Jacques Expert est un auteur vers lequel je reviens avec plus ou moins de régularité mais toujours avec plaisir. Son univers peuplé de faits divers aussi vrais qu’invraisemblables me fascine. Le roman qui m’aura le plus marquée jusqu’à présent est Hortense, que j’associe dans mon esprit à Chanson douce de Leila Slimani, allez savoir pourquoi.
Le Carnet des rancunes de Jacques Expert (éditions Calmann-Levy)
Je n’ai pas encore lu de romans de Jacques Expert qui dépassent celui-ci et malheureusement ça n’est pas Le Carnet des rancunes qui pourra rivaliser. Pour tout dire, c’est même le roman que j’ai le moins apprécié de cet auteur. Si je devais lister les forces et faiblesses de ce titre, je mettrais d’un côté l’originalité de l’histoire et de l’autre tout le reste : des personnages caricaturaux, des dialogues horripilants et une trame finalement très prévisible.
Une fois encore je vais oser un parallèle : si Hortense m’a fait penser à Chanson douce, Le Carnet des rancunes m’a renvoyée à ma lecture laborieuse des 7 jours du Talion de Patrick Senécal. Dans les deux cas, le résumé m’avait enthousiasmée par sa singularité et la promesse de tensions psychologiques extrêmes et dans les deux cas je me suis rapidement rendu compte que cette même idée originale allait renvoyer à un scénario finalement très prévisible. Je m’explique… Dans Les 7 jours du Talion, un père séquestre l’assassin de sa fille et le torture pendant sept jours. En une phrase, vous avez tout le livre résumé et vous pouvez deviner ce qui va se passer : une litanie de tortures quotidiennes jusqu’au 7e jour, jour décisif où tout peut basculer. Grosso modo, vous pouvez lire le premier chapitre puis passer très vite les chapitres suivants jusqu’au dernier – surtout si vous n’avez pas le coeur bien accroché – vous aurez tout compris de l’histoire. Voilà ce que j’appelle une histoire originale qui se transforme en roman ultra prévisible.
– Elle avait déjà son regard de méchante.
– Tu es tellement naïf…
– Quand je pense que j’étais amoureux…
– Tu n’es pas tombé sur la bonne personne, mon amour !
Je réponds ce qu’elle veut entendre :
– Tu as raison, mais, par bonheur, j’ai enfin rencontré la femme de ma vie.
Elle me taquine :
– Tu en as de la chance et il t’en a fallu du temps… Moi, je cherche toujours le grand amour !
Puis elle se précipite dans mes bras.
– Je t’aime tant… je revis avec toi. Amour de ma vie.
Existe-t-il des mots aussi beaux à prononcer ? Emus comme jamais, nous sommes tous les deux au bord des larmes.
Avec Le Carnet des rancunes, je retrouve cette même construction : un homme blessé dans son existence par plusieurs personnes qui ont croisé sa vie, décide de se venger le jour de ses 50 ans. Pour n’oublier personne, il a tenu scrupuleusement un carnet des rancunes avec le nom de ses ennemis, le rappel des faits et ce que cela a engendré comme préjudices dans sa vie. Là encore, l’idée est très originale mais, à votre avis, que va-t-il se passer dans ce roman ? Nous allons suivre ce cher Sébastien dans ses règlements de compte jusqu’à l’ultime chapitre. Et voilà comment une fois encore, je n’ai pas anticipé le fait que ce résumé alléchant allait en fait me mener vers une histoire ultra calibrée et sans réelle surprise, au moins jusqu’aux ultimes pages. Ca c’était pour le premier écueil et s’il n’y avait eu que ça, je l’aurais un peu mieux noté, en le classant dans les romans divertissants mais l’auteur a tenu (je suis persuadée que c’est une volonté assumée de sa part et non une maladresse stylistique, je l’ai trop lu pour en douter) à rendre ses personnages principaux insupportables de mièvreries. Déjà le pauvre Sébastien en tient une couche avec son carnet d’écolier consciencieusement renseigné : la lecture de ses rancunes est à elle seule une épreuve. Ensuite, prenez le couple le plus cucul de votre entourage – mais vraiment très cucul – et vous tenez les personnages de Sébastien et de Dominique. Quel enfer ! Alors même si j’ai bien conscience qu’il s’agit d’un parti pris de l’auteur, je n’ai pas réussi à dépasser mon agacement extrême généré par chaque bribe de dialogue. Finalement, ce roman de Jacques Expert a toutes les chances de rester lui aussi graver dans ma mémoire mais pas forcément pour la meilleure des raisons…
L’ESSENTIEL
Couverture de Le carnet des rancunes de Jacques Expert
Le carnet des rancunes
Jacques EXPERT
Sorti le02/02/2022 en GF
Editions Calmann-Levy
414 pages
Genre : thriller psychologique
Personnages : Sébastien, Dominique et Yannick
Plaisir de lecture : 
Recommandation : mouais…
Lectures complémentaires : l’oeuvre de Jacques Expert (Hortense, Deux gouttes d’eau, Sauvez-moi et les précédents), Les 7 jours du Talion de Patrick Sénécal
RÉSUMÉ DE L’ÉDITEUR
Régler ses comptes…
Tout le monde en a rêvé, mais lui, il le fait.
Depuis vingt ans, Sébastien Desmichelles note soigneusement dans un petit carnet rouge chaque offense, chaque affront, chaque blessure qu’on lui inflige. Il l’appelle son « Carnet des rancunes ».
Collègues, voisins, amis, famille, personne ne le sait, mais personne n’échappe à sa liste. Un jour, chacun sera puni selon ce qu’il mérite.
Aujourd’hui est l’anniversaire des 50 ans de Sébastien. L’heure de la vengeance a sonné. Pour l’homme qui lui a fait le plus de mal, il a prévu un châtiment exemplaire : la mort.
Ce soir, il ouvrira son Carnet des rancunes…
Un polar machiavélique et terriblement satisfaisant
TOUJOURS PAS CONVAINCU ?
3 bonnes raisons de lire Le Carnet des rancunes
- Si vous avez toujours été fan des histoires de Pierre Bellemare (et de Jacques Expert bien évidemment !)
- Si vous aimez les histoires de sombre vengeance
- Si vous cherchez un roman facile et divertissant
3 bonnes raisons de ne pas lire Le Carnet des rancunes
- Si vous êtes sensible à la crédibilité des dialogues
- Si vous cherchez un livre réellement original et marquant
- Si vous aimez être bousculé par un thriller
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