banlieue parisienne à Aokigahara, la forêt des pendus du mont Fuji, son enquête la mène sur la piste d'un réseau social et d'un logiciel révolutionnaire baptisé SEMIA (Semantic Analysis) qui dresse un portrait psychologique des utilisateurs et suscite la convoitise jusqu'au sommet de l'État. A la veille de Noël, on retrouve trois personnes qui se sont suicidées dans un centre commercial. Elles ne se connaissaient pas et ne semblaient avoir aucun lien entre elles. Jan Nowak, un flic craint de tous à cause de son mauvais caractère est chargé de l'enquête. Parallèlement, Manhattan Caplan, journaliste pour une chaîne télé, cherche à tout prix un scoop histoire de sauver son boulot et obtenir la garde de son fils. Son enquête va la mener jusqu'au Japon. Semia est un thriller très sombre qui se lit d'une traite. Les chapitres sont plutôt courts et le style de l'autrice est percutant. Elle aime les punchlines et les tournures de phrases qui font mouche. Elle n'est pas tendre non plus avec ses personnages qui s'en prennent plein la tronche à commencer par Manhattan qui n'est vraiment pas douée dans sa partie et qui passe parfois pour une cruche.
L'intrigue m'a tout de suite happée. Ces personnes qui décident de se suicider le même jour m'ont immédiatement intéressée. Quel lien permet de les relier? L'autrice nous entraîne sur de nombreuses fausses pistes avant de faire éclater la vérité. De Paris au Japon, de nombreuses pistes sont évoquées. J'ai aussi beaucoup aimé le personnage de Jan Nowak, un flic limite psychopathe, complètement ravagé, sans foi ni loi.Mais (parce qu'il y a un " mais "), j'ai trouvé que l'enquête partait dans tous les sens et c'est vraiment dommage. Par exemple, on suit sur plusieurs chapitre le flic avec attention puis on n'en parle plus comme s'il devenait un personnage secondaire. L'autrice a voulu donner beaucoup de détails sur tous ses personnages nous noyant parfois dans les sous-intrigues. Il faut attendre le dernier quart du roman pour que l'intrigue se resserre sur Semia et qu'on comprenne enfin les enjeux du roman. C'est vraiment dommage car à trop vouloir en faire, l'autrice perd de vue l'essentiel de son œuvre.
" Semia " est un thriller très noir qui comporte des défauts mais qui aura su me porter par son écriture précise et brutale.