Imaginez les choristes mais sans la partie ‘musique’ et les surveillants sympas…
Touchant et immersif!
╰☆ Résumé ☆╮
Qui prête attention à Joe ? Ses doigts agiles courent sur le clavier des pianos publics dans les gares. Il joue divinement Beethoven. Les voyageurs passent. Lui reste. Il attend quelqu’un, qui descendra d’un train, un jour peut-être. C’est une longue histoire. Elle a commencé il y a cinquante ans dans un orphelinat lugubre. On y croise des diables et des saints. Et une rose.
✿ Mon avis ✿
Second roman de cette maison d’édition que je lis après Mon mari. J’avais précisé dans ma chronique précédente que le format du livre en tant qu’objet était très agréable et je confirme mon avis après cette nouvelle lecture. Le papier et la taille du livre donnent une belle prise en main au lecteur.
Et sinon, ça parle de quoi ce livre ? De diables. Et de saints. Haha, je vous ai bien eu (#humourdemerde) ! Nous débutons ce récit avec un homme âgé, pianiste de talent, qui passe son temps dans les endroits publics style gares, aéroports… occupant les pianos mis à disposition simplement pour le plaisir de jouer… et aussi car il attend quelque chose/quelqu’un (je ne voudrais pas vous spoiler !).
Les gens observent, se retournent, campent à côté lui, se demandant ce qu’un homme qui joue comme ça fait dans des endroits publics à jouer sans rémunération. Car Joe – Joseph – est un phénomène. Quelqu’un qui ne joue pas juste ‘bien’. Il pourrait remplir des salles de spectacles grâce à son talent. Mais il refuse. Toujours.
Après cette introduction qui donne le ton sur l’homme qu’il est devenu, nous repartons en arrière pour suivre sa jeunesse et les quelques horreurs qu’il a vécu avant d’avoir dix-huit ans.
La fin de son adolescence lui laisse un goût amer en bouche lorsqu’il apprend que toute sa famille décède dans un accident d’avion. Mineur, on l’embarque aux Confins, un endroit qui porte bien son nom puisqu’il est presqu’au bout du monde. À la frontière de la France et de l’Espagne. Orphelinat est un mot qui fait triste et peur… on parlera plutôt de centre d’accueil pour jeunes. Là-bas, que des garçons de tous les âges. Des surveillants pas toujours sympas et des membres du clergé qui n’hésitent pas à leur mener la vie dure. Programme journalier au timing serré. Cours, tâches ménagères, prières, repas frugaux, et une troupe de garçons menée à la baguette. Ce n’est clairement pas un petit coin de paradis.
Un roman beau et dur, qui a une petite vibe style ‘choriste’ mais sans la partie chanson. Vous voyez un peu le style de vie que devra mener Joe pendant quelques années aux Confins. Et le piano dans tout ça ? Et bien, il est toujours présent dans l’histoire… mais je n’ai pas envie de vous en dire plus pour ne pas vous gâcher le plaisir.
Certaines scènes sont brutales et choquantes et on ne peut s’empêcher de ressentir de la peine pour les enfants du monde qui sont véritablement traités comme cela. Je suis certaine qu’il y en a.
Il y a de la poésie dans ces lignes. Cachée entre les pages et le discours de ce personnage si attachant. L’auteur nous plonge dans cette ambiance presqu’à huis clos puisque les barrières des Confins sont infranchissables pour ceux qui n’ont pas reçu l’autorisation d’en sortir. Quant à la tyrannie imposée par un certain personnage, membre de la famille de Dieu, on a juste envie de se révolter, de le dénoncer, de hurler quand il apparait. Malheureusement, on ne peut rien y faire…
Une très belle lecture, originale, puissante. Qui parle de fraternité, d’entraide, de solitude, d’enfance volée, de harcèlement un peu, et surtout de maltraitance et de violence, aussi bien morale que physique sur des enfants qui n’ont rien demandé à personne. Une immersion originale qui vaut le détour et qui se dévore (pour ma part en deux soirées, c’était terminé !).
CHRONIQUE #771 – Juin 2022
- Parution : 2021
- Editeur : L’iconoclaste
- Nombre de pages : 361 pages
- Genre : Littérature