Voici venir chez Delcourt le second tome des Sept secrets de Tom Taylor et Daniele Di Nicuolo. Première remarque importante, il est impensable de se jeter dans l'aventure sans avoir lu le premier. Si certaines séries peuvent être abordées en cours de route grâce à un petit résumé et un nouvel arc narratif qui explore d'autres pistes, ce n'est pas le cas ici. Le peu d'information qu'on vous donne est très confus et il s'agit de la suite directe des événements du dernier épisode du premier album. Bref, précipitez-vous sur le premier tome ou laissez tomber. Dans l'univers des Sept secrets précisément, il existe sept porteurs et sept gardiens, qui sont tous chargés de garder et de protéger un de ces secrets (enfermés dans des valisettes). Il suffit qu'il soit révélé pour que le monde s'en trouve à jamais bouleversé. C'est précisément ce qui vient de se passer. Le premier secret a été dévoilé au monde entier et même si le lecteur reste à l'écart de ce en quoi il consistait véritablement, il peut toutefois en constater les terribles effets, puisque c'est un pays tout entier qui a disparu de la carte : la Suisse. Nous retrouvons également Caspar, le jeune homme héros du premier volume, celui qui est destiné à devenir l'héritier de l'Ordre et probablement le plus important des gardiens, alors qu'il est obligé de fuir à travers le royaume de Féerie pour échapper à ses poursuivants. Il s'avère que ce monde fantastique où les règles de la physique et de la réalité ne sont pas les mêmes que dans le nôtre est en fait le berceau de son enfance, dont il a oublié jusqu'au souvenir. Des pages particulièrement belles pour peu qu'on aime le style manga, car en effet, jamais nous n'avions vu une aussi convaincante synthèse opérée entre le comic book traditionnel et la bande dessinée japonaise, dans une histoire mainstream. Di Nicuolo est en ce sens particulièrement intéressant.Si l'Ordre est chargé de veiller sur les sept secrets, son fonctionnement assez dogmatique, et sa tendance à ne pas accepter la remise en question d'une mission aux contours nébuleux, font qu'on n'écarte pas non plus l'hypothèse d'un vaste complot, et que les "méchants" que sont les Quêteurs ne le sont pas foncièrement autant que cela. Le conflit est en tous les cas ouvert et Amon, qui un peu ici l'antagoniste majeur de cette histoire, est une figure négative très nuancée, qui pourrait bien avoir raison sur pas mal de points. La trahison est aussi au menu, et pas des moindres, puisque vous constaterez que l'Ordre est infiltré depuis toujours, et que cela ne concerne pas que des personnages secondaires ou peu charismatiques. Bref, Tom Taylor brouille toujours autant les pistes, et nous maintient dans un état de vague permanent. Impossible de saisir où il veut en venir, ce que sont réellement ces secrets, qui a raison et qui veut juste manipuler l'autre. Peut-être bien d'ailleurs qu'il n'y a que des nuances de gris dans cette histoire, et certainement pas de dualité trop manichéenne. Comme déjà souligné, c'est Di Nicuolo qui donne à l'ensemble cette touche si moderne, qui fait que n'importe quel lecteur habituellement allergique au Marvel Style se sentira malgré tout très à l'aise. Ici c'est la manière d'insuffler dynamisme et énergie cinétique qui prime. Les visages, les scènes de combat étirées sur des doubles pages, la construction même du récit, lorgnent plus vers le manga shonen que le comic book américain. Et pourtant, ne vous y trompez pas, c'est du comics, du fun, du rafraichissant. Les Sept Secrets ne ressemblent à rien d'autre, et sont une de ces surprises un peu décalées qui créeront polémiques et division chez les fans, mais expérimentent avec suffisamment d'intelligence et d'audace pour être recommandés au plus grand nombre. Tome 1 : la critique ici
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