Auteur : Jean-Marc Dopffer
Éditions : Auto-édité
Paru le : 24 décembre 2016
41 pages
Thème : Nouvelle médiéval fantastique
disponible sur Amazon
Fait partie de la série
J'ai adoré !
Résumé
« De tous temps, les royaumes s’érigent puis s’écroulent sous l’oeil des Dieux et de la Mère, créatrice de toutes choses sur Barcil. Tissées afin de garantir l’harmonie du monde, les ficelles du destin de chaque mortel glissent dans ses mains. Ainsi l’Equilibre est perpétué, cohésion précaire entre les morts et les vivants, entre les puissances du monde et du cosmos.Retirée aux confins des royaumes jumeaux de Tigyl et de Derhil, la petite Orglin vit à l’écart de la civilisation. La demi-elfe ne connaît que sa forêt originelle et l’amour que lui porte ses parents, égalé seulement par l’azur sans fond de la voûte céleste.
Cependant les plans échafaudés par Yencil, le Dieu de la Guerre à l’ambition sans borne, n’oublient pas cette créature. Il l’a compris : dans ses veines coule la science du combat, héritée du passé sanglant de ses parents.
Alors les rouages du monde entrent en action ; la guerre fratricide ébranlant les couronnes royales déversera ses atrocités dans ce havre oublié. Les Danseuses du Ciel sont envoyées sur Barcil avec pour mission d’accomplir ses desseins.
Parviendront-elles à édifier Orglin comme l’une des leurs ?
Orglin se montrera-t-elle digne du destin que Yencil lui a réservé ? »
Ma chronique
Merci à l'auteur une fois de plus pour m'avoir envoyé cette nouvelle qui fait partie du cycle de Barcyl. J'ai bien entamé ce cycle dans le désordre et je peux vous assurer qu'elles peuvent être lues comme vous l'entendez. Orglin est la première nouvelle de ce cycle et ce que j'apprécie après chacune des lectures c'est que nous en apprenons toujours un peu plus sur Yencil, le Dieu de la guerre qui n'hésite pas à placer ses pions sur l'échiquier de la vie qu'il tient entre ses mains.Une nouvelle deux fois plus courte que la précédente lue (Ugo), mais que j'ai plus apprécié. Nous plongeons directement dans le feu de l'action, aux temps anciens où les Dieux faisaient encore leur loi. Orglin, une jeune femme est poursuivie par des hommes qui doivent la ramener suite à des visions. Elle serait celle qui arrêterait les guerres, ferait de ce monde une paix éternelle, une joie de vivre. Esdras est le missionnaire, celui qui doit récupérer en vie Orglin afin de la ramener au roi de Tigyl. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Ses parents viennent d'être tués devant elle par ses hommes sans foi ni loi. Pourquoi ? Pour quelle raison obscure le Dieu de la guerre laisserait faire cela, ou n'importe quel autre Dieu qui ramènerait ses fesses ici bas. Avant de connaître le destin de notre jeune femme, nous faisons un bond dans le temps, bien avant sa naissance, bien avant ce drame.
Un drame de perdre sa famille en un instant. Pour autant, avant même qu'elle ne soit conçue, nous suivons rapidement la manière dont ses parents se sont découverts. Les drames existaient déjà depuis des décennies et cela ne semblaient pas vouloir s'arrêter. Des guerres de pouvoir, de religion, de territoire, de différence... Tout était bon pour que deux royaumes envoient des hommes et des femmes sur le champ de bataille. Des morts par centaine, probablement plus d'ailleurs. C'est ainsi qu'ils se sont connus, sur un terrain étranger peuplé de cadavres et de sang. L'envie de disparaitre, de ne plus faire partie de ce monde les tenaillent si fortement qu'ils vont se faire oublier. Mais nul ne peut être véritablement oublié, la preuve lorsque les hommes du roi débarque et décident de récupérer Orglin, le fruit de cet amour quelque peu interdit. Les chapitres sur le passé avant son arrivée nous donnent le ton sur sa famille et leurs pensées. Les dieux, quant à eux ils ne cessent de s'amuser avec leurs êtres.
En parlant des Dieux, concentrons-nous sur Yencil, celui qui adore faire la guerre. Un Dieu qui pose ses pions et autres pièces maitresses sur son échiquier géant. Nu ne peut en sortir s'il ne le désire pas et si par malheur les "humains" ne comprennent pas la signification de ce qu'il envoie en visions, il arrive toujours à ses fins d'une manière ou d'une autre. C'est de cette manière que Orglin va vivre une aventure hors du commun. Elle qui n'avait utilisé d'épée ou encore pensée à autre chose que la paix avec ses parents, la voici qui va devenir autre. Sa vie ne lui appartient plus et c'est à se demander si elle lui a appartenu un jour. Qui sait si Yencil n'aurait pas mis ses petits avant sa naissance afin d'en faire ce qu'il désire ? Personne ne peut pénétrer dans l'esprit d'un tel Dieu qui montre beaucoup de patience et de ténacité.
On arrive à s'attacher à Orglin, avec son passé, ce qu'elle vit et son avenir. Même si un peu plus aurait été encore mieux, la nouvelle a un début, un milieu et une fin qui clôture son histoire et celle de Esdras. Orglin subit ce changement de vie, mais elle va apprendre avec les meilleures et surtout va suivre une destinée qui rendra fier Yencil, celui-là même qui va l'utiliser comme sa reine de l'échiquier. C'est un récit intense où le bras armé des Dieux va aider ceux qui veulent la paix. J'ai adoré la comparaison entre les Bainges et les étoiles dans le ciel, tel des anges protecteurs que nous pouvons parfois imaginer lorsque nous en avons besoin. Esdras est un guerrier valeureux, un "commandant" capable de déterminer le danger. Il ne s'amuse pas à tuer en premier et préfère parler afin de se donner une chance de combattre les idées en paroles et non en frappant. Nous pourrions le considérer comme un homme d'honneur. Seul petit manque avec le roi et ses deux royaumes. En conclusion, une nouvelle qui met en scène un personnage particulier qui ne s'attendait pas à vivre une vie autre que celle que ses parents avaient décidé. Point de paix, mais une main de fer et un guide pour ces hommes qui doivent se battre jusqu'à la mort. Une destinée hors du commun pour une jeune femme courageuse.
Extrait choisi :
« Talonnée et sans lucidité, Orglin effectua des circonvolutions dans l'obscurité naissante. Bosquet après bosquet, cours d'eau après cours d'eau, son sens de l'orientation vacilla.
Tout à coup une clairière apparut, clairsemée de torches jetant leur éclat sur les hautes broussailles. Au centre, les guerriers. Leurs traits coupés à la hache firent frissonner l'enfant.
La poitrine serrée, Orglin se figea.
Une brise fit onduler l'herbe, des feuilles roulèrent. La puanteur des hommes pervertissait la douce senteur des fougères.
Le sang de ses parents qui circulait dans ses veines, s'exprima. Une bouffée d'orgueil souleva sa poitrine.
Les yeux d'Orglin étincelèrent lorsqu'elle interposa sa lame entre elle et ses adversaires. L'acier damasquiné d'azurite jeta sur son visage des reflets d'un bleu cristallin.
Les pieds plantés dans le sol, elle fit face, préférant tomber l'épée à la main que périr traquée comme une bête. »