Insupportable, égoïste, séducteur, enfant gâté qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez... On m'a accolé tellement d'adjectifs depuis quelque temps. Oh ! Ne le niez pas, je lis les journaux et la presse people moi aussi, je sais très bien ce que le public pense de moi.
Que diriez-vous cette fois de... anéanti ou inconsolable ? Perdu. Seul. Après la mort de mon précieux June et les révélations sur les exactions passées de mes parents, il n'a en effet pas fallu longtemps pour que mon univers vole en éclats et j'essaye aujourd'hui de fuir celles et ceux qui ont été les fondements de ma vie, tout en apprenant à maîtriser mes nouvelles capacités méta.
Mais rassurez-vous, il y a des choses qui ne changent pas et je sais toujours quand prendre les mauvaises décisions ou décider de suivre le mauvais garçon et être aveugle aux dangers qui montent et me cernent de toute part.
Mis à part la chaleur, l'atmosphère poussiéreuse et aride des lieux, cela devait être une banale mission de repérage à la frontière mexicaine. Puis j'ai subitement décidé de venir en aide à un inconnu. Je n'ai pas agi uniquement par pur altruisme ! Je cherchais surtout un moyen de fuir la Compagnie. Est-ce que je pensais que cela serait simple d'échapper à une multinationale toute puissante ? Peut-être pas. Mais est-ce que j'imaginais me retrouver perdu au fin fond du désert, sans ressource, encerclé d'ennemis et sans personne sur qui compter ? Certainement pas.
Croyez-moi sur parole quand je vous dis que la charité et les décisions impulsives ne me réussissent pas vraiment. "
J'avais aimé le premier tome de cette série et lorsque ce second est paru, autant suivre les aventures. J'espérais quelque chose de moins sexuel et c'est le cas. J'en suis heureuse et suivre les traces de cet homme qui ressemble à un petit garçon par moment fait sourire. Après la fin du premier tome et le bonheur qu'il semblait avoir touché du doigt retrouver Muthésius dans cet état est particulier. Comme s'il manquait quelques pièces d'un puzzle géant. Ces fameuses pièces nous parviennent avec ce qu'il ressent et le fait qu'il a besoin de s'enivrer une fois de plus. Avec son homme tout est terminé, deux alphas en couple c'était du jamais vu et cela n'a pas duré longtemps. Bien que sa part animale lui dicte sa conduite, sa part humaine se sent désespérément seule. La frontière du Mexique est tentante et il se retrouve tel un touriste égaré dans les rues à se battre contre trois hommes. Une aide providentielle, une oreillette toujours en état de fonctionnement et le voila dans les ennuis, encore plus qu'auparavant.
Muthésius n'a pas encore murit comme il faudrait. Il se lance toujours dans des coups fourrés, prêt à aider quiconque pourrait avoir besoin de lui, sans dévoiler son identité. Et c'est là que tout se complique. Depuis qu'il a appris des choses, il a envie de tout envoyer balader et d'aider les méta à survivre. Le début du livre démarre sur une scène qui donne le frisson nous aidant à comprendre ce qui a pu se produire il y a très longtemps. Muthésius enfant a assisté à un combat qui et en scène des personnes qu'i connait très bien. Enfin pensait connaitre, car le temps a passé et il doit se rendre compte qu'on lui a menti durant toute sa vie. Il la prend en main, un peu dans le désordre et se retrouve en mauvaise posture. Une fois de plus. Les choix de Muthésius sont guidés par sa méfiance et toutes les trahisons qu'il a déjà subi. Dans ce tome qui est bien plus court que le précédent, nous le suivons aux côtés de Hiéronymus, un tradi, un humain donc qui veut se venger de créatures qui auraient tué toutes sa famille. Bien que des points semblent incertains pour le lecteur, notre méta ne voit rien, obnubilé par par le fait d'être célibataire depuis plusieurs mois. Ses sentiments sont plongés dans le noir, ce qu'il ressent n'intéresse personne alors lorsqu'il tombe sur Hiéronymus qui tente de lui voler sa voiture pour une cause perdue d'avance, il va faire ce qu'il peut pour apporter son aide.
Une aide qui n'est pas sans défaut. Courses poursuites, enlèvements, nos deux hommes sont poursuivis, alors que Hiéronymus les pourchasse. qui en veut dans ce cas à ce jeune homme qui semble avoir tout perdu ? Plus le récit avance et plus ce nouveau se dévoile. Il n'a plus rien à perdre et c'est pourquoi il est dans cette histoire. Il est là tel un pion, tel tous les autres personnages qui sont amenés à des points précis. Les combats ne sont plus qu'internes pour Muthésius, il vient de l'extérieur et la hargne avec laquelle les personnes derrière tout cela sont prêtes à tout pour le protéger. Un passage important nous entraîne dans le passé et pas le plus proche. L'auteur nous parle des évolutions des espèces par le biais d'une jeune Ada qui aime ce qu'elle fait, ce qu'elle recherche et surtout qui croit en cette évolution qu'elle décrit. C'est un personnage vivant qui donne envie d'en savoir plus, tout comme Muthésius lorsqu'il se dévoile devant les autres. L'horreur, la déception, la hantise de ne pas savoir le véritable pourquoi de tout ce qu'il a vécu et découvert sur sa famille. Bien qu'il se présente comme le beau gosse de service qui en vit que pour lui, dans ce second tome il démontre qu'i n'en a rien à faire de son nom de famille. Il ne veut pas être comme eux et même s'il est surveillé (il aurait un GPS caché sous sa peau pour être retrouvé si facilement ?) il n'en fait qu'à sa tête. Ce tome tourne essentiellement autour de lui, laissant ses sentiments prendre le pas. Il parle ou pense souvent aux autres, à June bien entendu, mais aussi Rufus, sa mère, son père, ses souvenirs.
Les jumeaux Harrington qui, même si nous ne les voyons qu'un tout petit peu sur le final, apportent leur soutien à Muthésius qui va se donner tout entier aux autres. Elder et Jarec sont complémentaires et aident notre méta pour tout et rien. Des amis fidèles et même plus que cela. Je regrette quelques points sans gravité, mais plus de descriptions entre le moment où il s'évanouit dans le désert et se retrouve dans un lit aurait été pas mal. Beaucoup de non-dits dans le texte qui laisse place à l'imagination du lecteur. C'est dommage surtout quand il y a autant de matières avec les personnages. Rufus qui est en retrait par rapport au premier tome et ne laisse aucune émotion le traverser. C'est vraiment du détail, car ce récit est plus imposant de part les révélations qui ne cessent de venir. Nous pouvons comprendre le fait que Muthésius se sente perdu, surtout lorsqu'il se retrouve en pleine ligne de mire de plusieurs fusils. La particularité de cet homme ? Il n'en a pas qu'une et si aux premiers abords il parait exécrable et imbu de lui-même, il n'en est rien. Son cerveau fonctionne à plein régime même en plein désert et si des subtilités se camouflent, c'est pour mieux lui revenir en pleine face.
Un personnage secret fait son apparition sans pour autant se montrer. Serait-ce celui qui tire la plupart des ficelles ? Seul son pseudo est laissé dans l'oreille de certains protagonistes et la fin le laisse parler. Il va devenir quelqu'un d'important dans le prochain tome, c'est plus que certain. Ce qu'il veut ? Ce qu'il désire ? Pourquoi maintenant ? Ces questions et ce final nous laisse avec l'envie d'avoir le troisième tome sous la main. Sans compter que le dernier événement effectué par Muthésius va changer la vision du monde, tout entier. C'est à la fois impressionnant et culotté de ce qu'il a fait. Il ne sait pas ce que cela va donner, mais il a eu raison sur un point : ne plus se laisser faire par la Compagnie.
En conclusion, Muthésius va avoir fort à faire avec cette nouvelle aventure qui ne le laisse pas se reposer. Ses choix et les belles gueules le font tourner en dérision, pourtant il apprend tellement de choses sur une hypothétique évolution et tout ce qui l'entoure que nous ne pouvons que le réconforter. Il est moins frivole, plus conscient de ce que sa famille a pu accomplir. Le dégout n'est rien comparé à la colère froide qui le traverse surtout dans les cas de mise à mort abusive. J'ai hâte de découvrir la suite !
" Hiéronymus pousse un soupir, ses yeux mi-clos baissés sur moi et d'un geste lent, il s'essuie le front. Malgré quelques courants d'air frais, l'efficacité de sa climatisation de fortune laisse à désirer et mon compagnon d'infortune, que je dévore du regard de façon éhontée, ne risque pas de faire baisser la température. Je me demande bien à quoi il joue, après ses protestations effarouchées de la veille, alors qu'il s'étire langoureusement pour enlever son débardeur. Avant de me tourner le dos et de s'éloigner, il prend le temps de s'assurer que je ne perds pas une miette du spectacle. Les arabesques noires et hypnotiques qui s'entrelacent sur son biceps rond et remontent comme des serpents jusqu'à son cou, me captivent et même le son de sa voix a du mal à me tirer de mes rêveries.
- Je vais prendre une douche... "