Texas, au début du XXème siècle, circa 1910-1920. Gid et Johnny, jeunes cow-boys, sont amis et vivent sur le domaine familial. Inséparables bien que de caractère bien différent : le premier est très sérieux (« Je crois que j’ai un peu trop réfléchi aux choses »), respectueux des lois et des usages ; le second est plus spontané, rêvant d’aventures et d’espace comme un « vrai » cow-boy ; la fourmi et la cigale aurait dit un autre. Tous deux sont amoureux de Molly, une fille pleine de caractère (« Molly était délurée, mais aussi chaleureuse, et elle n’était pas sournoise »), laquelle loin de les repousser, au contraire, accepte leur amour en alternance. Gid voudrait l’épouser, Johnny pas particulièrement et Molly ne veut épouser personne, juste se partager entre eux, même si Gid est son préféré.
Le roman est découpé en trois partie. Chacune avec un narrateur différent, Gid, Molly, Johnny et chacune se déroule à une époque distante, le tout courant le temps de leurs vies, de la prime jeunesse à leur décès.
Un très beau roman, très touchant avec ses trois personnages adorables qui vont s’aimer comme au premier jour durant toute leur vie.
Travaux des champs et de la ferme, intempéries, bêtes qui s’échappent et bricolages divers pour les décors. Entourage familial difficile pour chacun, Gid vit seul avec son père, un homme droit et de bon sens qu’il cherche à inculquer à son fils ; Molly, vit avec son père, alcoolo et brutal. Le temps passe, à la grande stupeur de nos deux amis, Molly épouse un tocard local, sans pour autant repousser leur présence quand l’autre est souvent ailleurs ; les parents meurent, les enfants leurs survivent, ont eux-mêmes des gosses qui périssent à la guerre ; Gid se marie mais déchante vite et retrouve le repos dans les bras/draps de Molly ; Johnny fait le cow-boy dans un état voisin puis revient finalement bosser pour Gid qui s’est enrichi… etc…
Le rythme est tranquille, les anecdotes de la vie de tous les jours s’enchainent, Larry McMurtry sait raconter de bien belles histoires, camper des personnages savoureux, des situations cocasses, même le tragique n’est que mélancolique. Le titre du roman peut étonner mais son explication est donnée en tout début d’ouvrage et donne le ton de ce que vous lirez ensuite.
Superbe.
« J’étais épuisé, je me faisais du souci pour Papa, et c’était rudement agréable d’avoir quelqu’un d’aussi chaleureux que Molly pour me tenir compagnie de temps en temps. Mais peu importe ce que je disais ou la manière dont je tournais la chose, elle refusait toujours de m’épouser. – Je sais que tu voudrais que j’accepte, Gid. Mais ça serait peut-être une erreur. Peut-être que tu le regretterais. - Pas du tout, j’avais répondu. Je ne pourrais jamais le regretter. (…) – Alors c’est peut-être moi qui le regretterais, avait-elle conclu. Ce serait tout aussi moche. »
Traduit de l’américain par Christophe Cuq