Ma philosophie du voyage, ouvrage qui vient de paraître, est un recueil de 17 textes inédits ou introuvables, écrits entre 1937 et 1969. Ils se partagent entre deux groupes, ceux sous forme de récits de voyages en format court et ceux dans lesquels Ella Maillart nous donne sa définition du voyage, ses motivation, sa philosophie du périple.
Du premier groupe, évocation de ses aventures au Turkestan, au Népal ou au Tibet etc. Ce qu’il faut bien garder en tête c’est que ces voyages se déroulent à une époque où les moyens de transport n’étaient pas ceux d’aujourd’hui, les conditions du voyage non plus et qu’Ella Maillart est une femme (sic !) donc une réelle aventurière avec un « A » majuscule. La force des écrits de l’écrivaine tient dans son art pour nous décrire avec facilité ce qu’elle voit ou pense, le texte s’attardant tout autant sur l’histoire des pays traversés, les mœurs et coutumes, l’ethnologie, l’économie locale et la géopolitique d’une époque dont on a appris les soubresauts dans nos livres scolaires. Récits qui nous permettent de comparer l’hier et l’aujourd’hui comme avec son séjour en Afghanistan.
Le deuxième groupe de textes, peut-être le plus intéressant pour ceux qui ont déjà lu Maillart, nous livre ses réflexions sur l’explication qu’elle nous donne sur sa vocation de voyageuse, sa définition du voyageur (« Le vrai voyageur est celui que pousse à partir un besoin physique, esthétique, intellectuel tout autant que spirituel ») et ce qui pour elle est le vrai voyage : « chaque matin on charge ses chameaux, on selle son cheval ; et lentement, sans arrêt, pendant huit ou dix heures, on avance… »
Une femme animée d’une volonté farouche, « Dès le début, j’ai voulu vivre ma vie propre et, patiemment, contre vents et marées, j’ai affermi ce désir », ne reculant devant rien, jamais.