Éditions de Fallois, 2015 (216 pages)
Ma note : 18/20Quatrième de couverture ...
Un petit Marseillais d'il y a un siècle : l'école primaire ; le cocon familial ; les premières vacances dans les collines à La Treille ; la première chasse avec son père...Lorsqu'il commence à rédiger ses Souvenirs d'enfance, au milieu des années cinquante, Marcel Pagnol est en train de s'éloigner du cinéma, et le théâtre ne lui sourit plus.
La Gloire de mon père, dès sa parution, en 1957, est salué comme marquant l'avènement d'un grand prosateur. Joseph, le père instituteur, Augustine, la timide maman, l'oncle Jules, la tante Rose, le petit frère Paul, deviennent immédiatement aussi populaires que Marius, César ou Panisse. Et la scène de la chasse à la bartavelle se transforme immédiatement en dictée d'école primaire...
Les souvenirs de Pagnol sont un peu ceux de tous les enfants du monde. Plus tard, paraît-il, Pagnol aurait voulu qu'ils deviennent un film. C'est Yves Robert qui, longtemps après la mort de l'écrivain, le réalisera.
La première phrase
" Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. "
Mon avis ...
Lus en 2019, Jean de Florette et Manon des sources restent pour moi de jolis souvenirs de lecture. Marcel Pagnol est un auteur classique que j'aime prendre le temps de découvrir en été. Pour écouter le chant des cigales ; me balader en Provence ; sentir le thym ; prendre le soleil. Mais aussi pour voyager au début du XXe siècle. Après L'eau des collines, je suis ravie de me plonger dans les Souvenirs d'enfance de Pagnol.
J'aime toujours autant la plume de Marcel Pagnol, à la fois simple mais si belle. La gloire de mon père prend une saveur toute particulière, puisque l'auteur nous raconte dans quelle famille il a pu grandir, et quel petit garçon il était. J'aime toute la nostalgie qui s'en dégage, car ces souvenirs évoquent une époque désormais révolue oui, mais sont finalement ceux de tous les enfants. Au fil des pages, quand Pagnol raconte ses jeux (ses bêtises aussi) je me revoyais petite quand, dans le jardin de mes grands-parents, je cherchais des fourmilières ou organisait des courses entre escargots !
À travers les mots, on sent que Marcel Pagnol a grandi dans une famille aimante. Et j'ai également adoré pouvoir tous les rencontrer. Autant Joseph, père instituteur très fier et un peu maladroit, que la timide Augustine très tendre et maternelle. J'ai aussi adoré Paul (âgé de trois ans), le petit frère de Marcel Pagnol. Tout comme j'imaginais assister à des repas avec l'oncle Jules et la tante Rose. Et puis il y a ces scènes inoubliables, chez le brocanteur ou encore lorsque toute la famille se rend (en tramway, puis en charrette) à la Bastide Neuve, maison de vacances des Pagnol.
Même si je ne suis pas du tout férue de chasse, j'ai apprécié être témoin de cette fameuse " gloire ", la chasse à la bartavelle, où l'enfant observe la réussite paternelle avec admiration.
Pagnol réussit avec brio à décrire cette part d'enfance, si belle et qui ne s'éteint jamais vraiment (disons qu'en la cherchant bien, elle reste simplement enfouie en nous). Lire La gloire de mon père (1957), c'est rencontrer une famille aimante du début du XXe siècle, c'est aussi voyager au cœur des couleurs et senteurs provençales, tout en retrouvant ses dix ans le temps de quelques pages.
Extraits ...
" J'avais surpris mon cher surhomme en flagrant délit d'humanité : je sentis que je l'en aimais davantage. Alors, je chantai la farandole, et je me mis à danser au soleil. "
" Nous allions dormir de bonne heure, épuisés par les jeux de la journée, et il fallait emporter le petit Paul, mou comme une poupée de chiffons : je le rattrapais de justesse au moment où il tombait de sa chaise, en serrant dans sa main crispée une pomme à demi rongée, ou la moitié d'une banane.
En me couchant, à demi conscient, je décidais chaque soir de me réveiller à l'aurore, afin de ne pas perdre une minute du miraculeux lendemain. Mais je n'ouvrais les yeux que vers sept heures, aussi furieux et grommelant que si j'avais manqué le train.
Alors, j'appelais Paul, qui commençait par grogner lamentablement, en se retournant vers le mur ; mais il ne résistait pas à l'ouverture de la fenêtre, soudain resplendissante, au claquement des volets de bois plein, tandis que le chant des cigales et le parfum de la garrigue emplissait d'un seul coup la chambre élargie. "