Ariane Le Fort écrit peu. Huit romans en plus de trente ans (lire ici) pour la romancière belge si on compte celui qui vient de paraître, l'excellent "Quand les gens dorment" (ONLIT éditions, 185 pages). Huit romans et une longue nouvelle en réalité, "La madone des plaines de jeux" (Le grand Miroir, 2003, 57 pages). Huit romans qui questionnent le sentiment amoureux, l'amour ou une forme d'amour, qui s'ancrent régulièrement en Belgique.
Ariane Le Fort étudie tout ça à sa manière, en décortiquant les situations successives de sa belle plume. La force et l'attrait de ses romans sont justement cette précision de l'analyse, ces mots inattendus pour faire avancer l'intrigue. On va au cinéma avec ses deux protagonistes, on mange avec eux, on boit, on se promène la nuit à Bruxelles car c'est là que le roman se déroule, ainsi qu'à La Hulpe. On va subir avec eux le covid et le premier confinement. On verra comment les tensions et les fuites nées de cet enfermement interviendront sur leurs chagrins, leurs joies et leur capacité à être heureux. On comprendra à la toute fin le choix du titre qui, malgré l'apparence, pourrait bien être un tremplin pour une nouvelle vie.
Il ne faut jamais résumer les livres d'Ariane Le Fort, il faut les lire, se laisser porter par eux, vivre, aimer, trembler, être en colère avec ses personnages qui crèvent le papier. Laisser infuser ses phrases justes qui triturent notre moteur à tous, le sentiment amoureux, qu'on y résiste ou qu'on s'y abandonne. Les livres d'Ariane Le Fort, c'est toujours un peu nous, car c'est elle qui s'y dit en filigrane.