La Parabole du semeur – Octavia E. BUTLER

La Parabole du semeur – Octavia E. BUTLER

La Parabole du semeur
Par Octavia E. BUTLER
Chez Au diable vauvert (collection : les poches du Diable)

Avertissements de contenu : Violence généralisée, cannibalisme, esclavage, violences sexuelles, racisme, validisme, catastrophes écologiques, financières & sociales.

En 2025 aux États-Unis, après l’effondrement du dollar, l’exclusion, la misère et la violence atteignent des proportions inégalées. Les propriétaires sont barricadés et armés contre les pillards, les crève-la-faim, les pyromanes ou les bandes furieuses de drogués. Dans ce monde détruit, quelques groupes tentent de s’organiser pour survivre. C’est au sein de l’une de ces communautés que vit Lauren, quinze ans, noire, fille du premier mariage d’un pasteur noir et d’une junkie, dotée d’une faiblesse génétique, une hyper-empathie qui lui fait ressentir physiquement la douleur ou le plaisir d’autrui.
Jetée sur les routes dans un exode de cauchemar, la jeune fille trace son chemin à travers le chaos, semant une parole d’espoir pour une nouvelle humanité auprès des déshérités.


La Parabole du semeur est une claque aller-retour proposée par la talentueuse Octavia B. Butler. Elle nous propulse en 2025, où l’économie américaine est effondrée, victime des catastrophes naturelles et sociales. Ecrit dans les années quatre-vingt-dix, Butler nous offre une vision pessimiste de l’effondrement du monde moderne. Une lecture claque, comme je le disais.

 Nous suivons donc Lauren, fille de pasteur dans une communauté emmurée, communauté qui reste humaine, arrivant à se nourrir, à s’hydrater et à s’instruire alors que le monde de dehors est en feu. C’est pas parce que tout fou le camp que les inégalités sont effacées. Au contraire : les riches sont ultra riches, les pauvres sont ultra pauvres, les femmes se font agresser et engrosser, les personnes non-blanches se font esclavagiser… Bref, tous les problèmes de la sociétés actuelle sont décuplés. Sans oublier la Terre qui se rebelle, le manque d’eau, des nouvelles drogues encore plus destructrices… Lauren est donc au milieu de tout ça, pas riche mais pas entièrement pauvre, noire, avec des idées pleins la tête. Dieu, oui, mais comment ? Nous l’accompagnons alors son périple, sa survie et sa élévation dans sa spiritualité : la Semence de la Terre.

La plume d’Octavia E. Butler est pour ainsi dire extrêmement intéressante. Elle nous plonge donc dans le journal de Lauren où elle narre ses pensées les plus intimes mais surtout ses doutes et ses craintes quant à la société d’aujourd’hui et à la religion que son père pasteur prêche. Lauren est une jeune fille très intelligente, sensible mais surtout très réalise dans ce monde où l’erreur n’est plus permise. Elle nous raconte des horreurs avec une sensibilité presque délicate, réussissant à mettre un voile de pudeur sur la réalité autour d’elle sans pour autant la minimiser. C’est un très beau pari, très bien réussi.
La vision du futur de Butler est très pessimiste mais elle tient terriblement la route. Les économies se sont effondrées, il y a des tremblements de terre terrible, une chaleur harassante… Son univers se situe en 2025, elle y prêche le pire de l’espèce humaine. Mais dans les heures les plus sombres, tout n’est pas obscur : Lauren est là, pleine d’espoir.

Ouais, une claque. Je n’aurai pas d’autres mots pour décrire succinctement La Parabole du semeur. C’est un roman coup de poing, bien ancré dans la réalité malgré qu’il soit sorti dans les années quatre-vingt-dix. Je le recommande chaudement !