Marcello & co, Thomas Vinau, Gallimard, mars 2022, 236 pages
Un étudiant paumé, désinvolte, qui fume, boit, vend des frites, se met un jour à suivre un vieil homme, qui tombe d’un arbre tous les matins pour aller s’installer à la terrasse d’un café et s’enfiler plusieurs verres de rosé, qui distribue des petits papiers aux habitants du quartier, qui a des crevettes dans ses poches. Il le suit et découvre alors un autre monde.
Et voilà, Thomas Vinau a encore frappé, j’ai été sous le charme tout du long.
Le roman commence ainsi :
« J’allais sans aller nulle part. Je venais de prendre une bonne raclée. Le matin même, je pensais, ça y est, c’est la bonne, et deux heures plus tard je me retrouvais à tester un cocktail à base de larmes et de 8.6 tiède en errant sur le trottoir. J’ai toujours été un connard sensible. »
J’aime le ton de Thomas Vinau, j’aime ses mots qui mêlent adroitement familiarité et poésie, j’aime ses phrases courtes qui tapent en plein cœur, j’aime sa magie, sa folie…
De la poésie à l’état brut, c’est déglingué et superbe, c’est plein de petites touches d’humour (j’ai eu souvent un sourire au coin des lèvres) et de petites notes de désespoir, mais pas du noir, non, du coloré, du désespoir qui se mue en espoir.
Regardons, regardons autour de nous, ne fermons pas les yeux sur l’essentiel, observons les petites traces du quotidien dans le collimateur de l’œil exercé du poète.
« Je vois une énorme patte d’araignée avancer toute seule sur le livre. Pas de corps, ni de tête, juste une patte arrachée qui avance. Je m’approche éberlué. Une minuscule fourmi la porte. »
Suivons Marcello et essaimons nos petits papiers qui ouvrent la voie de la beauté, d’un certain regard sur le monde.
Suivons Marcello pour accéder à cet espace préservé dissimulé en plein cœur de la ville et rêvons !