John O’Hara : La Fille sur le coffre à bagages

John O’Hara, Ernest Hemingway, Francis Scott FitzgeraldJohn O'Hara (1905-1970) est un écrivain et scénariste américain. Il est l'auteur de nombreux romans, d'une centaine de nouvelles et de scénarios de films tournés à Hollywood dans les années 1940. Ami d'Ernest Hemingway et de Francis Scott Fitzgerald, John O'Hara voit ses scénarios et romans bien accueillis par la critique au point qu'on le surnomma le « Balzac américain ». Mais sa vie tumultueuse avec de nombreuses femmes, ses excès de boisson et son passé peu glorieux le mirent au ban des grands écrivains américains. La Fille sur le coffre à bagages, une novella écrite en 1960, vient d’être rééditée.  

Trente ans plus tard, James Malloy se remémore une série d’évènements s’étant déroulés à New York en 1930. A cette époque c’est un jeune journaliste chargé de rédiger les rubriques nécrologiques de célébrités. Engagé en tant qu’attaché de presse par une société de production cinématographique, il va jouer l’escort boy, ou sigisbée, auprès de Charlotte Sears, star de cinéma sur le déclin. Rien ne va bien fort pour elle, son producteur cherche un motif pour rompre son contrat et la virer, quant à l’amour il est aux abonnés absents…

La situation malheureuse de la star pourrait rendre indifférent Malloy, par ailleurs bien plus jeune qu’elle, mais son fort caractère et sa lucidité vont la rendre plus que sympathique au jeune homme. Charlotte n’est pas sans charmes, loin de là, les hommes la remarquent et elle entretient une liaison aussi secrète que difficile avec un certain Thomas R. Hunterden, un puissant homme d’affaires pas très nettes aux multiples relations.

Novella, donc très longue nouvelle ou roman très court c’est comme vous voulez, O’Hara slalome entre psychologie des personnages et description sans fard d’une société de paillettes où rien n’est jamais acquis.

Charlotte et James vont flirter, passer la ligne jaune une fois ; Hunterden faire les gros yeux et compromettre l’avenir du jeunot ; d’autres tournent dans le coin, Charley Ellis l’ami de James, sa cousine Polly dont il est secrètement amoureux en vain depuis leur jeunesse… Les uns et les autres se font des confidences, on tait des regrets pour ne laisser apparaître que le meilleur de soi, la société du spectacle comme dirait un autre.

Et puis il y aura cet accident de voiture, la fin des haricots ou bien une autre vie, différente certes mais peut-être pas moins belle ? La fin du roman est très réussie et touchante.

Une écriture limpide, une intrigue très simple, mais un ton, une petite musique légère qui séduit.