Requiem des ombres (David Ruiz Martin)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : David Ruiz Martin

Éditions : Taurnada

Paru le : 12 Mai 2022

380 pages

Thème : Thriller

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon


J'ai adoré !

 Résumé 

  « Hanté depuis l'enfance par la disparition de son frère, Donovan Lorrence, auteur à succès, revient sur les lieux du drame pour trouver des réponses et apaiser son âme.
Aidé par une femme aux dons étranges, il tentera de ressusciter ses souvenirs.
Mais déterrer le passé présente bien des dangers, car certaines blessures devraient parfois rester closes…
… au risque de vous entraîner dans l'abîme, là où le remords et la honte règnent en maîtres.
Où le destin semble se jouer de vous.
Et cette question, qui bousculera sa quête de vérité : peut-on aller à l'encontre de ce qui est déjà écrit ?
»      

 Ma chronique 

Je remercie Joël ainsi que la maison d'édition Taurnada pour l'envoi de ce livre.

J'avais déjà eu l'occasion de découvrir cet auteur par la même maison d'éditions "Seule la haine" qui avait été une très bonne lecture également. Requiem des ombres, c'est l'histoire un homme de 56 ans qui n'a jamais ou oublier son frère Virgile, disparu alors  qu'ils avaient 14 et 12 ans. Tous deux étaient des adolescents fuyant la maison, évitant les coups du père. Un soir où la brume était de plus en plus imposante, ils sortent en douce, pour respirer et c'est là que Donovan perd son frère. Donovan est retrouvé très vite, puis emmené à l'hôpital pour le soigner, les coups qu'il a pris ne l'aide pas à se souvenir de ce qui s'est produit. Pourtant il sent que quelque chose est là, sous-jacent sans vraiment savoir. Plus de 40 ans après, Donovan revient sur les pas de ce crime qui n'a jamais été clos pour lui. Virgile est introuvable depuis tout ce temps et cela hante son grand frère. Donovan a fuit ses parents qui n'en portent que le nom à ses 18 ans. Depuis il n'est plus que l'ombre de lui-même, cherchant à savoir ce qui pourrait être caché dans sa mémoire. Son retour n'est pas bien vu par quiconque, les gens ont oublié pour la plupart ce drame, d'autres ne le savent pas car trop jeunes et les derniers ne veulent pas qu'il remue cette masse noire et sombre qui risque d'éclabousser tout le monde. Alors quand Donovan apprend que le dossier de son frère a mystérieusement disparu, il sait qu'il ne peut faire confiance à personne !

  C'est une histoire triste, larmoyante et en même temps qu'est-ce que j'ai eu envie de le secouer cet homme ! Oui il est vivant et son frère... nous ne le savons pas, mis le ressentons et oui c'est une vie où les cauchemars ne cessent de venir chaque nuit, avec cette phobie de la brume et plonger dans l'alcool n'était pas LA solution. Alcoolique avec ce besoin de deux ou trois verres pour démarrer le matin, il n'est qu'une ombre dans cette vie. Être reconnu pour ses écrits ? S'il pouvait se camoufler comme Stephen King il le ferait, ériger des murs autour de lui et disparaitre pour n'être que des mots sur du papier. Des mots cachant ses propres maux à tel point que depuis un an, depuis la mort de son père il n'écrit plus. Il est capable de garder secret son état autant qu'il le peut, mais les journalistes sont à l'affût du moindre détail. Ce retour n'est pas pour ce père qui les battait, ni pour cette mère qui faisait ce qu'elle pouvait, c'est pour son frère. Pas le temps de se ressourcer, il ne veut pas être vu, mais il est forcément reconnu. Être dans cette petite ville qui l'a connu petit n'est pas de tout repos. Les rancunes sont tenaces, la haine est profonde et Donovan n'a pas peur de mourir. C'est ce qui l'amène à faire des choix pouvant le mettre sur le sentier de la mort. Ce même sentier qui a vu le corps de son frère disparaitre sans pour autant le rejeter depuis tout ce temps.
    Donovan sent les ombres l'entourer avec méfiance, avec colère et haine, tout ce qui fait de lui un homme meurtri. Les souvenirs affluent, ceux avec les rencontre de ceux et celles qui ont été présents pour lui, pour le soigner, pour prendre soin de lui. Aaron est ce qui peut s'apparenter à un meilleur ami, journaliste avec les mains qui tremblent, il reste à ses côtés afin de trouver des pistes. Il sait que Donovan n'est pas là pour la maison de ses parents, qui va finir en cendres, mais il est là pour trouver les assassins de son frère, car après plus de 40 ans, il ne peut en être autrement. Les retrouvailles entre eux sont comme s'ils s'étaient quittés la veille, c'est sans faux-semblants qu'ils se parlent. Et puis il y a Carl, William, Maddy... Ah Maddy, cette vieille femme qui a 20 ans de plus, infirmière au moment des faits et qui a choyé Donovan. Maddy l’infirmière qui aurait pu être une mère de substitution et dont le fils a vu des étoiles par le biais de son père également. Cette vieille femme qui ne l'a pas oublié et pour cause, cette dame qui a été un coup de cœur pour cet adolescent en manque d'affection. Elle lui a apporté tellement durant ces moments de détresse... Les gens de cette petite ville sont étranges tout de même, des maris peu aimants qui aiment frapper à tout-va pour se défouler ?  Et Gabriel le restaurateur et Iris. Ce brin de femme qui a un don, ou plutôt une malédiction en elle. Ce petit côté surnaturel nous laisse avec un petit gout en bouche. Que l'on y croit ou pas, il peut y avoir bon nombre "d'idées". Iris pourrait très bien être une usurpatrice, fouillant dans les poubelles des gens pour mieux les connaitre et ainsi les emmener dans son escroquerie, à moins tout simplement qu'elle ne subisse ce qu'elle vit et par conséquent elle est perpétuellement en danger.     L'enquête menée par Donovan ne se fait pas sans mal. Entre les coups, l'alcool, les mensonges, les demi-vérités, les trahisons, il est facile de comprendre que cet homme qui se sent bien plus vieux qu'il ne l'est se retrouve dans un véritable panier de crabe. Les gens savent, ô pas tous non, mais certains sont complices sans le vouloir. Qui pourrait être derrière cette horreur ? Les suppositions vont loin, enfin surtout dans mon cerveau. Le père aurait pu faire cela pour en dégager au moins un ? Un voisin ? Un jaloux des coups ? Un flic ? Un haut placé ? Une erreur ? Un besoin de faire mal ? Tout y passe et lorsque la réalité frappe c'est encore pire que tout. Le stress est permanent, nous comprenons ce besoin de vengeance, celui de savoir, car comme toute personne savoir est un moyen d'apaiser un minimum sa conscience. Les tourments de Donovan ne le laisse jamais en paix et ce qui se passe avec Iris reste énigmatique. Je suis d'accord avec Marie sur le plus vite ! Le personnage d'Iris est celui que je préfère. Elle a ce don de la gentillesse, de la patience et de la façon dont elle fuit le monde qui la rend mystérieuse, sans compter sa manière de s'habiller. C'est une jeune femme qui a malheureusement eut son lot de malheur et cela ne risque pas de s'arrêter. Et puis, il y a la brume, un élément clé du livre. La BRUME... vapeur d'eau, de gaz, peu importe, elle est présente dans les événements importants : les plus cruels, les plus violents, comme si c'était de sa faute si tout se passe ainsi. Et d'ailleurs c'est ce qui est présent dans les pensées de chacun des habitants : la brume rend fou tout le monde et apporte de bien belles menaces et des mises en scènes particulières.     Donovan est prêt à tout, même à croire n'importe qui du moment qu'il avance, qu'il a des résultats. C'est parfois long, le déroulement a été un peu trop lent par moment, mais cela ne gâche rien la lecture. C'est un roman sombre où seules la vengeance et la haine sont vraiment mises en avant durant une bonne partie du récit. Nous n’avons que le point de vue de Donovan et il est sacrément dans la douleur, perdu dans une rancœur qui l'étouffe. Le destin n'a pas été aimable avec lui, alors pourquoi ferait-il l'effort pour des gens qui se taisent ? Cette voie toute tracée, connaître la fin, imaginez cette épée de Damoclès ou cette roulette russe qui se tient prête à en finir avec vous sans le savoir ? La mort est partout, autour de lui. Elle s'est approchée trop près de lui étant adolescent qu'elle ne le quitte plus. Dans ses tentatives d'oublier les souvenirs avec l'alcool, dans ses moments de doutes pour retrouver ses fameux souvenirs. Son retour ne fait que l'approcher encore plus près de cette mort qui fait partie de notre vie, qu'on le veuille ou pas. C'est la fin inéluctable d'une vie et c'est le but ultime d'un fragment de souffle. Iris est celle qui s'en approche le plus de ces morts sans en être responsable. Elle en a tellement vu et soulagé aussi qu'elle est présente, jusqu'à ce que le besoin de ne plus la voir se fasse ressentir.     En conclusion, c'est une plongée douloureuse dans les souvenirs d'un drame qui n'a jamais été élucidé par la police. Il a fallu que Donovan revienne pour remuer cette masse noire afin de trouver les liens, les indices autres que les billes et une chaussure. La haine est profonde, la vengeance est un plat qui se mange très froid et même un plongeon dans l'eau ne réchauffe pas les cœurs. Les rebondissements nous entrainent dans la noirceur de l'être humain ou plutôt de ce qui peut en rester, car qui serait capable de camoufler un tel secret ? Une fin qui laisse un petit gout amer en bouche sans pour autant que cela soit un mal. "Le destin aime se jouer de nous" Ce ne sont pas mes mots, mais ce sont les leurs et il se moque bien d'eux.  

 Extrait choisi :  

« L'angoisse se profilait et je n'arrivais pas à la contrer. Je me retrouvais bien démuni face à ce qui m'attendait. Je considérai une nouvelle fois l’objet létal, puis la bouteille vie au pied du lit : du vin bas de gamme. D'un côté la bouteille et de l'autre, le flingue. Le flingue et la bouteille. Qu'importe mon choix, les deux me mèneraient tôt ou tard à une fin identique. L'alcool prendrait seulement plus de temps. Il était clair qu'aucune autre route ne m'avait jamais été proposée. Tout m'avait conduit à ce moment. Dans ce meublé. Avec ce flingue et ce mauvais vin. Chacun de mes choix, depuis l'enfance, convergeait vers cette bouteille. Et par l'intermédiaire de ma mauvaise étoile, le flingue avait rappliqué. Je me trouvais au bord du précipice. Mais je sauterais, quitte à me briser les os, me retrouver désarticulé, en sang et en larmes, sans personne pour me remonter.
Oui, je sauterais. Et je traînerais moi-même les coupables jusque dans leur tombe.
Les yeux cos, je me perdis dans les souvenirs de la nuit précédente.
Les fenêtres côté château sauvent parfois les chats errants... laissez-en donc une entrouverte... on ne sait jamais...
»