George Orwell, pseudonyme d’Eric Arthur Blair, né en 1903 au Bengale et mort en 1950 à Londres, est un écrivain, essayiste et journaliste britannique. Politiquement engagé, il prend part à la guerre civile espagnole en 1936 dans les rangs des milices trotskistes mais l’attitude des communistes espagnols finit par ébranler ses convictions politiques d’homme de gauche. Ecrivain, il est célèbre pour ses romans, La Ferme des animaux (1945) et surtout 1984 (1949).
Sommes-nous ce que nous lisons ? vient de paraître dans une collection de poche, je dirais même de poche de chemise, tant le livre est petit et fin. L’ouvrage reprend quatre articles écrits pour la presse entre 1936 et 1946. Si je mets de côté le titre du livre qui ne me semble pas répondre exactement à son contenu, ce fascicule est génial à mes yeux car il dit tout haut, beaucoup de mes propres convictions concernant les livres et leurs critiques.
Souvenirs de librairie, comme son titre l’indique, permet à Orwell d’évoquer l’époque où il travaillait dans une bouquinerie et ses commentaires sur les clients, en particulier « le contingent de toqués » qui la fréquentait sont extrêmement drôles. Commentaires qui peuvent néanmoins parfois s’avérer erronés « Les grandes entreprises ne pourront jamais anéantir les petites librairies indépendantes comme elles l’ont fait des épiciers et des laitiers. » Ecrivain rime avec devin mais n’est pas synonyme !
Confessions d’un critique littéraire, où l’on prend conscience de la dureté du métier et des compromissions inévitables pour survivre, « un métier qui suppose, non seulement d’encenser des bouses (…) mais aussi d’inventer en permanence des réactions à des livres qui n’en provoquent pas l’ombre d’une. » Et celle-ci « La grande majorité des chroniques ne donnent des livres qu’un aperçu insuffisant ou trompeur. » Enfin, pour la bonne bouche une prémonition bien vue celle-là, Orwell « invente » les blogueurs : « La critique, notamment celle des romans, pourrait échoir à des amateurs ». En quatre pages le mec plie l’affaire ! Génial, j’ai dit.
Les bons mauvais livres, expression de Chesterton, est développée ici par Orwell à partir d’exemples précis comme La Case de l’oncle Tom ou la série des Sherlock Holmes.
Des livres ou des cigarettes, traite du coût de la lecture qu’on dit onéreux mais qu’Orwell dément par un calcul mathématique de ses dépenses.
Un bouquin minuscule, une lecture impérative. Point.