Un chien d'enfer (Maxime Herbaut)

Un chien d'enfer (Maxime Herbaut)

Auteur : Maxime Herbaut

Éditions : Crin de Chimère

Paru le : 10 février 2022

252 pages

Thèmes : Fantastique/Epouvante

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

J'ai aimé :)

 Résumé 

  « Au retour d’une soirée à l’opéra de Lille, un jeune couple est victime d’un grave accident de voiture. À son réveil à l’hôpital, Félix apprend qu’Ambre est décédée. Il se retrouve aussi affublé d’un chien qu’il n’a jamais vu, un Jack Russell espiègle et affectueux qui ne quitte plus sa chambre.
Félix le nomme Frisbee et tente de reconstruire sa vie avec lui, mais une série d’évènements étranges va lui faire comprendre que ce nouveau compagnon n’est pas ce dont il a l’air. À mesure que les pouvoirs surnaturels de Frisbee se révèlent, les questions se font plus pressantes : qui est-il ? D’où vient-il ? Quels sont les risques à le garder ? Mais la plus importante : est-ce lui qui a provoqué l’accident ?
»  
 

 Ma chronique 

Cela fait un petit moment qu'il était là, à me narguer avec ses copains de la même maison d'éditions et je me suis dis, il n'est pas trop lourd à porter, donc pourquoi pas lui en premier ? Voila, c'est fait, le premier livre de Maxime Herbaut dont je ne connaissais pas la plume et je vais en parler de suite. C'est un texte qui a été nourri, riche en vocabulaire, en images, en philosophie sur la vie d'une manière générale. Le texte est généreux et il vaut mieux éviter de chercher à tout comprendre sous peine d'une grosse prise de tête. Une rentrée d'opéra pour un jeune couple qui a la vie devant eux. De petites chamailleries sur la musique qu'ils écoutent chacun, des sourires, une route qu'ils connaissent par cœur et une tache. Quelque chose qui traverse la route, peut-être ou bien c'est autre chose, mais l'accident arrive et c'est le drame. Il ne reste plus que Félix pour se remémorer ce qu'ils ont été, lui et sa douce Ambre. Des souvenirs, de la distance avec la famille de sa femme et ce chien qui le colle pire qu'une sangsue. Comment un hôpital peut laisser un chien entrer dans une chambre ? Et l'hygiène dans tout cela ? Félix va devoir apprendre à vivre seul, enfin pas tout à fait car ce petit chien qu'il va surnommer Frisbee va devenir son seul point de repère.

  Félix va vivre une aventure hors du commun. Je ne peux en dire plus, sans compromettre la façon dont tout s'agence dans le récit. Ce chien a un rôle capital, tout comme les pensées de Félix.Un réveil brutal à l'hôpital, une perte douloureuse, il ne sait plus quoi faire. Son enfer personnel le dévore à tel point que les dessins animés sans queue ni tête le garde éveillé. Des histoires de chat et de chien qui s'en veulent à mort, comme si c'était naturel, comme si leur nature les obligeaient à se sauter dessus. Il y a toujours une morale dans ces histoires qui au départ ne semble pas si réaliste et en creusant un peu, on imagine des choses, on pense comprendre ce que les scénaristes ont décidé de nous montrer. Comme dans chaque histoire, chaque livre que nous avons entre les mains et qui détectent si nous sommes capable de comprendre ce qu'un auteur a voulu nous faire prendre conscience. Autant le côté fantastique est bien présent, bien amené nous perturbant plus qu'il ne devrait, autant l'épouvante à part peut-être une scène, je m'attendais à plus. Mais je suis une dingue et il faut y aller pour me faire peur, donc il se peut qu'un lecteur qui n'a pas l'habitude soit terrorisé par ce qu'il va découvrir, en fait j'en suis certaine.
    La vie de Félix a pris un tournant, puis un autre et un autre. Tel Don Giovanni qui erre sans fin dans son propre enfer, notre Félix va devoir en faire de même. Pas de pardon à avoir un accident reste un accident, mais si derrière tout cela il y avait quelque chose de plus grand ? Un avenir modifié, un bonheur taché de sang, une maison vide de vie, le chemin d'un être humain sur sa propre destinée n'est pas stable. Chacun des choix que nous faisons nous éloigne ou nous rapproche de ce que nous désirons. Vivre éternellement ? Non, mais vivre heureux ? Oui ! Et à quel  prix ? Cela encore reste une question sans réponse, car il ne s'agit pas d'une seule vie, mais de plusieurs. La magie de la vie est forcément lié à celle de la mort, il ne peut pas y avoir l'un sans l'autre et cela en découle malgré tout la peur. Celle de ne pas réussir à faire ce que l'on veut, à avoir ce bonheur si fugace et le voir s'envoler pour un choix mal fait. Et si vous fermiez les yeux et imaginiez votre vie dans 10 ans, où vous verriez vous ? Félix devrait le faire, à moins qu'il ne soit en train de le faire, à moins que tout n'est que rêve, ou cauchemar selon la réalité. Comment savoir au final ? Frisbee est un petit chien et je n'aime pas les petits chiens pour leur fourberie. Et c'est exactement ce qu'il est : fourbe à souhait. Qu'il soit réel ou non, qu'il soit un véritable chien ou non, ce truc à quatre pattes à de quoi faire suer n'importe quel personnage. Il a beau montrer des trésors de super chien (capable de chopper une mouette en plein vol de plus de 4m de haut, ou de faire des pirouettes... un chien savant enfui d'un cirque?) il fait flipper. N'empêche, le cirque, cercle, les enfers, les 7 portes à traverser... Et si ?
    Félix fait mal au cœur, il faut bien l'avouer, tout perdre le fait devenir un ermite. La douleur est si forte qu'il se retire du monde des vivants petit à petit. Ambre était son monde, celui qui valait le coup de se battre, celui pour lequel il pouvait se lever le matin et aller travailler sachant qu'à son retour ils se retrouveraient. Le passé, le présent s'emmêlent pour nous donner son cœur sur un plateau. Entre tout cela, le livre de Saint Onge qui navigue entre deux radeaux de chien et chat, d'un Don Juan qui ne ressemble plus à rien. L'enfer sur terre s'est de continuer à vivre après les autres. Félix l'apprend à ses dépends et ce n'est pas Frisbee qui va le contredire. Car ce dernier est fourbe, je l'ai déjà dis, petit chien, petit malin. Le malin, le Mal, peu importe le nom qu'il peut avoir, tout cela vient d'une chose : qu'il vous faudra découvrir je ne vais pas donner la réponse à cette question. Par Félix nous suivons son cheminement de pensées, ce qui va lui faire croire ou vivre ce qui arrive. Une vie parfaite n'existe pas, mais nous faisons en sorte que cela fonctionne, pas vrai ? Les personnages ne sont pas nombreux, mais ce qui entoure Ambre ne peut rester dans l'ombre. Son frère qui en veut à mort, ses parents qui ne savent plus où donner de la tête, les amis communs qui se dispersent... C'est un nouveau monde qui apparait aux yeux de Félix et il est bien sombre.     Chaque tableau, chaque tranche de vie a une histoire propre, mais également une imagination débordante. Le travail de Félix aidant à nous démontrer qu'une toile peut apporter de nombreux thèmes, des histoires invraisemblables qui pourtant pourrit être une forme de vérité. Lorsque nous rêvons, les yeux ouverts ou non, l'imagination est fertile pour la plupart d'entre nous. Le livre terminé, un nombre incalculable de questions tourbillonnent. Est-ce que Félix a vraiment vécu cela ? Ne serait-il pas plutôt en train d'imaginer tout ce qu'il voit et vit alors qu'il dort à l'Opéra ? L'accident a-t-il eu lieu ? Si cela se trouve il est dans le coma et imagine un désespoir sans nom ? Si cela se trouve il a réellement vécu ce qu'il y a entre ces pages et son esprit tourmenté n'a pas été mis au repos depuis des mois ? Chacun peut décider de ce qui lui est arrivé, j'ai ma propre opinion et je me suis laissé bercer par les mots de l'auteur dans cet engrenage que seul un esprit peut voir venir trop tard. J'admets que certains passages me sont largement passé au-dessus de la tête, ne comprenant pas où il voulait en venir. Un brin trop philosophe pour moi je pense. Il ne faut pas oublier Frisbee qui a son propre caractère, sa manière de peser, son propre passé et cet avenir perturbant. Un chien qui ne vous lâche pas ainsi, il n'y a que lui que le décide.     En conclusion, une histoire fantastique avec un léger gout d'épouvante pour ma part. L'être humain ne sait pas ce qu'il veut réellement. Le bonheur oui, mais à quel prix ? Entre le rêve et la réalité, nous suivons Félix dans ses déboires. Le chemin de toute vie n'est jamais tracé, il y a des embûches, des ennuis, des moments de doutes, de la peur et si nous n'arrivons pas à passer outre ses instants de "faiblesses" comment serait-il possible de continuer sur un chemin qui ne nous plait pas ? C'est à nous de faire les bons choix, même si certains événements ne sont pas de notre fait ! En tout cas, je reste sur mon idée, les petits chiens sont le mal personnifié !


 Extrait choisi :  

« En raison de la gravité de l'accident, son séjour à l'hôpital se prolongea, ce qui lui fût désagréable, au début. Le premiers jours, Ambre était à la morgue, au rez-de-chaussée. Le médecin ne l'avait mentionné qu'une seule fois, et quand Félix avait refusé d'aller la voir, n'avait pas insisté. Mais même s'il n'osait pas s'y rendre dans la journée, ses rêves l'emportaient le soir venu. Il passait ainsi souvent la nuit au milieu de cadavres, rangés dans leurs tiroirs, à s'acharner sur une porte de sortie qui ne s'ouvrait pas, évidemment. Dans l'un de ces tiroirs tout autour de lui, se trouvait le corps mutilé d'Ambre, et il semblait condamné à passer le restant de ses jours dans ce macabre réduit. À son réveil, trempé de sueur, il était presque heureux de se retrouver dans sa chambre, où il serrait dans ses bras le petit chien endormi.»

Un chien d'enfer (Maxime Herbaut)


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